Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici le dimanche.

Investir son argent est une activité faite d’un mélange d’espoir, de peur, de regret, de désir, de sécurité, d’ego, d’avarice, de doute… Pas étonnant que la majorité d’entre nous se plante royalement.

Question d’avoir une bonne année 2023 sur les marchés, voici une liste des sept plus grandes erreurs commises par les investisseurs, qu’ils soient débutants ou expérimentés.

1. Ne pas investir

La plus grande erreur est de ne pas investir. Travailler sans garder une partie de sa paie pour soi, c’est un peu comme être un hamster qui court dans sa roue : on bouge beaucoup, mais on ne va nulle part. Pire, on enrichit les autres (propriétaires de café, de boutique de vêtements, de société de téléphonie cellulaire, etc.) en leur remettant tous nos dollars, et même plus que tous nos dollars quand on s’endette. Personnellement, j’estime qu’épargner 10 % de son salaire est la base, mais les investisseurs peuvent commencer par de plus petites sommes : 100 $ par mois, c’est 3,33 $ par jour. À la portée de beaucoup de monde.

2. Investir en fonction des actualités

Une récession est-elle imminente ? Les républicains vont-ils empêcher le gouvernement des États-Unis de payer ses factures ? À quoi pensait John Legend quand il a trouvé le prénom de sa fille ? Ces thèmes brûlants dominent l’actualité. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent nous affecter en tant qu’investisseurs. Arrêter d’investir parce que le taux de chômage monte ou essayer de prévoir la direction du marché en vue d’une possible récession sont des erreurs puisque le marché est imprévisible à court terme. Le mieux est de mettre nos placements sur le pilote automatique et d’investir chaque jour de paie sans même y penser. Et, n’oubliez pas : si vous n’êtes pas retraité, vous devriez prier pour que le marché chute, puisque chaque dollar investi achète plus de placements lorsque ceux-ci sont en baisse.

3. Essayer de battre le marché

Mauvaise nouvelle : la quasi-totalité des investisseurs amateurs et professionnels sont incapables de battre les rendements du marché boursier. Bonne nouvelle : battre les rendements du marché n’est pas nécessaire pour trouver sa place parmi les meilleurs investisseurs du globe. Tout ce qu’on a à faire, c’est acheter le marché au complet, par le truchement de fonds négociés en Bourse (FNB), alimenter nos placements avec de l’argent frais et être patient. Un portefeuille diversifié et équilibré composé à 60 % d’actions canadiennes, américaines et internationales et à 40 % d’obligations a eu des rendements annuels moyens de 8,6 % au cours du dernier demi-siècle. Une somme de 10 000 $ investie de cette manière il y a 50 ans vaut plus de 675 000 $ aujourd’hui. Ajoutez 1000 $ par année en investissement au cours de cette période et on est à 1,4 million. Investir est une activité simple, mais pas facile.

4. Craindre les chutes du marché

Quand elles surviennent, les chutes du marché font les manchettes, mais en réalité, elles sont nécessaires pour assurer la croissance à long terme de nos actifs. Paniquer parce que le marché chute est aussi logique que paniquer parce qu’il neige en janvier. Les chutes sont l’exception : depuis les années 1930, les marchés boursiers nord-américains ont été en hausse près de 7 années sur 10. À ce sujet, chaque investisseur est différent, et ceux qui ont le plus tendance à réagir feraient mieux de confier leurs placements à un professionnel qui pourrait les aider à garder la tête froide dans les chutes. Ceux qui ne portent pas attention aux chutes ou ne sont pas affectés par elles sont plus aptes à gérer leurs placements eux-mêmes dans des comptes comme ceux offerts par Questrade ou WealthSimple, ou un compte de courtage à escompte auprès d’institutions financières.

5. Manquer de patience

Investir et s’enrichir sont des projets d’une vie. Pensez en décennies, pas en années. C’est sur le long terme que nos placements commencent réellement à se multiplier à cause du phénomène des intérêts composés, qui sont tout simplement de l’intérêt que l’on fait sur de l’intérêt, provoquant un effet boule de neige. L’investisseur Warren Buffett vaut 108 milliards aujourd’hui. Plus de 107 milliards de cette somme ont été accumulés après qu’il a eu fêté ses 55 ans.

6. Ne pas minimiser les impôts

Contrairement aux gains de la vente d’une résidence principale, les investisseurs doivent payer de l’impôt sur la moitié des gains qu’ils font en Bourse, moitié qui vient tout simplement s’ajouter à leurs revenus dans l’année où les placements sont vendus. Pour éviter cela, on peut détenir nos placements à l’intérieur d’un REER, où les contributions sont déductibles de notre revenu, et les gains seront imposés uniquement à la sortie, idéalement quand on gagne moins d’argent, dans une année sabbatique ou à la retraite par exemple. Ou encore dans un CELI, dont la limite de contribution vient d’être haussée à 6500 $ cette année, et où nos placements peuvent croître et rester à l’abri de l’impôt même quand nous les sortirons du CELI – c’est notre paradis fiscal personnel. Si vous êtes parent et n’avez pas ouvert de REEE pour vos enfants, arrêtez de lire ce texte et allez le faire : vous ratez une subvention de 30 % garantie payée par nos gouvernements sur vos cotisations annuelles de 2500 $ par enfant.

7. Compliquer inutilement les choses

Posséder des FNB, c’est investir dans des milliers de sociétés dans différents secteurs répartis autour du globe. Bref, c’est l’essence même de la diversification. Pour n’en nommer qu’un, le fonds tout-en-un Vanguard Portefeuille FNB équilibré (VBAL) renferme 13 639 entreprises cotées en Bourse et 17 996 obligations émises par des gouvernements et des entreprises. Nul besoin d’y ajouter autre chose. Comme le note l’auteur financier Jason Zweig : « Si vous trouvez qu’investir est intéressant, c’est que vous ne le faites pas correctement. Investir doit être un procédé mécanique, répétitif. C’est difficile pour les gens d’accepter ça. »

La question de la semaine

Quelle erreur avez-vous déjà commise avec vos placements ?

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