Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Miguel Mediavilla, de Globevest, à Montréal.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse ?

Il n'y a pas eu d'événement majeur cette semaine. Les Bourses nord-américaines ont repris beaucoup de vigueur en février, effaçant toutes les pertes du début de l'année liées à la crise des pays émergents. Cette crise a déjà quitté l'avant-scène, car les marchés considèrent le potentiel de contagion comme étant limité. Cette reprise s'est dessinée malgré des données économiques un peu plus faibles qu'attendu, ce qui montre la confiance des investisseurs à l'égard de l'économie américaine. La Fed a aussi réitéré le fait que la réduction des achats d'obligations était conditionnelle à une bonne croissance économique.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement ?

Nous regardons beaucoup le VIX (la volatilité du SP500 sur 30 jours), ainsi que la volatilité implicite des options sur un an. Ces indicateurs permettent de voir le degré de nervosité des marchés ainsi que la rentabilité de certaines stratégies de rechange.

Actuellement, le VIX est faible, ce qui indique que les investisseurs ont bon espoir que les 30 prochains jours seront relativement calmes. Par contre, sur un an, il y a plus d'incertitude, ce qui permet de vendre des options de vente à bon prix.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir ?

Selon nous, tant les obligations que les actions vont décevoir les investisseurs dans les prochaines années. Tout comme l'a indiqué la Caisse de dépôt et placement du Québec cette semaine, il faut se tourner vers des stratégies de rechange. La vente d'options de vente est une stratégie qui se démarque dans un environnement stagnant (plus de 10 % annuel depuis 2008). Le fonds de vente d'options de vente de Globevest Capital est un exemple de fonds alternatif offert aux investisseurs au détail.

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Nous pensons que les obligations à long terme vont baisser d'ici la fin de l'année. Les obligations 30 ans pourraient facilement perdre 10 % d'ici la fin d'année.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus ?

Comme de nombreux investisseurs, sous sommes d'avis que la croissance économique sera au rendez-vous. Le marché immobilier américain va connaître une excellente année, le niveau des stocks est bas et le nombre de nouvelles constructions ne suffit pas pour combler la croissance du nombre de ménages.

Cette croissance fera en sorte que le taux de chômage passera sous les 6 %, et certaines pressions quant aux salaires commenceront à apparaître. D'ici la fin de l'année, la Fed aura mis fin à ses achats d'obligations à long terme et les taux d'intérêt 10 ans augmenteront sensiblement.

Cette hausse des taux obligataires jumelée à des cours/bénéfice élevés (la Bourse ayant pris de l'avance sur la croissance des profits l'an dernier avec une hausse de plus de 30 %) avec en toile de fond un vieillissement démographique fera en sorte que les marchés boursiers auront de la difficulté à progresser dans les prochaines années. Une période de rendements très modestes est à prévoir, ce qui devrait décevoir les investisseurs.

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Miguel Mediavilla est cofondateur et gestionnaire de portefeuille chez Globevest Capital, boutique d'investissement de Montréal fondée en 2002. L'actif sous gestion y dépasse les 600 millions de dollars (les actifs du fonds alternatif sont d'environ 230 millions). Les stratégies de placement de la firme s'appuient sur les produits dérivés.