Les pirates informatiques font des ravages dans les boîtes courriels. Ils prennent le contrôle de votre adresse courriel, puis ils utilisent votre nom pour extorquer de l'argent à tous vos contacts en leur faisant croire que vous êtes en danger.

 

 

- Je me suis faite agresser. Je me trouve au Mali. J'ai tout perdu téléphone portable et carte bancaire. Même pas un seul rond en poche. Un véritable cauchemar. Pourrais-tu m'aider en m'envoyant un peu d'argent, 2400$ où ce que tu peux me prêter (sic).

Les quelque 800 contacts de Sylvie Carole Turcotte ont reçu ce courriel à la fin de novembre. Durant trois jours, elle a reçu 183 appels de ses amis, parents, clients et partenaires d'affaires qui voulaient savoir si elle se portait bien. À sa connaissance, personne n'a mordu à l'hameçon. Mais depuis trois semaines, la dame se démène pour reprendre le contrôle de son ordinateur.

«C'est une agression quand on entre dans ta vie privée comme ça», dit-elle.

Outre son adresse Gmail, les pirates ont joué dans son blogue et dans son compte Skype. En surfant sur le web, ils ont trouvé sa date de naissance et le nom de fille de sa mère, ce qui leur a permis de modifier le mot de passe de son autre compte de courriel. Les malfaiteurs ont aussi pris le contrôle de sa page Facebook, d'où ils ont clavardé avec ses amis.

- Pourrais-tu m'envoyer un peu d'argent?

- Non, il faut prévenir ta famille

- Sache que je te rembourserai dès mon retour

- J'en suis sûr, mais puisque tu as été agressé, peut-être es-tu sous pression et qu'on te force à écrire tes mots

- Non pas du tout, j'ai juste besoin d'argent pour payer la note de l'hôtel et mon billet de retour

- Combien as-tu besoin?

- 2000 dollars

Mme Turcotte est loin d'être un cas à part. En juin dernier, des pirates informatiques ont violé le compte Gmail de centaines d'internautes, dont plusieurs dirigeants du gouvernement américain. À partir de la Chine, les escrocs ont piraté leurs boîtes courriel à l'aide de logiciels malveillants ou de techniques d'hameçonnage, a expliqué Google.

Mme Turcotte s'est justement fait attraper avec une série de courriels supposément envoyés par Google qui lui demandait de mettre à jour certains renseignements (nom, date de naissance, question secrète, etc.) sans quoi son compte Gmail disparaîtrait dans les 72 heures. «C'était tellement bien fait, c'était à s'y méprendre», se désole-t-elle.

D'autres internautes reçoivent un appel ou un courriel d'un soi-disant représentant de Microsoft qui leur offre d'installer un logiciel anti-virus pour combattre un supposé virus dont l'ordinateur serait infecté.

Quand les internautes donnent accès à leur ordinateur, le fraudeur y installe un logiciel malveillant qui peut subtiliser leurs données personnelles et bancaires, ou encore transformer leur ordinateur en zombie (botnet) pour ensuite s'en prendre à leur réseau de contacts.

Au Canada, la fraude de l'anti-virus a atteint des proportions épidémiques, constate la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) qui a fait une mise en garde, cet automne. Cette arnaque représente jusqu'à 80% des cas de fraude signalés quotidiennement au Centre anti-fraude de la GRC.

La semaine dernière, l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) lançait aussi un avertissement: les fraudeurs peuvent voler des renseignements aux personnes qui utilisent les réseaux sociaux comme Facebook ou qui se servent d'un accès public Wi-Fi souvent offert gratuitement dans les cafés, les halls d'hôtel et les aéroports. Certains points d'accès frauduleux captent les renseignements personnels des utilisateurs.

Une fois l'ordinateur compromis, l'internaute doit se débattre pour retrouver sa vie privée. Mme Turcotte a pris le taureau par les cornes. Elle porté plainte à la police. Elle a alerté ses institutions financières et les agences de crédit Équifax et TransUnion. Elle a averti tous ses contacts de l'arnaque, notamment avec un message sur son répondeur. Elle a fait débloquer son adresse courriel et nettoyer son ordinateur par une firme spécialisée. Elle a modifié tous ses mots de passe.

Mais comme il vaut mieux prévenir que guérir, voici quelques conseils pour éviter la fraude:

> Sécurisez votre ordinateur à l'aide d'un pare-feu, d'un anti-virus, d'un anti-logiciel espion, etc.

> Sécurisez votre page Facebook. Suivez la marche à suivre qui est très bien décrite sur le site web. N'acceptez pas les demandes d'amitié de gens que vous ne connaissez pas. Ne mettez pas d'informations névralgiques (ex: nom des enfants, adresse, date de départ en vacance, date de naissance complète, etc.).

> N'utilisez pas des points d'accès Wi-Fi publics pour accéder à des données confidentielles.> Méfiez-vous des courriels ou des appels qui vous demandent de l'information personnelle. Ils proviennent certainement de malfaiteurs.

> Utilisez des mots de passe difficiles à deviner (pas votre date de naissance, votre adresse, etc.). Choisissez des mots de passe différents pour chaque application, compte bancaire, carte de crédit, etc. Changez-les souvent.