La présence des conseillers-robots, qui peuvent nous recommander des investissements à la suite d’un questionnaire en ligne, met de la pression sur les conseillers en chair et en os pour qu’ils adoptent davantage de technologies numériques afin de se concentrer davantage sur la relation avec les clients. Si beaucoup de chemin a été fait avec la pandémie, il en reste encore à faire.

« Les outils numériques performants et sécuritaires sont largement utilisés par les planificateurs financiers, et tous y voient un grand avantage parce qu’ils permettent d’épargner beaucoup de temps, notamment à faire les calculs, mais nous nous demandons, comme toutes les professions, comment nous travaillerons avec l’intelligence artificielle », indique d’emblée Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut québécois de la planification financière (IQPF).

Plusieurs questions se présentent. « Comment les algorithmes ont-ils été construits ? demande entre autres Mme Lamoureux. Est-ce que ce sont les bonnes données qui sont utilisées pour pouvoir faire les bonnes projections ? Parce que peu importe la technologie qu’il choisit, le planificateur financier demeure responsable des conseils qu’il donne à ses clients. »

Faire alliance avec les robots

L’industrie des services financiers est d’ailleurs très réglementée au Canada et on ne peut pas demander à la technologie de tout faire. Par exemple, l’entreprise lavalloise Croesus a développé un logiciel de gestion de portefeuille utilisé dans plusieurs grandes institutions financières au pays.

« Notre logiciel aide les conseillers financiers à gérer le portefeuille de leurs clients en suggérant des actions sur le marché en fonction de la stratégie, mais pour respecter la réglementation, l’action sur le marché ne peut pas se faire sans intervention humaine », explique David Mastroberardino, directeur produit chez Croesus, dont le logiciel est utilisé par environ 15 000 conseillers financiers.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

David Mastroberardino, directeur produit chez Croesus

Il est toutefois d’avis que le rééquilibrage des portefeuilles sera de plus en plus automatisé dans l’avenir.

Beaucoup de travail se fait aussi en vue de permettre une interconnexion entre les différents logiciels utilisés par les conseillers financiers.

« Par exemple, certains logiciels permettent de remplir et de déposer les questionnaires obligatoires à remplir pour chaque client sur ses actifs et ses passifs, sur sa tolérance au risque et sur son horizon de placement, indique M. Mastroberardino. Puis, les conseillers continuent leur travail avec un logiciel comme le nôtre pour faire la gestion du portefeuille. Il faut que ces logiciels puissent fonctionner ensemble pour permettre une plus grande efficacité, moins de frais de gestion et plus de temps disponible pour donner des conseils aux clients. »

La valeur de l’humain

L’IQPF constate d’ailleurs que le développement technologique et l’arrivée des conseillers-robots poussent les planificateurs financiers à se concentrer davantage sur la qualité de leur relation avec les clients.

Le planificateur financier doit développer ses compétences en finance comportementale, donc sur tout ce qui touche à la psychologie. Il doit comprendre comment les clients se sentent. Certaines décisions à prendre sont très émotives et le planificateur financier doit aider son client à faire les meilleurs choix en fonction de ses objectifs.

Chantal Lamoureux, PDG de l’IQPF

Et plutôt que d’avoir peur des robots, elle croit qu’ils peuvent permettre d’accroître l’accès aux conseils financiers. « Le conseiller-robot peut être une première étape qui permet aux gens de réaliser qu’ils ont besoin de l’accompagnement d’un professionnel pour obtenir une planification financière complète », affirme Mme Lamoureux.

La planification financière inclut sept domaines d’expertise : les aspects légaux, l’assurance et la gestion des risques, les finances, la fiscalité, les placements, la retraite et la succession.

« À ma connaissance, ajoute-t-elle, il n’y a pas encore un robot capable de faire tout ça ! »