La minière suisse Glencore affirme être prête à présenter son offre d’achat directement aux actionnaires de Teck Resources si le conseil d’administration de l’entreprise refuse de discuter avec elle de sa proposition non sollicitée.

« Nous pensons qu’avec des discussions, nous pourrions encore améliorer la structure, les conditions et la valeur de notre proposition, ce qui serait dans l’intérêt supérieur de tous les actionnaires de Teck », a expliqué jeudi Glencore dans un communiqué. Il s’agissait de ses premiers commentaires publics depuis que Teck a annulé un vote clé de ses actionnaires, qui devait avoir lieu mercredi, sur un plan de scission de ses activités auquel Glencore s’était opposé.

Teck a annulé son vote lorsqu’il est devenu apparent qu’elle n’obtiendrait pas l’approbation des deux tiers des actionnaires requise pour sa proposition qui aurait pour effet de créer deux entités : Teck Metals et Elk Valley Resources (EVR). La société a affirmé qu’elle favoriserait une approche « plus simple et plus directe ».

Le développement a été considéré comme une victoire majeure pour Glencore dans sa campagne pour acquérir la société minière établie à Vancouver. Même si le chef de la direction de Teck, Jonathan Price, a déclaré mercredi que la société continuait de considérer que l’offre publique d’achat non sollicitée de 23 milliards de Glencore ne l’intéressait pas, des analystes ont suggéré que l’incapacité de Teck à obtenir le soutien des actionnaires pour son propre plan montrait que Glencore a désormais le dessus.

La proposition de la société suisse représente une prime de 20 % par rapport au moment où elle a été annoncée, mais Glencore a dit croire que des discussions pourraient permettre de l’améliorer et de résoudre les problèmes qui ont été soulevés.

« Glencore espère que le conseil d’administration de Teck, dans le contexte des commentaires fournis par ses actionnaires, s’engagera de manière constructive afin d’explorer pleinement notre proposition, ce qui n’a pas été fait à ce jour », a affirmé la société.

Cependant, même si l’offre de Glencore devait être acceptée, il est loin d’être certain qu’un accord de rachat pourrait avoir lieu. Une fusion serait soumise à la fois à un examen des avantages nets et à un examen de la sécurité nationale par le gouvernement fédéral, qui a déjà laissé entendre qu’il avait des préoccupations.

Certains observateurs ont souligné que la poursuite par Glencore de l’entreprise canadienne survenait en même temps que le gouvernement s’est engagé à mettre en place une stratégie nationale sur les minéraux critiques dans le cadre de son plan climatique global.

Dans une lettre à la chambre de commerce du Grand Vancouver datée du 24 avril, trois ministres du cabinet fédéral ont assuré qu’Ottawa surveillait la situation « de très près ».

« Nous avons besoin d’entreprises comme Teck ici, au Canada », peut-on lire dans la lettre signée par la vice-première ministre, Chrystia Freeland, le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.

Jeudi, les conservateurs fédéraux ont affirmé que le gouvernement devrait bloquer une prise de contrôle de Teck par Glencore.

Teck est contrôlée par la famille Keevil, qui détient les actions de catégorie A de la société avec la société japonaise Sumitomo.

Norman Keevil, président émérite de Teck, a estimé, plus tôt ce mois-ci, que l’offre de Glencore est la mauvaise proposition, au mauvais moment. Il a cependant ajouté qu’il était prêt à discuter d’autres transactions possibles une fois que la société aura achevé son propre plan de scission.

M. Price a fait valoir mercredi que les actionnaires avaient clairement indiqué qu’ils étaient toujours favorables à l’idée d’une séparation et que d’autres acheteurs pourraient se présenter une fois que Teck aura séparé ses actifs de charbon de ses activités métallurgiques.

« Nous nous attendons à ce qu’il y ait beaucoup plus d’intérêt pour les entreprises sur une base autonome, a-t-il affirmé. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous continuons de croire que la séparation est la bonne voie à suivre ici. »