Intérêts à 19%, frais annuels, frais de change... Les cartes de crédit coûtent déjà très cher aux consommateurs. Et voilà que certains commerçants surfacturent les clients qui paient avec leur carte de crédit.

Quoiqu'interdites, ces surcharges sont assez fréquentes aux États-Unis, au Costa Rica, en République Dominicaine, nous ont rapporté des touristes. «Quand on voyage, ce n'est pas du tout respecté», s'exclame Louis, qui a dû verser deux fois 30$ de surcharge pour la réservation d'une maison en Caroline du Sud.

Au Québec, certains commerçants font de même. Par exemple, Serge Noël a fait face à une surcharge 200$ lorsqu'il a voulu racheter son véhicule à la fin de sa période de location, en juin dernier.

Il souhaitait régler la transaction d'environ 10 000 $ avec sa carte de crédit. Mais Grenier Volkswagen l'a freiné. Au-delà d'une première tranche de 2000$ sans frais, le concessionnaire exigeait des frais de 25$ par tranche de 1000$. Pour 8000$, la surcharge de 2,5% lui aurait coûté 200$.

Il a finalement décidé de payer comptant, après s'être plaint à l'émetteur de sa carte de crédit qui n'a pas donné suite. Pourtant, les règles internes de Visa et de MasterCard interdisent la surfacturation. «Nous croyons que la surfacturation est néfaste pour les détenteurs de cartes puisqu'elle transfert injustement le coût du paiement électronique sur le dos des consommateurs», a indiqué à La Presse, Teri Broughton, porte-parole de Visa Canada.

Il faut savoir que Visa et Master Card imposent des frais aux marchands chaque fois qu'un client paie avec une carte de crédit.

Chez Visa, les frais d'interchange varient entre 1,36% et 1,65% du montant de la transaction pour les cartes de crédit classique, «Or» ou «Platine». Ils atteignent 1,56% à 1,85% pour les cartes «Infinite» qui offrent plus de récompenses au détenteur.

Les commerçants se plaignent que Visa et MasterCard ont considérablement relevé les frais, ces dernières années. Ils ont l'impression de financer la stratégie de développement des géants du crédit qui attirent la clientèle avec des programmes de récompenses de plus en généreux.

«Nous, on a des frais imposés par Visa», explique Louis Grenier, propriétaire de Grenier Volkswagen. C'est pourquoi il n'accepte pas les cartes de crédit pour le rachat d'un bail, une transaction sur laquelle il ne fait pas de profit, dit-il.

Mais Visa rétorque que les frais d'interchange font partie des coûts généraux d'une entreprise, au même titre que le loyer ou l'électricité. Les commerçants devraient donc intégrer les coûts du paiement électronique dans leurs prix. «Le prix affiché devrait être le prix que les clients paient», insiste Mme Broughton.

Visa encourage les Canadiens qui se sont vu imposer une telle surcharge à s'en plaindre auprès de l'émetteur de leur carte ou à écrire à l'adresse suivante : demandezavisacanada@visa.com

Des groupes de défense de consommateurs aurait aimé qu'Ottawa interdise formellement les surcharge dans le code de déontologie qu'il vient d'imposer à l'industrie du paiement. Mais le gouvernement a choisi une autre option : désormais les commerçants peuvent accorder un rabais aux clients qui paient comptant ou débit. Une solution qui revient un peu au même et qui permettrait de rétablir l'équilibre entre les consommateurs.

Les pauvres subventionnent les riches

En effet, les cartes de crédit privilège ont été sévèrement critiquées par la Federal Reserve Bank of Boston, dans une étude publiée en juillet. Avec ces programmes de récompenses, les pauvres subventionnent les riches, disent les auteurs.

Les ménages qui utilisent une carte privilège, généralement les familles les mieux nanties, reçoivent 1482 $US par année en moyenne, démontre l'étude.

Or, les détaillants chargent plus cher à l'ensemble des clients, puisque leurs prix intègrent les frais de transaction plus élevés des cartes de crédit.

Ainsi, les consommateurs qui paient comptant, souvent des ménages à faibles revenus, se trouvent à financer les primes de ceux qui ont une carte privilège. Chaque ménage qui paie comptant transfert ainsi 151 $US, par année.