Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici le dimanche.

Est-ce dû à l’inflation ? À la hausse rapide des taux d’intérêt ? À l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? À un peu tout ça à la fois ?

Le climat ambiant est à l’anxiété. Des calculs de finance personnelle qui nous rassuraient il y a quelques mois à peine (« ma maison gagne plus d’argent que moi ! ») ont fait place à des réalisations moins agréables (« ma marge de crédit gagne plus d’argent que moi ! »).

On a l’impression que la société va mal, que le monde va mal. C’est oublier le progrès inédit vécu par l’humanité depuis une poignée de décennies. Notre monde est un endroit méconnaissable pour les générations qui nous ont précédés.

Dans l’esprit du Thanksgiving américain cette semaine, voici donc quelques raisons de souffler un peu et d’être reconnaissant.

Nous gagnons plus d’argent que jamais

D’un point de vue strictement pécuniaire, le Québec ne s’est jamais aussi bien porté.

Le revenu médian des ménages de la province se chiffre aujourd’hui à environ 87 000 $, alors qu’il était de 47 000 $ en l’an 2000. Une augmentation près de trois fois plus rapide que la hausse de l’indice des prix à la consommation. Bref, nous n’avons jamais gagné autant d’argent.

La médecine moderne

Il y a à peine plus d’un siècle, les médecins et chirurgiens considéraient qu’avoir les mains sales, les ongles noirs de crasse et les vêtements maculés du sang séché des patients était la preuve qu’ils travaillaient fort. Les germes ? C’était une blague, une histoire à dormir debout inventée par des gens qui avaient trop de temps pour penser… Et ça, c’était la médecine des pays riches. Pas étonnant que l’espérance de vie mondiale ait beaucoup grimpé depuis : tous pays confondus, elle est passée de 31 ans en moyenne en 1900 à plus de 72 ans aujourd’hui, un exploit surtout dû à la baisse radicale de la mortalité infantile.

Jusqu’en l’an 1800, un enfant sur trois mourait avant d’atteindre l’âge de 5 ans. Au Québec, l’espérance de vie à la naissance est maintenant de 83 ans, soit six années de plus qu’aux États-Unis.

Les toilettes à chasse d’eau

Parlant de propreté… Le mercredi 12 juin 1901, la Ville de Montréal a adopté un règlement rendant les toilettes intérieures obligatoires. Les toilettes à chasse d’eau ont pourtant été inventées au XVIe siècle, mais elles ont pendant des centaines d’années été réservées aux demeures des gens riches. Montréal ayant été fondé en 1642, cela veut dire que près de deux jours sur trois de l’existence de la métropole, les toilettes à chasse d’eau n’étaient pas obligatoires dans les bâtiments.

Plus éduqués

La différence entre le taux de diplomation au secondaire des élèves provenant de milieux favorisés et des élèves provenant de milieux défavorisés est en baisse au Québec. Cet écart était de 29 % en 2012 et il est désormais de 21 %, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Mieux nourris

Pendant des siècles, la majorité des gens des pays occidentaux travaillaient dans l’agriculture. La mécanisation et l’utilisation des engrais ont tout changé. Au Québec, à peine 1,3 % de la population travaille aujourd’hui dans l’agriculture. Pourtant, la production atteint des niveaux records.

Moins de famine

Au milieu du siècle dernier, des chercheurs prévoyaient que la hausse de la population mondiale provoquerait l’arrivée de famines massives catastrophiques. Or, le contraire s’est produit : le taux de malnutrition dans le monde est passé de 65 % en 1950 à moins de 9 % en 2019.

Moins de violence

Le passé était beaucoup plus violent que le présent. Selon le site Our World in Data, les grandes puissances étaient en guerre entre 70 % et 100 % du temps aux XVIe et XVIIe siècles, une donnée qui a chuté au cours des siècles suivants pour atteindre 0 % depuis le début des années 2000. Dans les sociétés primitives, environ 15 % des gens connaissaient une mort violente ; aujourd’hui, 0,03 % des gens meurent violemment.

Le défi climatique

L’un des plus grands défis de notre ère est de cesser d’émettre du CO2 dans l’atmosphère. Nos sociétés s’y prennent avec du retard, et les effets des changements climatiques sont déjà perceptibles et continueront de l’être. Avec les années, les gestes à faire deviendront de plus en plus urgents. Selon Gregor Macdonald, journaliste spécialisé en énergie et en transition énergétique, l’utilisation d’énergie fossile pour la génération d’électricité dans le monde est maintenant en déclin, ce qui était impensable il y a quelques années à peine. Environ le quart de l’électricité produite au Texas et en Californie vient de l’éolien et du solaire. Environ le quart des 25 millions de voitures neuves vendues en Chine cette année sont électriques. D’autres industries très énergivores devront changer leurs pratiques dans les années à venir.

On entend rarement parler du progrès parce qu’on s’y habitue rapidement.

Aussi, notre perception du monde est formée par ce qu’on voit. Tant qu’il y aura une maison en feu, il y aura une caméra de télévision pour la filmer. Ce que la caméra ne peut pas montrer, cependant, c’est qu’il y avait 50 maisons en feu avant…

Le comprendre n’est pas seulement un devoir, mais bien une façon de trouver du bonheur dans notre vie — surtout quand tout ne va pas comme on le voudrait.

La semaine dernière, je vous demandais si vous étiez attirés par les cryptomonnaies. Voici quelques réponses reçues.

Je n’ai jamais investi dans les cryptos. En tant qu’investisseur autonome, je n’investis que dans les entreprises qui produisent des biens et services qui sont monnayables et aussi qui offrent des dividendes à leurs actionnaires.

Jean-Claude

Non, pas intéressé par ce monde occulte… Triste pour ceux qui ont perdu beaucoup. Je pense qu’il y a beaucoup d’arnaqueurs dans ce milieu peu réglementé.

René

Plusieurs investisseurs autour de moi détiennent de la cryptomonnaie, mais ils comparent leur crypto à du casino. Personnellement, je n’ai pas de cryptomonnaie, car je trouve que ce n’est pas un chemin sécuritaire pour se garantir un bel avenir.

Félix

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