Geneviève, 44 ans, et Simon, 46 ans, occupent des emplois bien payés, qui totalisent 215 000 $ par an. Ces revenus leur permettent d’entretenir un train de vie confortable, mais raisonnable dans leur famille recomposée avec trois enfants d’âge scolaire, qui sont en garde et frais partagés avec leurs ex-conjoints respectifs.

Néanmoins, Geneviève souhaite réorienter sa carrière vers un emploi mieux adapté à son désir de « réduire la cadence ».

Elle nourrit ce souhait en dépit de la perspective d’une importante baisse de salaire, peut-être jusqu’à la moitié de son niveau actuel d’environ 125 000 $ par an.

En contrepartie, Geneviève et son conjoint prévoient compenser l’impact de changement sur leur budget familial avec une promotion considérable attendue par Simon d’ici 12 à 18 mois.

Cette promotion doublera presque – de 90 000 à 170 000 $ – son salaire.

D’ici là, côté bilan, Geneviève et Simon ont su entretenir une bonne capacité d’épargne. À preuve, leur avoir net conjoint (actifs totaux moins les dettes) avoisine déjà les 785 000 $.

Mais cet avoir demeure constitué en majeure partie de la valeur de la maison familiale qu’ils ont acquise il y a deux ans, et dont le prêt hypothécaire est en remboursement accéléré.

Les questions

L’actif financier conjoint de Geneviève et de Simon demeure très concentré dans leur régime de retraite de leur employeur respectif. Ainsi, leurs comptes d’épargne (REER, CELI, REEE, etc.) apparaissent encore largement sous-utilisés.

Dans ce contexte, Geneviève et Simon se préoccupent de plus en plus de ce déséquilibre dans l’évolution de leur avoir net.

« Nous n’avons jamais rencontré de planificateur financier et nous ne savons pas si nous sommes en bonne posture ou non, d’un point de vue financier, mais aussi en termes d’optimisation fiscale », résume Geneviève.

Par exemple, elle se demande s’il est pertinent ou non de constituer un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour son fils de 13 ans, qui amorce sa deuxième secondaire. D’autant que les deux filles de son conjoint en bénéficient déjà dans le cadre de garde partagée avec leur mère.

Geneviève et Simon cherchent donc conseil pour ne pas trop affecter leur budget familial dans la perspective de l’importante diminution de revenus prévue d’ici deux ans.

La situation financière et les questions du couple ont été soumises au planificateur financier André Lacasse, qui dirige la firme Services financiers Lacasse à Brossard.

Les conseils

Assurance vie et contrat de vie commune

D’emblée, André Lacasse prend note de la situation de Simon et Geneviève pour leur recommander deux actions rapides, afin de renforcer les fondations mêmes de leur planification budgétaire et financière.

Dans un premier temps, « Simon et Geneviève devraient effectuer une bonne analyse des besoins de leur famille en assurance vie ».

La raison ? « C’est particulièrement important pour les situations familiales avec des enfants d’âge mineur, parce qu’elle permet d’évaluer le besoin de remplacement de revenus en cas d’incapacité grave ou de décès de l’un ou l’autre de leurs parents pourvoyeurs », explique M. Lacasse.

Aussi, « ce remplacement de revenus est habituellement prévu jusqu’au vingtième anniversaire de chaque enfant, qui est l’âge moyen du début de vie adulte plus autonome ».

Dans un second temps, André Lacasse recommande fortement à Simon et Geneviève de se doter, avec l’assistance d’un notaire, d’un « contrat de vie commune pour conjoints de fait », afin de réduire le risque d’imbroglios dans l’évolution de leur budget et de leur patrimoine familial.

« Comme planificateur financier, je constate que la gestion de l’argent, notamment la répartition des revenus et des dépenses, est souvent la première source de conflit entre des conjoints. C’est aussi un risque accru dans les ménages où il y a un grand écart de revenus et de responsabilités parentales entre les deux conjoints », relate André Lacasse.

« Or, c’est la situation budgétaire dans laquelle se trouvent Simon et Geneviève. Leur écart budgétaire déjà significatif (120 000 $ de revenu et un enfant en garde partagée pour l’un, 90 000 $ en revenu et deux enfants en garde partagée pour l’autre) sera inversé et beaucoup élargi d’ici deux ans par le changement d’emploi envisagé par Geneviève, moins prenant, mais beaucoup moins rémunérateur, alors que son conjoint Simon bénéficiera d’une promotion professionnelle et salariale considérable. »

Par ailleurs, souligne André Lacasse, Simon et Geneviève ont déjà des actifs et des passifs d’usage conjoint et de valeur substantielle : une maison familiale évaluée à 728 000 $ avec une hypothèque de 556 000 $, près de 40 000 $ de dettes de consommation (prêt auto, marge de crédit).

Planification budgétaire et financière

De l’avis d’André Lacasse, c’est à la suite de ces deux étapes prioritaires – assurances vie adéquates, contrat de vie commune – que Simon et Geneviève pourront s’attaquer aux autres éléments de leur planification budgétaire et financière.

Dans un premier temps, et avant les changements majeurs de revenu, M. Lacasse leur suggère de faire un « petit ménage des priorités » parmi leurs éléments d’actif et de passif.

Ça comprend l’établissement rapide d’un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour chacun des enfants.

« C’est important dans leur situation de parents à bons revenus imposables qu’ils évitent de “ gaspiller ” des années de subvention fiscale (à 30 %) avant l’âge limite de 15 ans d’un enfant pour établir son REEE, et l’âge limite de 17 ans pour récupérer l’allocation annuelle de cotisations encore inutilisées », explique André Lacasse.

Ensuite, il recommande au couple d’alléger son passif financier en remboursant sa marge de crédit (14 000 $) le plus rapidement possible, au fur et à mesure de ses disponibilités budgétaires. En contrepartie, le prêt auto peut suivre son cours, tant qu’il sera sans intérêt.

« Considérant leur situation budgétaire, une marge de crédit est coûteuse et inutilement encombrante dans leur bilan financier », estime André Lacasse.

Et une fois cette dette réglée, ils pourront ensuite s’efforcer de combler le montant de cotisations encore largement inutilisées (près de 60 000 $ chacun) dans leur compte d’épargne libre d’impôt (CELI) respectif.

« Après les cotisations d’épargne-retraite sur leurs salaires, le CELI est le meilleur moyen pour faire fructifier leurs épargnes à l’abri de l’impôt. Aussi, en attendant que se précisent les changements significatifs qui sont attendus dans leurs revenus », résume André Lacasse.

« C’est après ces changements, d’ici deux ans d’après ce qu’ils prévoient, que Simon et Geneviève pourront réviser leur planification financière à moyen et à long terme, en fonction cette fois de leurs objectifs en matière de responsabilités parentales et de budget de retraite. »

Entre-temps, suggère André Lacasse, « ils auraient intérêt à maintenir ou renforcer au besoin leurs habitudes d’épargne pour la retraite à l’équivalent de 10 % à 15 % de leurs revenus annuels respectifs ».