Céline* et David* habitent en région avec leur adolescente Mia*. Ils roulent avec deux véhicules qui rendront l’âme dans un avenir proche. De quelle façon devraient-ils financer l’achat de leurs prochaines autos ?

La situation

Il est bien vrai qu’acheter une voiture n’est pas l’investissement de toute une vie. Or, Céline et David suivent leurs finances de près depuis longtemps et veulent poursuivre sur cette route en optant pour la solution financière la plus intelligente.

Céline, 43 ans, est enseignante et David, 42 ans, fonctionnaire au fédéral. En plus de leurs régimes de retraite à prestations déterminées, ils ont accumulé de l’argent dans des régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER), des comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) et dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour leur fille en première secondaire.

« Ça fait 15 ans qu’on fait un budget et qu’on a instauré l’épargne, raconte Céline au téléphone. Quand on a eu terminé nos paiements de voiture, on a choisi de mettre les mêmes sommes dans des REER et des CELI. »

En mai 2021, lors de la renégociation de l’hypothèque, la petite famille a choisi d’augmenter le prêt de 40 000 $ afin de refaire l’isolement de la maison et le revêtement. Le couple a signé un contrat de cinq ans à un taux variable qui est actuellement de 2 %. « Nous faisons des paiements accélérés toutes les deux semaines », précise Céline.

Le coût de vie annuel de la famille, en incluant l’épargne, est d’environ 105 000 $. Il comprend 5000 $ de droits de scolarité pour l’école privée, 6000 $ pour les vacances, 6500 $ pour les taxes et l’électricité, 5280 $ en épargne CELI-REER pour David, 12 720 $ en épargne CELI-REER pour Céline et 2400 $ pour le REEE.

« Pour remplacer l’auto de mon conjoint, on envisage de racheter cette année la location de voiture de mes beaux-parents. C’est une Rogue 2017 avec 50 000 km qui coûtera 12 000 $. »

« Dans trois ans, on veut acheter une voiture électrique. On a réalisé que pour nos longues escapades dans les coins reculés des États-Unis, utiliser une voiture électrique sera moins pratique et on prendrait la voiture à essence. Ici, une auto de type intermédiaire fera donc l’affaire, comme une Nissan Leaf, qui coûte environ 40 000 $. »

Pour acheter ces deux véhicules, Céline et David souhaitent savoir s’il est plus avantageux pour eux d’utiliser l’épargne des CELI ou de contracter des prêts personnels.

Les chiffres

Céline, 43 ans

Salaire : 100 000 $
REER : 122 000 $
CELI : 40 000 $
REEE : 22 200 $

David, 42 ans

Salaire : 92 000 $
REER : 105 000 $
CELI : 22 000 $

Maison

Évaluation : 335 000 $
Hypothèque : 108 500 $

Le conseil

Chantal Matos, directrice conseil chez Gestion privée Fonds FMOQ, a fait l’analyse des finances du couple.

D’entrée de jeu, la planificatrice financière indique que le prêt personnel n’est pas avantageux du tout. « Les taux sont de 7 à 10 % selon les institutions. C’est un produit qui existe pour les gens qui ne sont pas capables d’obtenir du financement à meilleur taux et qui n’ont pas d’autres moyens de se faire financer. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Chantal Matos, directrice conseil chez Gestion privée Fonds FMOQ

« Ça fonctionne toujours avec le crédit, poursuit-elle. Si la personne a un bon crédit, elle va avoir un bon taux. Si la personne n’a pas un bon crédit, le taux sera plus élevé. »

Pour ce qui est d’un prêt auto dans les institutions financières, les taux varient actuellement de 4,49 % à 7,98 %.

Chez un concessionnaire, le financement peut être moins élevé. Cependant, il faut porter attention non pas au taux d’intérêt proposé, mais aux frais de financement totaux. Ils sont désignés par le terme « taux de crédit ». Ce taux de crédit comprend le montant des intérêts et les frais d’administration liés au crédit.

Après avoir analysé toutes ces options, Chantal Matos conseille au couple d’opter sans hésiter pour une marge de crédit hypothécaire. « Il s’agit de la meilleure solution pour eux. »

La meilleure option

La valeur de la maison est de 335 000 $. La marge de crédit hypothécaire peut s’élever jusqu’à 80 % de la valeur de la propriété, soit 268 000 $. En soustrayant la somme de l’hypothèque de 108 500 $, Céline et David auraient un montant disponible pour emprunter de 159 500 $.

Cette marge hypothécaire peut servir dès cette année à l’achat de l’auto usagée. Elle pourrait aussi être utilisée pour faire des travaux et acheter la voiture électrique dans trois ans.

Céline et David n’ont pas besoin d’attendre l’échéance de l’hypothèque pour se faire financer, mais ils doivent passer chez le notaire. Les frais varient de 995 $ à 1495 $.

« Côté stratégie, c’est mieux pour eux d’avoir une marge de crédit hypothécaire que d’utiliser l’argent des CELI », affirme la planificatrice financière.

« Ils ont un profil d’investisseur équilibré. Si je regarde la performance des fonds équilibrés des 10 dernières années, les rendements annualisés avoisinent les 7 %. Devraient-ils prendre le CELI qui fait un rendement de 7 % à l’abri de l’impôt ou payer les intérêts d’une marge hypothécaire moins élevée ? Je conseille fortement de payer le montant de la marge et de continuer d’avoir du rendement. »

« Le couple affirme aussi que le CELI est destiné aux petits pépins et au financement des voyages, poursuit Chantal Matos. Alors je n’y toucherais pas. Ou seulement en dernier recours. »

Si le couple n’avait pas accès à une marge de crédit hypothécaire, la planificatrice lui conseillerait de vérifier le taux d’une marge de crédit personnelle.

« C’est toujours le même principe. On prend le financement avec le taux le plus bas possible avant d’aller puiser dans des placements qui donnent un rendement. Quand ton taux de prêt ou de marge devient plus élevé que tes rendements, tu changes de stratégie. »

Stratégie additionnelle

Autre astuce : récupérer des sommes en changeant les paiements accélérés de l’hypothèque pour des paiements ordinaires. Le paiement complet de l’hypothèque serait allongé d’un an, estime Chantal Matos.

« Ça ne vaut pas la peine de rembourser l’hypothèque plus rapidement au taux qu’ils paient. Ils font plus de rendement dans leurs placements en mettant de l’argent de côté qu’en payant l’hypothèque à 2 %. »

Aussi, dans cinq ans, leur fille Mia terminera son secondaire à l’école privée. Les 5000 $ annuels deviendront alors disponibles pour rembourser l’hypothèque, tandis que le REEE financera les études postsecondaires de Mia. D’ailleurs, Chantal Matos suggère au couple d’ajouter 100 $ de plus par année dans le REEE pour atteindre 2500 $ et avoir le maximum de subventions des deux gouvernements. Il devrait même en profiter pour aller chercher les droits inutilisés des années passées.

Afin de maximiser la stratégie d’épargne de Céline et de David, la planificatrice financière leur suggère de cotiser chaque année la somme maximum de REER à laquelle ils ont droit, qui est d’environ 4000 $. Bien qu’ils aient des régimes de retraite à prestations déterminées, leurs salaires sont élevés et le remboursement d’impôts vaut le coût. Il peut être mis dans le CELI.

Pour ce qui est de l’achat de l’auto électrique, Chantal Matos rappelle que le couple devra réévaluer la situation dans trois ans. « Est-ce que les taux des marges hypothécaires seront aussi avantageux ? Est-ce que les rendements du CELI seront plus bas ? Il faudra vérifier et choisir ce qui est plus avantageux. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

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