La banque d’affaires Morgan Stanley célèbre cette semaine le 15anniversaire de l’implantation à Montréal de son centre de développement technologique, qui vient de connaître une expansion accélérée, alors que ses effectifs ont doublé au cours des trois dernières années. Sophia Bennaceur, responsable régionale du centre technologique Morgan Stanley Montréal, nous explique le mandat de cette antenne de l’institution new-yorkaise et les raisons de sa forte poussée de croissance des dernières années.

C’est en juin 2008 que Morgan Stanley a pris pied à Montréal en reprenant les activités des quelque 200 spécialistes des TI de la firme Compuware, qui développait des logiciels pour elle.

Courtisée par le gouvernement québécois, l’entreprise a décidé de faire de Montréal un de ses centres de développement des technologies de l’information, ce qui lui donnait droit aux crédits d’impôt de 30 % sur les salaires de ses développeurs.

« Je me suis jointe il y a sept ans au Centre technologique de Montréal à titre de chef des opérations, on était alors 800 employés. Aujourd’hui, on est rendus à 2800 collaborateurs, ce qui fait de Montréal le troisième centre technologique en importance de la Morgan Stanley après l’Inde (Bombay et Bangalore) et New York.

« La Banque s’est établie à Montréal en raison du bassin de talents en TI et du pool universitaire important qu’on y retrouve, ce qui en fait un écosystème à très fort potentiel. On est en temps direct avec New York, ce qui est aussi un avantage », souligne Sophia Bennaceur, en poste depuis un an maintenant comme grande responsable des activités du bureau de Montréal.

La pandémie de COVID-19 a été un accélérateur du développement des activités de Morgan Stanley à Montréal, alors que ses effectifs sont passés de 1400 à 2800 collaborateurs en moins de trois ans.

Plusieurs facteurs expliquent ce boom important. Le Centre technologique de Montréal soutient le développement applicatif et celui de tous les systèmes de la banque, que ce soit des logiciels d’investissement sur titre, de gestion de patrimoine ou d’instruments financiers, la conformité, les ressources humaines et l’aspect légal.

« Au cours des dernières années, on a intégré de nouvelles fonctionnalités sur les activités de change et sur la réglementation, et il y a eu la migration sur l’infonuagique et l’accélération de la numérisation avec l’intégration des données et de la cybersécurité.

« Il y a la nécessité permanente de faire évoluer les systèmes, on a beaucoup recruté au cours des trois dernières années en allant chercher des spécialistes de tous les domaines, de l’aéronautique aux jeux vidéo, on a recruté à l’international en participant aux missions de Montréal International et on a aussi sollicité le réseau universitaire », explique Sophia Bennaceur.

Il y a deux semaines, Morgan Stanley a embauché 100 stagiaires qui venaient de terminer leur session universitaire, et va même jusqu’à recruter dans les cégeps montréalais.

« On les embauche durant l’été et certains vont rester avec nous tout en poursuivant leurs études. Au cours des 10 dernières années, on a embauché 489 diplômés universitaires qui sont devenus analystes », expose la gestionnaire.

Pas juste les crédits d’impôt

Deuxième banque d’investissement en importance aux États-Unis, tout juste derrière Goldman Sachs, Morgan Stanley est présente dans 42 pays et compte 80 000 collaborateurs dans le monde. Ses activités de TI mobilisent près de 30 000 personnes à l’échelle mondiale.

« Le Centre technologique de Montréal représente 10 % des activités globales en TI de Morgan Stanley. On ne fait pas seulement du développement de logiciels, on a aussi un centre de cybersécurité, un centre d’intelligence artificielle, et on fait même du numérique quantique avec le premier ingénieur en quantique du groupe en Amérique du Nord », explique avec fierté la responsable montréalaise.

Outre les crédits d’impôt qui ont été un facteur dans la décision de la banque américaine de s’implanter à Montréal, il y a aussi le fait que la métropole québécoise affiche les coûts d’exploitation les moins élevés en Amérique du Nord.

« On est un centre de coût pour la banque, mais on offre des économies et on peut compter sur un vivier de talents important, des gens de qualité qui ont les capacités de développer. La vaste majorité de notre personnel dirigeant est avec nous depuis plus de 10 ans », souligne la dirigeante.

Au cours des trois dernières années, le Centre technologique de Morgan Stanley à Montréal a recruté 250 travailleurs étrangers permanents.

« On a une belle diversité, avec 68 nationalités différentes. On a un comité de francisation et on offre des cours de français à nos collaborateurs », poursuit Mme Bennaceur.

L’entreprise fait aussi largement appel aux grands bureaux de conseil informatique comme CGI ou Levio, dont les consultants représentent 45 % des effectifs du centre montréalais, alors que les employés internes constituent la majorité des 2800 collaborateurs.

« On a toujours besoin de consultants externes. Je pense qu’on entre dans une période de consolidation où on doit bien intégrer nos nouveaux collaborateurs pour qu’ils s’imprègnent de la culture de l’entreprise, mais il y a encore un grand potentiel de croissance.

« La transformation numérique se poursuit, on est toujours dans l’intégration à l’infonuagique et le développement de l’intelligence artificielle. Il y a encore de l’appétit pour la croissance », anticipe Sophia Bennaceur.