L’Université de Sherbrooke (UdeS) est en train de traverser les dernières étapes de la création d’un baccalauréat en sciences quantiques, une discipline qui utilise des propriétés de la matière à l’échelle atomique pour repousser les limites du calcul. La Presse a voulu connaître les grandes étapes du processus de création du programme.

Évaluer le besoin

La quantique est une expertise à l’UdeS qui se construit depuis une quarantaine d’années grâce à son département de physique, qui a recruté des chercheurs spécialisés dans le domaine.

« Au fil des ans, d’autres spécialistes de la quantique en informatique, en génie et en mathématiques sont arrivés », explique Christine Hudon, vice-rectrice aux études à l’UdeS.

Ce petit groupe de professeurs-chercheurs a vu l’intérêt de créer un programme de premier cycle dans ce domaine en pleine effervescence qui permettra de concevoir des applications dans plusieurs domaines, de l’analyse de données aux capteurs en passant par la cryptographie et les matériaux. Le gouvernement fédéral est d’ailleurs en train de préparer sa stratégie quantique nationale.

Il faut toujours s’assurer qu’un projet de programme est pertinent avec le contexte socioéconomique, et c’est évident avec la quantique. Sur le plan institutionnel, c’est aussi un créneau que nous voulons développer.

Christine Hudon, vice-rectrice aux études à l’Université de Sherbrooke

Avant de se lancer dans une telle aventure, l’université a aussi regardé la concurrence. « Une formation de premier cycle en français pour former des généralistes en sciences quantiques capables de développer des applications n’existe pas dans le monde, affirme-t-elle. La seule qui peut s’en rapprocher se donne en anglais en Finlande. »

Élaborer le programme

L’UdeS a ensuite travaillé avec des experts à l’interne et a consulté l’industrie pour s’assurer que les besoins de formation sont réels. Il fallait aussi bien en comprendre la nature.

« Comme les sciences quantiques forment un domaine particulièrement nouveau et en développement, il est ressorti de cela que les diplômés devaient être autonomes pour avoir la capacité de continuer à évoluer avec le domaine », affirme Mme Hudon.

Des étudiants, actuels et futurs, ont aussi été consultés pour voir quels types de contenus et de stratégies pédagogiques les stimulaient.

Le régime coopératif, avec trois stages obligatoires et un facultatif, a été choisi. « Ainsi, les diplômés auront de 12 à 16 mois d’expérience de travail ou de recherche », ajoute Mme Hudon.

Même si la discipline est en développement, les employeurs sont déjà bien présents au pays avec des entreprises comme Anyon Systems, 1QBit, Nord Quantique et les géants comme Google et IBM.

Faire évaluer le programme

Le projet de programme est ensuite évalué par différentes instances de l’université pour s’assurer de sa qualité sur le plan scientifique et pédagogique. Ensuite, cette qualité est évaluée par la Commission d’évaluation des projets de programmes du Bureau de coopération interuniversitaire. Elle produit un avis qui contient généralement des conditions et des suggestions, précise Mme Hudon.

Ensuite, le projet est déposé au ministère de l’Enseignement supérieur, qui analysera la pertinence du programme d’un point de vue socioéconomique et institutionnel. « Ultimement, la ministre décidera si elle finance ou non le programme », ajoute-t-elle.

L’Université de Sherbrooke espère que l’évaluation sera terminée à temps pour lancer le programme l’automne prochain. Elle vise à attirer une trentaine d’étudiants pour leur offrir une formation très pratique et un bon accompagnement pour qu’ils puissent bien s’intégrer sur le marché du travail.