Québec octroie une subvention de plus de 1,5 million pour relancer un programme de jumelage linguistique entre des étudiants universitaires et des petits commerçants montréalais.

Mis sur pause au début de la pandémie, ce programme vise à développer les compétences linguistiques de petits entrepreneurs anglophones et allophones et à favoriser l’usage du français comme langue de travail dans les commerces de Montréal, où on constate un déclin.

Il consiste à jumeler un étudiant en linguistique et un petit commerçant sur les lieux de travail : propriétaire d’un dépanneur, d’un salon de coiffure, de manucure, etc.

Intitulé « J’apprends le français », ce projet a été créé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) en 2016. Le nombre de jumelages étudiant-commerçant est passé de 30 en 2017 à 900 deux ans plus tard.

« Cela a permis de rejoindre pas moins de 748 commerçants », a précisé la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, en conférence de presse mardi matin.

Ce programme constitue une offre complémentaire à l’offre de cours de francisation du gouvernement, a souligné la ministre. « Il permet de rejoindre des commerçants qui ne peuvent pas s’absenter de leurs commerces pour se prévaloir des services du ministère. Donc, ça leur permet de servir des clients en français, tout en évitant de réduire leur productivité. »

Selon le président de la Chambre, Michel Leblanc, si plusieurs petits commerçants ne parlent pas français, « ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas apprendre » cette langue, mais parce que « ce sont des gens qui travaillent souvent très fort ».

Près de 400 commerçants ont déjà manifesté leur intérêt pour ce programme, qui devrait démarrer en septembre avec une première session de 120 jumelages.

« Notre contrainte n’est pas de trouver des commerçants, c’est d’effectuer le jumelage avec suffisamment d’étudiants pour aller sur le terrain », a précisé M. Leblanc.

Junko Katsuta, 40 ans, fait partie des commerçants intéressés. Originaire du Japon, elle est arrivée au Canada il y a 10 ans pour travailler dans un salon de coiffure de Toronto. Puis, elle a décidé de déménager au Québec, où elle a trouvé un emploi de coiffeuse dans un salon de la rue Saint-Mathieu, dans le centre-ville, qu’elle a fini par acheter.

« C’est vraiment dur de suivre des cours de français en travaillant à temps plein », a-t-elle expliqué en anglais, en marge de la conférence de presse.

Les étudiants recrutés, payés 23 $ l’heure, vont jouer un rôle d’accompagnateur auprès des commerçants participants.

Cette initiative sera accompagnée d’une campagne de promotion pour inciter les clients qui entrent dans les commerces participants à s’adresser aux employés en français.

Le ministère compte mesurer le succès de ce programme avant de le pérenniser, en se basant sur le nombre de participants, la progression de la connaissance du français et l’intérêt des participants pour l’offre de cours de francisation du gouvernement.