Se diriger vers sa retraite sans plan peut occasionner de mauvaises surprises. Comment arriver à redresser la barre et à atteindre ses objectifs ?

Se diriger vers sa retraite sans plan peut occasionner de mauvaises surprises. Comment arriver à redresser la barre et à atteindre ses objectifs ?

LE PROBLÈME

À 55 et 50 ans respectivement, Jean-Pierre et Hélène n'ont jamais pris le temps de planifier leur retraite. Hélène peut compter sur son régime de retraite au travail. Par contre, des problèmes de santé pourraient l'obliger à cesser de travailler plus tôt que prévu si sa situation se dégradait. « Pour l'instant, c'est stable et elle espère travailler jusqu'à 65 ans, mais on ne sait jamais », note Jean-Pierre.

Quant à lui, il est travailleur autonome. Il a tenté de dénicher de l'argent pour sa retraite en effectuant un flip immobilier. Le résultat s'est toutefois révélé plutôt décevant. Il compte donc principalement sur sa résidence principale pour boucler son budget. « Pour en tirer le meilleur prix, je pense que je devrais faire pour 30 000 $ à 40 000 $ de rénovations », souligne-t-il. Si sa santé le lui permet, il pense travailler jusqu'à 70 ans. Il retarderait ses demandes de prestations jusque-là afin qu'elles soient bonifiées.

Le couple possède une grande maison où logent également ses enfants - de jeunes adultes - et les parents d'Hélène. « Mes beaux-parents nous versent 9900 $ par an, mais ça reste entre nous », note Jean-Pierre.

De plus, l'un des enfants est handicapé et pourrait ne jamais travailler. Il reçoit la somme de 900 $ par mois. Il aura vraisemblablement besoin du soutien de ses parents pendant de longues années. L'autre souhaite entreprendre des études universitaires d'une durée de cinq ans.

« Je suis frugal, mais ce n'est pas le cas de ma conjointe, note Jean-Pierre. Notre situation, même si elle n'est pas mauvaise, est pleine d'incertitudes. Un bon plan ne serait pas de refus ! »



LES CHIFFRES

JEAN-PIERRE

Revenus : environ 60 000 $ par année (35 000 $ imposables)

Régime de rentes du Québec (RRQ) (projeté à 65 ans) : 388 $ par mois

Régime enregistré d'épargne-retraite (REER) : 88 000 $

HÉLÈNE

Salaire : 62 000 $ par année

Estimation du régime de retraite de l'employeur en 2033 (65 ans) : 46 970 $ par année

Estimation du RRQ en 2033 : 18 200 $ par année

REER : 49 000 $

Régime enregistré d'épargne-études (REEE) : 40 000 $

Régime enregistré d'épargne-invalidité (REEI) : 55 000 $

Maison : 650 000 $ (marge de crédit hypothécaire de 142 500 $)

Estimation des dépenses annuelles : 68 000 $



LA SOLUTION


Jean-Pierre et Hélène devront faire des efforts afin d'épargner pour leur retraite. La vente de la maison ne sera certainement pas suffisante.



« Miser sur sa maison pour sa retraite est un exercice dangereux, estime André Lacasse, planificateur financier chez Services financiers Lacasse. Si elle est entièrement payée dans 10 ans, par exemple, ça fait un gros montant. Ils vont toutefois devoir se loger quelque part après. »

Il faut aussi prendre en compte les factures des rénovations nécessaires et les autres frais pour la vente et le déménagement.

Si le couple conservait la moitié du fruit de la vente pour se loger et investissait le reste pour sa retraite, ce serait encore insuffisant pour maintenir son train de vie, selon M. Lacasse.

Ensuite, le fonds de pension d'Hélène est un peu moins avantageux qu'il peut sembler l'être, puisque l'estimation de son employeur est en « dollars futurs ». « Il s'agit d'une estimation du montant qu'elle recevra à 65 ans, mais le coût de la vie va augmenter d'ici là », signale M. Lacasse.

Au moins, elle est couverte par une assurance invalidité au travail si jamais sa situation se dégradait. « Ça vaut de l'or dans un cas comme le sien », souligne M. Lacasse.

PLAN D'ACTION

La première tâche à laquelle le couple devrait s'atteler est la réalisation d'un budget. « Avec seulement 140 000 $ de REER, ils vont vraiment devoir épargner dans les prochaines années, note M. Lacasse. Le problème, c'est qu'avec leurs dépenses, ils n'ont pas la capacité de mettre de l'argent de côté. » Avec leur budget, Jean-Pierre et Hélène pourront voir plus facilement comment ils pourront réduire leurs dépenses. Ils pourront ensuite économiser pour leur retraite.

L'idée de Jean-Pierre de travailler jusqu'à 70 ans pour retarder ses demandes de prestations du RRQ et de la pension de la Sécurité de la vieillesse est bonne, selon M. Lacasse. Cela lui permettra d'obtenir un montant bonifié qui sera en plus indexé année après année.

Ensuite, étant donné que ses revenus imposables sont peu élevés, Jean-Pierre devrait privilégier un CELI plutôt que ses REER. « Avec un revenu imposable de 35 000 $ par année, son économie d'impôt n'est pas très élevée, indique M. Lacasse. L'avantage du CELI, c'est qu'il n'aura pas d'impôt à payer au retrait, contrairement au REER. »

Finalement, le couple a eu une bonne idée en investissant dans un REEI pour son fils handicapé. Les cotisations permettent de toucher de généreuses subventions. Une assurance pourrait venir compléter le tout. Elle permettrait de payer les soins de leur enfant lorsqu'ils ne seront plus là. « Il existe des assurances vie conjointes payables lors du dernier décès, explique M. Lacasse. Ce montant pourrait aider leur jeune handicapé. »

MISE EN GARDE

En terminant, M. Lacasse suggère fortement au couple de déclarer dans ses revenus la contribution financière des parents d'Hélène si leur logement est indépendant du leur. Même s'il devra payer de l'impôt sur cette somme et sur une partie du gain en capital à la vente de la maison. « Un revenu non déclaré, c'est un risque énorme, juge-t-il. Premièrement, c'est de l'évasion fiscale. Ensuite, ils pourraient avoir des problèmes avec leurs assurances. » Ils vivent donc actuellement avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

André Lacasse, planificateur financier chez Services financiers Lacasse.