Pega Medical fait partie des rares entreprises de la planète à se consacrer à l’orthopédie pédiatrique. Depuis 20 ans, cette PME de Laval conçoit de manière collaborative, fait fabriquer et distribue, dans plus de 72 pays, des vis, des clous télescopiques, des broches et autres plaques verrouillables visant à corriger, entre autres, les déformations chez les enfants en pleine croissance.

Pega Medical a vu le jour au milieu des années 1990 en marge d’un projet visant à rapprocher les secteurs médical et de l’aérospatiale. À la merci des cycles économiques, l’aérospatiale se cherchait alors de nouvelles avenues.

Les huit produits phares de la PME de 30 employés ont été développés avec le concours d’universités, de centres de recherche, de médecins et, bien sûr, de chirurgiens d’ici et d’ailleurs. Les projets sur lesquels elle travaille en ce moment suivent la même voie.

Par exemple, les médecins québécois Pierre Duval et François Fassier ont développé, en collaboration avec Pega Medical, le système télescopique IM Fassier-Duval. Cet outil médical permet de traiter les enfants atteints d’ostéogenèse imparfaite, une maladie génétique rendant les os fragiles. Le clou Fassier-Duval a non seulement amélioré le bien-être de milliers d’enfants, mais il a également permis à certains enfants prisonniers de leur fauteuil roulant de marcher de façon autonome.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Ariel Dujovne, cofondateur et PDG de Pega Medical

Nos produits ont permis de changer les techniques chirurgicales partout dans le monde. Avant, les enfants souffrant de problèmes orthopédiques se faisaient opérer tous les ans. Désormais, de l’âge de 1 à 14 ans, ils seront opérés seulement une ou deux fois grâce à certains de nos produits.

Ariel Dujovne, cofondateur et PDG de Pega Medical

Pega Medical a été cofondée par Ariel Dujovne, titulaire d’une maîtrise en biomécanique. L’entrepreneur est désormais actionnaire majoritaire. Trois membres de la direction se partagent les autres parts de la PME. Après avoir collaboré pour créer des implants dentaires en titane au milieu des années 1990, l’entreprise a choisi de se consacrer uniquement au bien-être des enfants à la fin de cette même décennie.

C’est en s’associant aux Shriners, dès 1997, que Pega Medical a pu travailler sur le clou Fassier-Duval. À ce jour, ce produit novateur a été écoulé à plus de 75 000 exemplaires aux quatre coins du monde. Selon le pays, son prix varie de 2500 $ à 5000 $.

Afin d’être présente dans 72 pays (et même davantage, car certains médecins en mission humanitaire dans les coins les plus reculés transportent parfois dans leurs bagages des produits de Pega Medical), la PME a dû mettre sur pied un important réseau d’agents et de distributeurs.

« Les parents sont très impliqués dans la recherche et le développement de solutions pour faire traiter leur enfant, explique Ariel Dujovne. On reçoit des lettres de partout dans le monde de parents qui ont entendu parler de nous. Ce sont nos meilleurs ambassadeurs. Ils facilitent notre entrée dans de nombreux pays. »

Vivement la reprise post-pandémie

Ces dernières années, la PME a connu une croissance annuelle avoisinant les 20 %. Depuis un an, la COVID-19 l’a amputée de 15 % de ses revenus, lesquels demeurent confidentiels. « Les opérations reportées sont maintenant effectuées, si bien que nous avons connu le meilleur mois d’avril de notre histoire. L’été et l’année 2021 s’annoncent très occupés », soutient l’entrepreneur.

Pega Medical a été sélectionnée pour prendre part au programme NGen, financé notamment par le gouvernement fédéral et visant à stimuler le virage numérique des entreprises. En collaboration avec des universités et des centres hospitaliers de Montréal, d’Halifax et de Winnipeg, l’entreprise québécoise met au point en ce moment des produits orthopédiques sur mesure.

Ariel Dujovne se montre très optimiste face à l’avenir. « On a un pipeline de plusieurs produits en développement, dit-il, et nous embauchons de nouveaux employés. La beauté de Montréal, c’est qu’il y a cinq universités qui génèrent des professionnels talentueux. On recrute donc beaucoup localement. »