Julie et Francis ont de (très) nombreux projets.

Tous les événements du début d'une vie commune se télescoperont au cours des prochaines années.

Ils prévoient rembourser une marge de crédit de 10 000$ engagée pour rénover leur condo, dépenser 10 000 autres dollars pour terminer ces travaux, avoir un premier enfant en 2013, puis acheter une résidence plus vaste en prévision d'un deuxième enfant. Pour compliquer les choses, Francis veut entreprendre en septembre prochain des études doctorales à temps plein, étalées sur quatre ans. Et un troisième enfant est prévu dans ce programme très complet.

«Mon conjoint et moi avons quelques questions concernant nos finances personnelles», exprime Julie. On les comprend.

Pendant ses études, Francis toucherait des bourses d'études et obtiendrait des charges de cours qui lui permettraient de maintenir un revenu annuel estimé à 35 000$. Il gagne actuellement 58 000$. Julie reçoit actuellement un salaire de 62 000$.

Leur condo, d'une valeur approximative de 310 000$, est grevé d'une hypothèque de 230 000$.

«Quels sont les coûts annuels associés à la venue d'un enfant? demande Julie. Et pour trois enfants?»

Bref, comment jongler avec toutes ces balles?

Un programme de 10 ans

L'exercice est intéressant. Il a été pris en charge par la planificatrice financière Hélène Bronsard, vice-présidente chez Raymond Chabot Gestion privée.

«J'ai été surprise de leurs questions de retraite, alors qu'il y avait tant de questions et d'événements à court terme qui auront un impact important sur leur vie financière», observe-t-elle.

Elle s'est donc d'abord attaquée à la synchronisation des projets du couple.

«Dans une première étape, j'ai choisi d'évaluer leur faisabilité financière sur 10 ans, en dollars constants pour faciliter la simulation, c'est-à-dire sans tenir compte de l'inflation ni d'augmentation salariale dans le même emploi», explique-t-elle.

Notre planificatrice financière élargit pour l'occasion son expertise à la planification des naissances, qu'elle case à intervalle de trois ans à partir de 2013.

Parcourons avec elle ces années.

En 2011, Julie touchera un revenu net de 36 876$. Francis, pour sa part, retournera aux études en septembre. Il empochera 26 300$ en salaire net jusqu'en août, puis 2460$ en charges de cours et 9333$ en bourses. Du revenu net de 75 000$ du couple seront soustraites des dépenses de 49 000$, dont 2350$ en dépenses d'études.

Le couple rembourse en 2011 sa marge de crédit de 10 000$. En bout d'année, ils épargnent tout de même 15 900$, mis en réserve.

Au programme de 2012 apparaissent les travaux de rénovation de 10 000$ au condo et les droits de scolarité de 7000$ de Francis. Mais, bien qu'il ait quitté son emploi, son revenu net ne baisse que d'environ 3000$, lorsqu'on additionne ses charges de cours augmentées à 8000$, ses bourses non imposables de 27 000$ et les divers crédits pour études. Le couple peut encore ajouter 8000$ à ses épargnes, pour ainsi les porter à 24 100$.

Le premier enfant apparaît en 2013. Le salaire de Julie est remplacé par des prestations parentales de 20 000$, entraînant une baisse de ses revenus nets de 47%. «Selon mes recherches auprès de parents ayant trois enfants et plus, un enfant coûte de 5000 à 6000$ par année», signale Hélène Bronsard. Elle ajoute donc 6000$ aux dépenses.

Cette fois, un déficit de 4700$ doit être épongé avec l'épargne accumulée jusqu'alors, ce qui abaisse la réserve à 19 400$.

En 2014, Julie retourne au travail à temps plein, ce qui permet de regonfler le coussin d'épargne à 31 500$. Il sera fort utile en 2015.

C'est l'année où l'achat d'une plus grande propriété est prévu, pour la mise de fonds de laquelle il faudra puiser 30 000$ dans les épargnes.

«Le coût total du logement incluant le remboursement hypothécaire ne devrait pas excéder 30% du revenu net», rappelle au passage notre planificatrice.

La nouvelle propriété ajoute 7440$ aux dépenses. Toutefois, Francis termine ses études ce même été. Il touchera ensuite un revenu annuel brut estimé à 46 000$. Malgré tout, les revenus excèdent de 10 200$ les dépenses, ce qui maintient la réserve à 11 800$.

En 2016, la venue d'un deuxième enfant diminue les revenus et augmente les dépenses de 6000$, de telle sorte qu'aucune épargne n'est versée dans la réserve.

Routine bien installée

Le couple est ensuite bien installé dans sa routine. En 2017 et 2018, il peut épargner 16 900$ par année. La venue du dernier enfant, en 2019, entraîne un déficit de 5975$, que la réserve bien garnie permet d'éponger sans difficulté.

À partir de 2020, les revenus - et la famille - sont à leur niveau maximal et le ménage atteint sa vitesse de croisière. Le couple additionne désormais des surplus budgétaires annuels de 10 900$.

Ce sera alors le moment de songer aux épargnes de retraite.

«S'ils sont disciplinés, qu'ils accumulent les surplus afin de sécuriser la réalisation de leurs projets en toute quiétude financière, et qu'ils prennent les bonnes décisions, le portrait des prochains 10 ans s'annonce réalisable... et harmonieusement, dirais-je», commente Hélène Bronsard.

Un solide programme...

LA SITUATION

Julie et Francis, tous deux âgés de 28 ans, prévoient des rénovations à leur condo, trois enfants, l'achat d'une propriété plus grande, alors que Francis s'apprête à commencer un doctorat de quatre ans. Et ils songent à planifier leur retraite... Un programme réalisable?

LES DONNÉES

Julie, 28 ans

Revenu: 62 000$

Épargne retraire avec l'employeur: 6000$

REER: 1000$

CELI: 1000$

Francis, 28 ans:

Revenu: 58 000$

Épargne non enregistrée: 15 000$

Propriété: condo de 310 000$

Prêt hypothécaire: 230 000$

Marge de crédit: 10 000$

LE CONSTAT

Avec un imposant tableau qui tient compte, année après année, des diverses sources de revenus, de l'évolution des dépenses et de l'impact des différents projets, notre planificatrice démontre que le couple se constitue une réserve qui lui permet de soutenir les chocs budgétaires pendant dix ans.

«Francis devrait se retrouver dans un environnement avec régime de retraite à prestations déterminées tandis que Julie devra capitaliser par elle-même sans participation importante de l'employeur. Il faudra intégrer cette donnée dans leurs considérations budgétaires dans 10 ans.