Les bas de Noël sont accrochés au-dessus du foyer. Ne reste qu'à les remplir, certes, mais ce n'est pas toujours évident. Surtout quand il est question de produits financiers. La Presse Affaires a demandé à quatre spécialistes de jouer au Père Noël, qui ont gentiment accepté de se prêter au jeu, sans même exiger des biscuits et du lait. Chacun d'entre eux disposait de 5000$ pour remplir un bas de Noël, dans l'espoir qu'il prenne du coffre dans l'année qui vient. Voici leurs suggestions pour gâter les petits investisseurs au matin du 25 décembre.

Gabriel Lancry, administrateur Associé, ScotiaMcLeod

Il y aura certainement un peu de fertilisants dans le bas de Noël rempli par Gabriel Lancry. Pas dans l'espoir de le faire pousser, mais bien pour le faire fructifier. «Pour 2010, les matériaux sont parmi mes top secteurs, affirme-t-il. Ça comprend les métaux de base et mes chers fertilisants. Ceux-là seront encore très porteurs dans le marché.»

Les titres énergétiques sont également attrayants aux yeux de M. Lancry. Tout comme ceux des banques canadiennes, dont les dividendes ont été gelés, certes, mais pas coupés.

Pour aller placer tout ça dans un bas de Noël de 5000$, vaut mieux aller vers les fonds négociés en Bourse pour éviter les frais élevés, estime M. Lancry. Et pour 5000$, il est difficile de faire de la sélection de titres. «Il n'y a pas d'effet de levier», précise M. Lancry.

Il propose de placer un premier 1000$ dans le fonds XEG, qui piste le sous-indice de l'énergie au TSX. Le deuxième cadeau sera 1500$ de parts dans le fonds XMA, basé sur les matériaux, et qui inclut des titres comme Potash Corp. On retrouvera aussi un autre 1500$ dans le fonds XFN, pour profiter des dividendes des financières canadiennes.

«Pour le dernier 1000$, je me garde une petite gêne», dit M. Lancry. Tout dépend quel nom est inscrit sur le bas de Noël.

«Si l'investisseur a une faible tolérance au risque, allons vers le revenu fixe, même si je dis qu'il n'y aura pas d'argent à faire dans les obligations en 2010», dit M. Lancry. Il propose ainsi le FNB XCB, constitué d'obligations de sociétés canadiennes.

«Pour celui qui est un plus rock'n'roll, je suggère d'aller vers les marchés émergents avec le XEM», précise M. Lancry.

Le bas de Noël de Gabriel Lancry

Fonds XEG (énergie): 1000$

Fonds XMA (matériaux): 1500$

Fonds XFN (financières): 1500$

Fonds XCB (obligations de sociétés canadiennes) ou fonds XEM (marchés émergents, Bourse de Toronto): 1000$

----------------

François Bourdon, chef des placements adjoint, Fiera Capital

«Le thème général, c'est que si on fait du 4 ou du 5%, ce sera bon», dit d'emblée François Bourdon.

Il remplit lui aussi son bas de Noël avec des fonds négociés en Bourse (FNB). Le principal cadeau sera un fonds d'obligations canadiennes à court terme, pour 2000$. «On pense que les taux vont monter en général, c'est pourquoi on achète des obligations à court terme», explique M. Bourdon.

On trouvera aussi dans le bas de Noël trois autres participations de 1000$ dans un fonds d'obligations corporatives américaines, un fonds qui piste le S&P TSX, et un autre qui réplique le S&P 500.

Au total, le bas de Noël ne contiendra pas plus de 40% d'actions.

«L'idée, c'est que les marchés boursiers ont très bien fait et reflètent suffisamment les fondamentaux», précise M. Bourdon.

Son portefeuille d'actions est diversifié. «Il n'y a pas de secteur qui nous semble vraiment plus porteur à ce stade-ci. Et pour un compte de 5000$, faire des choix très précis, c'est courir après le trouble. Les risques de se tromper sont importants.»

Ce bas de Noël offre aussi une exposition de 40% au dollar américain. «On pense que la descente du billet vert est surfaite. Il va se stabiliser et probablement revenir au courant de l'année.»

