Paul*, 57 ans, envisage de se retirer progressivement d’ici trois ans de sa carrière d’entrepreneur et de dirigeant-actionnaire d’une firme-conseil en services informatiques.

Cette retraite progressive est prévue après la résorption des impacts de la crise de la pandémie sur son entreprise – sursaut de la demande de services – et sur la valeur courante de ses placements, que Paul estime récupérable d’ici deux ans.

Entre-temps, grâce à une gestion raisonnable, Paul et sa conjointe Marie, 60 ans, se sont constitué un patrimoine dont la valeur approche les 2 millions de dollars.

Pour l’essentiel, ce patrimoine est divisé entre le capital accumulé dans l’entreprise de gestion de Paul, les comptes REER et CELI de Paul et Marie, le compte REEE de leurs deux enfants de 18 et 16 ans, ainsi que dans des placements boursiers en comptes non enregistrés.

En contrepartie, le patrimoine de Paul et Marie est dépourvu d’une part d’actif en régime de retraite. La rémunération de Paul en tant que dirigeant provient d’un salaire annuel et de versements en dividendes à son entreprise de gestion personnelle.

Cette rémunération constitue aussi la part dominante du revenu familial brut d’environ 210 000 $. Ce revenu procure à Paul et Marie une bonne marge de manœuvre budgétaire.

Par ailleurs, le bilan familial de Paul et Marie comprend des actifs immobiliers (maison, chalet) d’une valeur totale d’environ 670 000 $, mais qui demeurent liés à un passif de 53 000 $ en solde de marge de crédit hypothécaire.

Les questions

Dans ce contexte, Paul et Marie ont peu de préoccupations sur la suffisance de leurs moyens financiers pour subvenir au maintien de leur train de vie, qu’ils estiment « raisonnable », durant leur prochaine retraite.

« Mais là où nous avons besoin d’un coup de main, c’est au niveau de la planification des décaissements parmi ces divers actifs en capital d’entreprise et en comptes enregistrés ou non, tout en veillant à la bonne optimisation fiscale de nos futurs revenus de retraite, explique Paul. J’ai tenté d’élaborer des scénarios de décaissement. Mais à cause de la complexité des règles fiscales, je n’y arrive pas. »

« Par ailleurs, j’aimerais pouvoir continuer à gérer nos placements de façon autonome lors de ma retraite, mais tout en pouvant suivre un plan de décaissement le plus optimal possible selon nos besoins financiers prévisibles au fil de la retraite. »

La situation et les questions de Paul et Marie ont été soumises à Francis Couture, qui est comptable professionnel agréé (CPA), analyste financier certifié (CFA) et conseiller chez la firme Brassard Goulet Yargeau, Services financiers intégrés.

Les conseils

D’emblée, Francis Couture note favorablement le fait que Paul et Marie se sont déjà constitué un avoir avec lequel ils devraient pouvoir aisément maintenir leur train de vie durant leur prochaine retraite.

« Certes, la valeur courante de leurs placements a été affectée par la chute des marchés d’investissement au début de la crise de la pandémie, signale M. Couture. Mais avec une bonne gestion de portefeuille, cette baisse de valeur devrait être temporaire dans l’ensemble du patrimoine de Paul et Marie, en autant qu’ils ne paniquent pas et qu’ils demeurent investis pour profiter du redressement des marchés. »

PHOTO FOURNIE PAR BRASSARD GOULET YARGEAU

Francis Couture, comptable professionnel agréé (CPA), analyste financier certifié (CFA) et conseiller chez la firme Brassard Goulet Yargeau, Services financiers intégrés

Francis Couture signale toutefois que « la forte pondération en actions de leurs placements pourrait exposer Paul et Marie à plus de risques que ce qui serait souhaitable dans la planification de leur prochaine retraite. Pour éviter que leurs placements soient trop peu diversifiés, Paul et Marie pourraient envisager de recourir à des services de gestion professionnelle de leur portefeuille ».

Aussi, estime Francis Couture, « l’optimisation fiscale des placements de Paul et Marie me semble encore insuffisante ».

Par exemple, suggère-t-il, « si leur profil d’investisseurs devenait plus prudent à l’approche de la retraite, il y aurait lieu d’optimiser l’espace de cotisations disponible dans leurs REER et leurs CELI en y concentrant les placements générant des revenus d’intérêt ».

« En contrepartie, il leur serait avantageux, fiscalement, de concentrer leurs placements en titres générant du gain en capital et des revenus en dividendes dans les comptes d’investissement non enregistrés. »

Cela dit, que recommande-t-il à Paul et à Marie en matière de planification et d’optimisation fiscale de leurs sources de revenus de retraite ?

D’abord, suggère Francis Couture, « Paul et Marie devraient envisager un report de leurs demandes de prestations de la sécurité de la vieillesse (PSV fédérale) et de la Régie des rentes du Québec (RRQ) jusqu’à l’âge de 67-68 ans, au lieu de l’habituel 65 ans, ce qui leur permettrait de bénéficier de prestations majorées jusqu’à leur fin de vie ».

Ensuite, en ce qui concerne l’organisation de leurs revenus de retraite, et considérant le statut de Paul et Marie en tant qu’actionnaires d’une entreprise de gestion privée, Francis Couture leur suggère de procéder d’abord à une maximisation des versements de dividendes de cette entreprise.

« Ça leur permettrait d’optimiser les avantages fiscaux liés à ce type de revenus en dividendes durant leurs premières années de retraite, et même s’ils devaient se verser plus de dividendes que nécessaire pour leur train de vie », explique M. Couture.

En procédant ainsi, Paul et Marie pourraient décaler le début de leurs retraits de REER – un revenu imposable – et l’encaissement de leurs prestations de rente publique jusqu’à un âge fiscalement plus avantageux.

« Plus ils avanceront en âge, plus il deviendra intéressant d’augmenter leurs revenus imposables personnels pour être en mesure de profiter de leur patrimoine dans un palier d’imposition plus faible que celui auquel ils seraient soumis lors de son transfert de succession, après le dernier décès du couple », conclut Francis Couture.

Les chiffres

Paul*, 57 ans

Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 270 000 $
Compte enregistré libre d’impôt (CELI) : 58 000 $

Marie*, 60 ans

Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 81 000 $
Compte enregistré libre d’impôt (CELI) : 56 000 $

Actif familial

Avoir en compagnie de gestion de placements : 930 000 $
Placements en comptes non enregistrés : 295 000 $
Régime enregistré d’épargne-études (REEE) : 40 000 $
Résidence principale : 485 000 $
Chalet : 185 000 $

Passif familial

Prêt auto : 28 000 $
Marge de crédit hypothécaire : 53 000 $

Revenu familial

Revenu d’emploi : 150 000 $
Revenu de dividendes d’entreprise de gestion : 48 000 $
Revenu de placements : 12 000 $

*Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs

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