Élizabeth*, 52 ans, envisage un projet de retraite à 60 ans de son emploi de gestionnaire à temps plein. Elle est aussi mère célibataire de deux ados de 16 et 18 ans dont les coûts de vie (résidence, scolarité, etc.) sont à frais partagés avec leur père.

La situation

Dépourvu d’un régime de retraite, son emploi lui rapporte 100 000 $ par année. S’y ajoutent environ 30 000 $ de revenus de placements (dividendes, intérêts et gains encaissés) provenant d’un portefeuille d’actifs financiers en compte non enregistré évalué à 700 000 $.

Ce portefeuille important découle d’un héritage significatif de ses parents. Ce legs a aussi permis à Élizabeth de bien remplir ses comptes d’épargne enregistrés (REER, CELI, REEE des deux ados) au maximum des contributions admissibles au fil des ans.

Ces actifs combinés totalisent 615 000 $, ce qui porte l’actif financier total d’Élizabeth aux environs de 1,34 million.

Du côté de ses actifs non financiers, il s’agit de deux propriétés immobilières libres de dettes hypothécaires : sa résidence principale en ville, un condo évalué à 560 000 $ au rôle foncier, ainsi qu’un chalet en bord de lac évalué à 600 000 $.

Quant au budget d’Élizabeth, il se situe ces années-ci aux environs de 92 000 $ par année, dont 58 000 $ liés au style de vie familial et aux coûts résidentiels, et quelque 34 000 $ liés aux cotisations d’épargne en REER, en CELI et en REEE des enfants.

Une fois rendue à la retraite, dans huit ans, Élizabeth prévoit le maintien de son train de vie personnel aux environs de 58 000 $ par année, en excluant le maintien ou non des cotisations dans les comptes d’épargne enregistrés.

Toutefois, Élizabeth prévoit l’ajout dans une dizaine d’années de 30 000 $ en débours annualisés liés aux coûts de propriété et d’entretien du chalet familial. Cette surcharge débutera à l’expiration d’un accord fiduciaire mis en place lors du legs du chalet dans l’héritage parental.

Avec cet ajout, les débours de train de vie d’Élizabeth et de ses proches s’élèveraient aux environs de 88 000 $ par année à la deuxième année de sa retraite commencée à 60 ans.

Les chiffres

Actifs financiers : env. 1,34 million

– en épargne-placement (non enregistré) : 700 000 $
– en épargne-retraite (REER) : 400 000 $
– en épargne-études (REEE) : 125 000 $
– en épargne libre d’impôt (CELI) : 90 000 $
– en épargne courante : 30 000 $

Actifs non financiers : environ 1,16 million

– résidence principale : 560 000 $
– chalet au bord de l’eau : 600 000 $

Passif :

– aucun prêt hypothécaire
– aucune dette de consommation

Revenus annualisés : 130 000 $ (brut)

(100 000 $ d’emploi, 30 000 $ de placements)

Débours annualisés : env. 92 000 $ en tout

(18 000 $ liés à la résidence principale, 40 000 $ liés au style de vie, 34 000 $ liés aux cotisations REER, CELI et REEE)

Les questions

Dans ce contexte, Élizabeth cherche conseil pour valider financièrement son projet de retraite du travail à son 60e anniversaire.

En cas de constat défavorable, comment rehausser la préparation financière de ce projet au cours des huit prochaines années ?

Mais en cas de constat favorable, comment optimiser la séquence de décaissement des actifs financiers – dans les comptes enregistrés ou non – durant les premières années de la retraite à 60 ans, et avant le début des rentes publiques (RRQ québécoise, PSV fédérale) à 65 ans ?

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Daniel Lanteigne est planificateur financier et associé principal à la firme Reverber Stratégies financières, établie à Québec. Il est aussi un ex-président du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière.

La situation d’Élizabeth a été soumise pour analyse-conseil à Daniel Lanteigne, qui est planificateur financier et associé principal à la firme Reverber Stratégies financières, établie à Québec.

M. Lanteigne est aussi un ex-président du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

Les conseils

D’entrée de jeu, Daniel Lanteigne constate que le bilan courant de santé financière d’Élizabeth, avec un avoir net (valeur d’actifs moins le passif) de l’ordre de 2,5 millions, s’annonce favorable pour son projet de retraite à 60 ans.

Toutefois, il émet des réserves quant à la longévité et la suffisance des sources de revenus de retraite d’Élizabeth lorsqu’elle sera rendue à un âge avancé. Et après avoir puisé dans ses actifs pendant une vingtaine d’années pour soutenir son train de vie prévu à hauteur de 80 000 $ par année, en l’absence de revenu d’emploi ou de régime de retraite.

« Considérant qu’elle cessera de recevoir un revenu d’emploi à 60 ans, et que les décaissements d’actifs financiers seront ensuite sa principale source de revenus en ajout aux rentes publiques [RRQ québécoise et PSV fédérale à 65 ans], les ressources financières d’Élizabeth ne suffiraient plus à couvrir son train de vie prévisible à partir de 83 ans », estime Daniel Lanteigne.

Cela dit, « la bonne santé financière actuelle d’Élizabeth lui permet d’orienter ses choix de dépenses et d’épargne au cours des prochaines années afin de pouvoir réaliser son projet de la retraite hâtive ».

De quels choix s’agit-il ?

En première proposition, Daniel Lanteigne suggère à Élizabeth d’envisager le report de son projet de retraite du travail de 60 à 65 ans.

« En travaillant cinq années de plus, ça augmenterait ses revenus et sa capacité d’épargne-retraite de façon à pouvoir couvrir son train de vie au moins jusqu’à ses 87 ans. Aussi, Elizabeth aurait plus de temps pour décider de la revente de l’une ou l’autre de ses deux propriétés – le condo ou le chalet – afin de renflouer ses liquidités courantes tout en rehaussant la valeur d’un futur legs successoral », indique M. Lanteigne.

En seconde proposition, il suggère à Elizabeth d’envisager la revente de son condo au début de sa retraite du travail à 60 ans. Elle bénéficierait ainsi d’un gain non imposable sur la revente de sa résidence principale afin de rehausser ses actifs financiers et ses liquidités disponibles avant le début des rentes publiques à 65 ans.

« Cette revente du condo pourrait se faire dans huit ans, soit vers l’année 2031, alors que son revenu d’emploi prendra fin, mais que ses enfants seront probablement en fin d’études universitaires, et encore partiellement autonomes sur le plan financier », explique Daniel Lanteigne.

En plus de rehausser ses liquidités, la revente du condo dans huit ans permettrait à Élizabeth de retrancher quelque 20 000 $ en coûts résidentiels de son budget annuel de train de vie dès le début de sa retraite à 60 ans.

Et en abaissant ainsi ses dépenses de train de vie, Élizabeth rehausserait d’autant ses perspectives de longévité financière jusqu’à un âge très avancé, avec la possibilité d’un surplus d’actifs pour bonifier un éventuel legs successoral.

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.

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