Deux entreprises québécoises, Junex et Gastem, sont prêtes à explorer différents gisements d'hydrocarbures.

Junex se tourne d'abord vers le pétrole. «Dans l'île d'Anticosti, nous commençons à forer dès le début de 2013, prévoit Dave Pépin, chef de la direction financière de l'entreprise. Et nous en sommes à l'étape du forage vertical à Galt 4, en Gaspésie, là aussi pour trouver du pétrole.»

«Nous n'investissons pas un sou dans le gaz», affirme Dave Pépin, qui reconnaît toutefois que la présence de gaz est «probable» quand on trouve du pétrole.

De son côté, Gastem commence à explorer du côté de Ristigouche Sud-Est, en Gaspésie, également à la recherche de pétrole. «Nous débutons à la fin de l'année ou au début de 2013, confirme Raymond Savoie, président de l'entreprise. Il s'agit de démontrer le potentiel en hydrocarbures. Nous pourrions tomber sur du gaz, comme cela arrive quelques fois, mais ce n'est pas notre but.»

La société s'intéresse aussi au gaz naturel. Dès l'automne, elle entreprend d'ailleurs un projet de forage dans l'État de New York, près de la petite ville de Sydney. «Nous estimons nos probabilités de découverte très élevées, affirme M. Savoie. Il s'agit des derniers stades exploratoires, et si nos espoirs sont fondés, nous pourrions commencer à exploiter ce puits dès le début de 2013.»

Précisons qu'il ne s'agit pas de gaz de schiste, mais d'une nappe d'exploitation conventionnelle. Et que le produit éventuel resterait dans l'État de New York.

Gaz de schiste

À l'Association pétrolière et gazière du Québec, on assure qu'il y a un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste. Le moratoire sera en vigueur tant que le Comité de l'évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste n'aura pas remis son rapport final. Il se donne jusqu'en novembre 2013 pour le faire.

Le mandat du comité est multiple: évaluer la pertinence économique de l'exploitation du gaz de schiste; esquisser un cadre technique et réglementaire pour en superviser les activités; et, surtout, évaluer les risques environnementaux de cette activité. Au bout du compte, il s'agira de déterminer s'il est pertinent ou non de développer cette industrie au Québec.

En août dernier, le comité a confié à des chercheurs de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) le mandat de réaliser une étude sur la présence de gaz à l'état naturel dans les eaux souterraines du Québec. Y a-t-il du gaz dans l'eau, plutôt que l'inverse? De quelle nature sont les gaz qui interagiraient avec la nappe phréatique? Et d'où proviennent-ils? Les chercheurs du département des sciences de la Terre et de l'atmosphère de l'UQAM sont déjà sur le coup.

On réalisera cette étude dans les basses terres du Saint-Laurent, plus précisément en Montérégie, dans le Centre-du-Québec et dans la MRC de Lotbinière. On fera des prélèvements dans les puits résidentiels, puis on analysera les échantillons.

Au final, on devra fournir au Comité d'évaluation environnementale une modélisation de la migration des gaz vers les eaux souterraines. Cet outil sera crucial pour déterminer l'effet du procédé de fractionnement, essentiel à l'exploitation du gaz de schiste, sur les eaux potables souterraines. On doit déposer le rapport final en août 2013.

Importation

Le comité devra donc déterminer s'il est possible de fractionner des schistes gazeux sans mettre en danger l'environnement et les êtres vivants. En attendant, on l'a vu, le «Klondike du gaz de schiste» est remis à plus tard.

«Ce n'est vraiment pas grave», estime Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal. «Il n'y a aucune urgence à exploiter du gaz au Québec. L'autonomie gazière du Québec ne passe pas nécessairement par le gaz de schiste. C'est que rien de démontre que ce type de gaz est moins cher que le conventionnel importé», estime M. Pineau, expert de la modélisation des marchés énergétiques.

Depuis presque 10 ans, l'exploration de nouveaux gisements de gaz naturel est pratiquement au point mort, de sorte que le Québec est entièrement dépendant de l'importation de cette ressource.

Stéphane Gosselin, directeur général de l'Association pétrolière et gazière du Québec, précise que Gaz Métro importe 100% du gaz qu'elle distribue à ses clients. Ce gaz provient de l'Alberta. Selon lui, la facture annuelle s'élève à 2 milliards de dollars.