Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici le dimanche.

C’est toujours étrange quand des milliardaires offrent des conseils de finances personnelles. Ces gens sont tellement déconnectés de la vie du citoyen moyen que l’exercice peut vite tomber dans le malaise.

La semaine dernière, Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, s’est avancé sur ce terrain délicat.

Bezos, l’un des hommes les plus riches du monde et propriétaire d’un tout nouveau yacht de 500 millions US, a suggéré aux gens d’éviter d’acheter de nouveaux articles coûteux, comme un téléviseur, un frigo ou encore une voiture.

« Si vous envisagez d’acheter un téléviseur grand écran, retardez peut-être votre décision, gardez cet argent et voyez ce qui se passe, a-t-il dit en entrevue à CNN. Même chose avec un réfrigérateur, une nouvelle voiture, peu importe... Enlevez juste un peu de risque. L’économie n’a pas l’air très bonne en ce moment, les choses ralentissent, on assiste à des licenciements dans de très nombreux secteurs. »

Ce n’est pas tous les jours qu’un homme qui a fait fortune dans la vente au détail recommande aux gens d’arrêter de dépenser leur argent dans la vente au détail.

Personnellement, je trouve que le conseil de Bezos est le bienvenu. Après tout, renoncer à faire une dépense de 2000 $ est l’équivalent de trouver 2000 $ par terre en marchant dans la rue.

Je l’ai déjà dit, je déteste les dettes avec une ferveur habituellement réservée aux fraudeurs téléphoniques et aux punaises de lit. Lorsqu’un imprévu survient, avoir de l’argent en main peut faire la différence entre régler un problème rapidement ou devoir s’endetter.

Je l’ai vécu récemment au cours d’un voyage à l’étranger, quand j’ai eu l’excellente idée de sauter dans la mer sans réaliser que la clé électronique de notre voiture de location se trouvait dans la poche de mon maillot.

J’ai été allégé de 888 $ par cette expérience. Ma compagnie d’assurance devrait en principe couvrir cette somme, mais en attendant que la réclamation soit traitée, j’ai pu régler le problème en quelques secondes sans m’endetter.

Quand on parle d’épargne et d’investissement, on a souvent l’impression que c’est ennuyant parce qu’on n’en bénéficiera que plus tard, à la retraite, par exemple. Mais c’est faux. Avoir un coussin d’urgence nous donne de la liberté dès le jour 1, et cette liberté nous suit tout au long de notre vie.

Des imprévus coûteux et désagréables vont survenir. Parfois, l’imprévu peut être plus sérieux : une perte d’emploi, par exemple. Les spécialistes en finances personnelles conseillent aux gens d’avoir un coussin d’urgence correspondant à trois à six mois de nos dépenses.

Plusieurs suggèrent de laisser cet argent dans un compte bancaire. Pour ma part, je préfère investir mon fonds d’urgence. En cas de pépin, je vends une petite partie de mes placements. Ça ne me prend que quelques minutes.

Oui, je peux avoir à les vendre dans une année où ils ont perdu de la valeur. Mais les sommes prélevées ne représentent qu’une fraction de mes actifs, et je suis prêt à prendre ce risque ; par définition, une urgence ne se produit pas souvent.

Les Chinois épargnent en moyenne 50 % de leurs revenus, et les Vietnamiens, environ 35 %. Ils savent que des surprises économiques, médicales ou autres finiront par les atteindre, et ils ne veulent pas souffrir inutilement le jour où ça arrivera.

Dans un monde où l’endettement est la norme, avoir accès à une somme d’argent rapidement et sans devoir emprunter est pratiquement un superpouvoir. Un superpouvoir qui peut faire la différence entre héros et zéro à mesure que l’économie ralentit.

Je vous demandais la semaine dernière si vous étiez affecté par l’incertitude et l’anxiété économiques perceptibles ces temps-ci. Voici quelques réponses reçues.

Mon conjoint et moi gagnons de bons salaires dans des emplois peu à risque [...]. Malgré tout, je vois que mon pouvoir d’achat n’est plus le même qu’avant. Je n’ai jamais gagné autant d’argent, mais c’est comme si j’étais au même salaire qu’il y a cinq ans. Malgré l’inconfort de ce sentiment de faire du surplace, je ne perds pas mes bonnes habitudes d’épargne et d’investissement, beau temps, mauvais temps, quitte à réduire certaines dépenses.

Corinne

L’inflation que nous vivons en 2022 nous oblige à revoir notre budget. Il faut être prudent pour éviter un décaissement trop rapide de nos économies. Le gouvernement fédéral a augmenté la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les 75 ans et plus. Mais les retraités de 65 ans ont aussi besoin d’aide.

Yvon

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