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Il est souvent dit qu’il faut diversifier ses placements afin de minimiser les risques, mais selon Warren Buffett, il faut mettre tous ses œufs dans le même panier afin de maximiser les rendements. Quelle approche est la meilleure ? De plus, à combien d’actions peut-on dire qu’un portefeuille est diversifié ? – Daniel Raymond

Le débat entre la concentration et la diversification est l’un des plus vieux en finance. Certains, comme le milliardaire américain Mark Cuban, affirment que la diversification est « pour les idiots ». D’autres, dont Jack Bogle, fondateur de la firme Vanguard, croient au contraire qu’il est primordial d’avoir un portefeuille diversifié pour augmenter ses chances de succès.

L’opinion de Warren Buffett se situe quelque part entre les deux. Buffett a déjà dit que si un gestionnaire professionnel tient à essayer de battre les rendements du marché, avoir un portefeuille concentré est la voie à suivre. Buffett affirme dans la foulée que la quasi-totalité des « grands et petits » investisseurs devrait plutôt faire le choix des fonds indiciels diversifiés, dont les rendements à long terme ont battu ceux de plus de 95 % des gestionnaires professionnels, selon l’analyse S&P Indices Versus Active Funds (SPIVA) publiée deux fois l’an depuis 2002.1

Lors de l’assemblée annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway en 2021, Buffett a comparé les 20 premières actions mondiales en matière de capitalisation boursière en 1989 aux 20 premières actions en 2021. Résultat ? Aucune des entreprises figurant sur la liste de 1989 ne se trouvait sur celle de 2021.

« Nous sommes aussi sûrs de nous aujourd’hui que les professionnels de Wall Street étaient sûrs d’eux en 1989, a déclaré Buffett. Mais le monde peut changer de manière très, très spectaculaire. C’est un excellent argument en faveur de l’investissement indiciel. L’important est d’être à bord du bateau, car on ne peut faire autrement que d’obtenir de bons résultats si on possède un portefeuille diversifié d’actions. »

Manquer le bateau peut en effet être fatal : des études ont démontré que la totalité de la croissance à long terme des marchés financiers du globe provenait de 1 % à 3 % des titres qui s’y négocient. Ne pas avoir ces titres en portefeuille, c’est être condamné à faire du surplace au mieux, et à essuyer des pertes au pire.

Ian Gascon, président de Placements Idema, note que la diversification fait depuis longtemps partie de ses principes d’investissement. « Très jeune, j’ai commencé avec trois ou quatre titres dans mon portefeuille, un peu comme tout le monde… Mais dès que je me suis mis à gérer les portefeuilles de façon institutionnelle, j’ai eu une approche indicielle diversifiée », dit-il.

En plus des difficultés de rendement, un portefeuille concentré sera plus volatil, car les actifs sont répartis dans un plus petit nombre de titres, note M. Gascon. « Aussi, la concentration demande une implication plus élevée. Il faut avoir une équipe d’analystes, beaucoup de temps… Ce n’est pas à la portée de tous. »

Pour qu’un portefeuille soit diversifié, il doit contenir au moins une cinquantaine de titres, dit-il. « Pour profiter de la diversification au maximum, on peut avoir un portefeuille qui comprend des centaines ou des milliers de titres dans plusieurs pays, plusieurs régions du monde, plusieurs industries différentes. Japon, Canada, États-Unis, Europe : ce ne sont pas les mêmes secteurs qui sont forts partout. »

Comme exemple d’un produit financier diversifié, notons le fonds d’actions FNB tout-en-un Vanguard (VEQT), qui comporte les actions de 13 686 entreprises dans 51 pays. BMO propose un produit semblable sous le sigle ZEQT.

Un tel portefeuille aurait produit des rendements moyens de 8,96 % par année depuis les 50 dernières années, avec des rendements de -38 % dans la pire année. Un portefeuille équilibré 60 % actions, 40 % obligations (VBAL ou ZBAL, par exemple), aurait quant à lui produit des rendements annuels moyens de 8,46 % depuis 50 ans, avec des rendements de -25 % durant la pire année, selon les calculs de Justin Bender, de la firme PWL Capital.2

1 Lisez l’analyse (en anglais) S&P Indices Versus Active Funds (SPIVA) 2 Consultez les données (en anglais) de PWL Capital

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