Le bas de Noël de François Bourdon

Fonds XSB (obligations canadiennes à court terme): 2000$

Fonds LQD (obligations corporatives américaines): 1000$

Fonds XIC (actions canadiennes): 1000$

Fonds SPY (actions américaines): 1000$

----------------

Luc Girard, directeur du groupe-conseil en portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins

Un Noël exotique? Luc Girard mise sur les marchés émergents pour remplir la moitié de son bas de Noël. Il offre ainsi une participation de 2500$ dans le GMM, un fonds négocié à la Bourse de New York et collé sur l'indice S&P des marchés émergents.

En plus d'avoir une pondération très importante (environ 40%) dans les pays du BIC (Brésil, Inde et Chine), ce FNB est aussi très présent dans les secteurs cycliques comme les ressources naturelles et l'énergie, ce qui plaît bien à Luc Girard. De l'autre côté, le secteur des financières, qui suscite parfois certaines craintes dans les pays émergents, ne représente que 20% de l'indice pisté.

M. Girard offre aussi un autre cadeau plus tourné vers la valeur: le fonds XSP, qui reproduit le S&P 500 et qui est couvert contre les fluctuations des devises. «Le dollar américain va probablement continuer à être touché, estime M. Girard. En se protégeant, cela permet d'aller chercher le plein potentiel des 500 plus grosses entreprises américaines. Et le ratio de frais de gestion est de 0,24% seulement.»

La distribution de l'indice S&P 500 permet aussi de ne pas aller chercher les mêmes secteurs que le GMM.

Ce bas de Noël n'a toutefois rien de canadien. «Acheter du canadien, ce serait aller dans la même direction que les marchés émergents», précise M. Girard. Il privilégie la deuxième option, de sorte que son bas de Noël offre «une diversification complète à travers le monde». Quel cadeau de Noël peut en faire autant?

Le bas de Noël de Luc Girard

Fonds GMM (marchés émergents, Bourse de New York): 2500$

Fonds XSP (S&P 500, protégé contre les devises): 2500$

---------------- Marc L'Écuyer, gestionnaire de portefeuille, Cote 100

Le bas de Noël de Marc L'Écuyer sera bien rempli de certificats d'actions canadiennes (4000$). «On privilégie actuellement ces titres surtout en raison de la valorisation, explique-t-il. Le marché canadien est attrayant.»

Plusieurs titres vont se retrouver dans la chaussette, mais en voici quatre parmi les préférés de M. L'Écuyer.

Dans le secteur de l'énergie, le producteur Nexen est dans ses bonnes grâces. Le pétrole représente 80% de la production de cette entreprise, d'où le potentiel. «La croissance des pays émergents entraînera une croissance de la demande plus forte dans le pétrole que dans le gaz», précise M. L'Écuyer.

Dans le secteur financier, M. L'Écuyer choisit Manuvie. «Malmené depuis deux ans, Manuvie a une évaluation attrayante comparativement aux grandes banques canadiennes, affirme-t-il. Il y a un bon potentiel de revirement.»

Le titre de CGI a aussi sa place dans le bas de Noël de Marc L'Écuyer. «CGI a un modèle d'affaires stable, elle a plus d'encaisse que de dettes et une évaluation attrayante.»

Le titre du fabricant de suppléments naturels Atrium représente aussi une bonne occasion pour Noël, croit-il. «Nous avons bien confiance en la direction de l'entreprise, et le titre n'est vraiment pas cher, en bas de 10 fois les profits.»

Le gestionnaire de portefeuille complète son bas de Noël avec un peu de revenu fixe. «On achète le fonds XCB, où on retrouve toutes les plus grosses émissions d'obligations de sociétés canadiennes. Le rendement est un peu plus élevé que les obligations du gouvernement, sans énormément de risque.»

Le bas de Noël de Marc L'Écuyer

Fonds XCB (obligations de sociétés canadiennes): 1000$

Actions canadiennes (dont Nexen, Manuvie, CGI et Atrium): 4000$