Est-ce que les Québécois épargnent trop pour la retraite? Non, non et non! répond la Régie des rentes du Québec, en réaction à une étude controversée, publiée par la firme Morneau Sobeco la semaine dernière.

«Dans les faits, la majorité des travailleurs à revenu moyen n'arrivent pas à épargner suffisamment», insiste Pierre Plamondon, l'actuaire en chef de la Régie des rentes du Québec (RRQ).

La situation est alarmante, comme le démontre une étude menée par la RRQ de 2003 à 2007. Durant cette période de cinq ans, 30% des travailleurs de 30 à 54 ans n'ont fait aucune contribution, ni dans leur REER, ni dans un régime parrainé par leur employeur.

«Il existe également un problème d'assiduité à l'épargne», note M. Plamondon. Chez les travailleurs qui gagnent entre 40 000$ à 50 000$ (40% de l'ensemble de la main-d'oeuvre), seulement 60% des gens ont cotisé de façon continue, année après année.

Dans ce contexte, «on se rend compte que près de la moitié des travailleurs ne seront pas en mesure d'atteindre un taux de remplacement du revenu de 60% à la retraite», considère M. Plamondon.

Au rythme actuel, une bonne partie de la classe moyenne n'atteindra pas ses objectifs de retraite, démontrent les chiffres de la RRQ. Ce pronostic tranche avec celui de Morneau Sobeco.

La règle des 70%

Dans son étude, l'actuaire en chef de Morneau Sobeco soutenait que les Canadiens n'auront pas besoin de 70% de leurs revenus à la retraite, comme le veut la règle générale, mais de seulement 50%.

Par exemple, une famille de deux adultes et deux enfants qui dispose d'un revenu de 100 000$, pourrait vivre avec des revenus de retraite de 50 000$, sans altérer sa qualité de vie.

C'est ce qui permettait à Morneau Sobeco d'affirmer qu'une cohorte importante de Canadiens épargne trop pour la retraite. C'est le cas des employés de la fonction publique et de certaines grandes entreprises, qui fournissent l'équivalent de 70% du salaire final, aux employés qui ont cotisé pendant 35 ans.

Mais cette affirmation a fait bondir la RRQ. «Des régimes de retraite «Cadillac» comme ceux-là couvrent environ 27% de la main-d'oeuvre au Québec», dit M. Plamondon. Un autre quart de la main-d'oeuvre bénéficie d'un régime de retraite, mais moins généreux. Et la moitié des travailleurs québécois n'ont droit à aucun régime de retraite par l'entremise de leur employeur. Ils doivent se débrouiller seuls.

Autre critique de la RRQ: «Les auteurs utilisent le cas d'une famille ayant deux enfants et dont le revenu annuel est de 100 000$. Cette situation n'est pas celle du ménage québécois moyen, qui a plutôt un revenu annuel autour de 60 000$», note M. Plamondon.

Il convient que la règle des 70% n'est pas une règle absolue. «On ne peut pas l'appliquer à tout le monde, on est bien d'accord.»

Pour les salariés à plus faibles revenus (moins de 25 000$ par année), les régimes publics permettront de maintenir le niveau de vie à la retraite. À l'opposé, les plus haut salariés peuvent probablement s'en sortir avec un peu moins que 70%.

«Mais pour le travailleur moyen qui gagne à peu près 40 000$, on constate que les 70% sont tout à fait adéquats», assure l'actuaire.

Pour en avoir le coeur net, les épargnants peuvent consulter l'outil simulRetraite et SimulR, sur le site web de la RRW (www. rrq.gouv.qc.ca).