Choqué par les taux d’intérêt dérisoires sur vos réserves de liquidités ? Et ce, malgré la forte remontée des taux depuis un an ?

Dans ce cas, il faudrait jeter un coup d’œil à des solutions plus dynamiques que les ternes produits d’épargne offerts dans les principales entreprises de services bancaires.

À commencer par les fonds négociés en Bourse (FNB) qui sont centrés sur les produits d’épargne à intérêt élevé et les titres financiers à très court terme négociés sur les marchés monétaires.

Encore méconnus des particuliers, ces FNB des marchés monétaires ont émergé en force depuis un an parmi les investisseurs avertis en tant que « placement-refuge » de liquidités au fil des tumultes sur les marchés financiers.

Un indice de cette popularité ?

En ce début d’année 2023, le total de l’actif sous gestion parmi les cinq plus grands FNB d’épargne à intérêt élevé et des marchés monétaires qui sont cotés à la Bourse de Toronto approche les 12 milliards de dollars.

Ce montant a plus que doublé en moins d’un an, résultat d’une séquence des plus importantes entrées mensuelles de capital parmi toutes les catégories de FNB cotés à la Bourse de Toronto.

C’est quoi ?

Comme leur nom l’indique, les parts de FNB d’épargne à intérêt élevé et des marchés monétaires sont échangées dans les principaux marchés boursiers.

À la différence des FNB d’actions ou d’obligations, la valeur des parts de ces FNB de type monétaire est stable à 50 $ par part pour les FNB en dollars canadiens et à 100 $ pour les FNB en dollars américains.

Ces FNB placent ces sommes dans différents produits d’épargne à court terme généralement accessibles seulement aux investisseurs institutionnels. Ils procurent ainsi un rendement courant en revenu d’intérêt, versé mensuellement, qui varie de façon relativement synchronisée avec les taux directeurs gérés par la Banque du Canada ou la Réserve fédérale (Fed) aux États-Unis.

Par conséquent, en période tumultueuse sur les marchés financiers, la stabilité de la valeur des parts ainsi que leur flexibilité de transaction à peu de frais en Bourse sont des attraits importants.

C’est ainsi que, par exemple, le taux de rendement annualisé selon les plus récents versements mensuels des principaux FNB monétaires canadiens cote maintenant aux environs de 4,6 %.

C’est presque le double du taux de rendement moyen durant les 12 mois précédents. Et presque trois fois plus élevé qu’il y a un an, juste avant la forte remontée des taux directeurs par les banques centrales.

Pour quel usage principal ?

Les FNB d’épargne à intérêt élevé et des marchés monétaires ont été conçus et commercialisés en tant que produits financiers à très faibles frais de gestion pouvant servir à rehausser le rendement des liquidités en portefeuille.

De l’avis d’experts consultés par La Presse, l’achat de parts de ces FNB doit être considéré comme un « rehausseur » de liquidités à très court terme, et non comme une stratégie de placement en titres obligataires.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvain Tremblay, vice-président en gestion privée à la firme Optimum Gestion de Placements

« Les FNB monétaires sont devenus un “sujet chaud” parmi les investisseurs qui cherchaient à sécuriser leurs portefeuilles durant une année très difficile tant dans les marchés d’actions que les marchés d’obligations », relate Sylvain Tremblay, vice-président en gestion privée à la firme Optimum Gestion de Placements.

« Toutefois, il faut éviter l’erreur de transférer une grande partie d’un portefeuille vers ces FNB de type monétaire, même avec leur rendement courant bonifié par la hausse des taux d’intérêt. Ces FNB monétaires ne sont pas un substitut aux placements en actions et en obligations dans une perspective de rendement à moyen et long terme. »

Chez Desjardins Gestion de patrimoine, le planificateur financier et conseiller en placements David Paré doute de plus en plus de la pertinence des FNB monétaires pour les investisseurs.

« Ces fonds ont été très utiles jusqu’à récemment pour obtenir un rendement minimum sur des liquidités pendant une période très difficile en Bourse et dans les marchés obligataires, avec la forte hausse des taux d’intérêt par les banques centrales », rappelle David Paré.

PHOTO FOURNIE PAR VALEURS MOBILIÈRES DESJARDINS

David Paré, planificateur financier et conseiller en placements de Desjardins Gestion de patrimoine

Mais avec la possibilité accrue d’un prochain plafonnement des taux d’intérêt, et d’un rebond de valeur des titres obligataires, l’utilité des FNB monétaires pourrait avoir fait son temps dans la gestion de liquidités en portefeuille.

David Paré, planificateur financier et conseiller en placements de Desjardins Gestion de patrimoine

En fait, avise David Paré, « mis à part les liquidités que l’on prévoit utiliser au cours des prochains mois, c’est le moment de repositionner ses placements obligataires en privilégiant les titres à échéance plus longue dont la valeur marchande pourrait profiter le plus d’une stabilisation et d’un éventuel repli des taux d’intérêt ».

Comment s’y prendre ?

Pour les particuliers, l’accès aux parts de FNB monétaires s’effectue par l’entremise d’un compte d’investissement établi dans une firme de courtage. Il peut s’agir d’un compte d’investissement non enregistré, et donc soumis à l’impôt sur les revenus de placement, ou d’un compte d’investissement enregistré de type régime d’épargne-retraite (REER) ou compte d’épargne libre d’impôt (CELI) avec ses avantages fiscaux.

Toutefois, parce qu’il s’agit de produits d’investissement plutôt que de produits d’épargne de type bancaire, les FNB monétaires ne sont pas couverts par la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC). Cela dit, la sécurisation des actifs des marchés monétaires gérés par ces FNB est très encadrée et surveillée par les autorités financières et bancaires au Canada.

FNB monétaires ou CPG un an ?

Naguère significatif, l’écart de rendement en intérêts entre les parts de FNB des marchés monétaires et les certificats de placement garanti (CPG) à court terme offerts par certaines entreprises financières est devenu pratiquement nul au fil des hausses de taux par la Banque du Canada.

Ainsi, des CPG à terme fixe d’un an sont maintenant offerts avec des taux d’intérêt à échéance de l’ordre de 4,25 % à 4,85 % par des entreprises financières autres que les grandes banques, où les taux d’intérêt des CPG demeurent très faibles.

C’est aussi ce qui incite Sylvain Tremblay, chez Optimum Gestion de Placements, à recommander aux particuliers de « bien magasiner » leurs produits de gestion d’encaisse en cette fin de cycle haussier des taux d’intérêt.

« Les FNB des marchés monétaires demeurent de bons outils pour générer un peu de rendement des liquidités dont on prévoit l’utilisation au cours des prochains mois », indique M. Tremblay.

« Mais pour les liquidités dont on n’aura pas besoin avant un an, mieux vaut bien magasiner les CPG à terme d’un an et à taux d’intérêt concurrentiel offerts par des entreprises financières et bancaires de moindre taille qui veulent attirer des dépôts. »