(Toronto) Rogers Communications a annoncé mercredi s’être associée à SpaceX et Lynk Global pour offrir une connectivité satellite-téléphone partout au Canada et renforcer la couverture dans les régions éloignées.

La société torontoise a annoncé, lors de l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires mercredi, que le partenariat visait à élargir la couverture des clients de Rogers dans les zones qui ne sont pas desservies par les réseaux sans fil traditionnels.

Rogers et SpaceX prévoient d’utiliser les satellites en orbite terrestre basse Starlink de ce dernier et le spectre sans fil national de Rogers pour offrir la technologie téléphonique par satellite au Canada.

Les entreprises prévoient de commencer par une couverture satellite pour les textos et fourniront éventuellement un accès à la voix et aux données dans des zones telles que les parcs nationaux et les autoroutes rurales qui ne sont actuellement pas connectées.

Starlink vise à offrir un accès internet haut débit dans les zones où les connexions ont tendance à être peu fiables, coûteuses ou indisponibles.

En décembre, le fondateur et chef de la direction de SpaceX, Elon Musk, a indiqué sur le réseau Twitter que « Starlink (fonctionnait) même dans les régions les plus reculées de l’Antarctique ».

M. Musk a également affirmé précédemment que le Canada « (était) une priorité majeure pour Starlink » et que la technologie serait « conçue pour servir les moins desservis ».

Ottawa a approuvé l’offre de SpaceX de fournir un accès internet haute vitesse aux Canadiens via Starlink en novembre 2020. Cette approbation est intervenue après que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a accepté la demande de licence de l’entreprise le mois précédent.

Bien que Rogers n’ait pas précisé de calendrier pour étendre la couverture par l’entremise du partenariat avec SpaceX, il a indiqué qu’il commencerait à fournir une couverture téléphonique par satellite en 2024 dans les régions éloignées et les autoroutes rurales grâce à son accord avec Lynk Global, établie en Virginie.

Rogers a précisé avoir l’intention d’obtenir l’approbation réglementaire de plusieurs ministères fédéraux et du CRTC pour lancer la technologie de Lynk au Canada.

« Nous avons déjà envoyé et reçu avec succès des messages texte vers et depuis l’espace », a affirmé mercredi le président et chef de la direction de Rogers, Tony Staffieri, dans son discours aux actionnaires.

« Nous sommes fiers d’appuyer cette technologie révolutionnaire et d’être la première entreprise sans fil au Canada à offrir une couverture par satellite aux régions éloignées de notre vaste pays. »

Rogers a subi une panne de réseau massive d’une journée en juillet, qui a laissé plus de 12 millions de clients mobiles et internet sans service. La panne a également engendré des problèmes de connexion au service d’urgence du 911.

Depuis lors, les trois plus grands opérateurs ont conclu un accord formel pour « assurer et garantir » l’itinérance d’urgence et d’autres assistances mutuelles en cas de panne majeure, après que le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a ordonné aux entreprises de créer un plan de secours.

M. Staffieri a fait valoir qu’en plus de son réseau sans fil 5G pancanadien et d’un réseau filaire indépendant couvrant 70 % des foyers canadiens, Rogers disposerait désormais d’une « troisième ligne de défense » pour éviter des perturbations similaires.

Il a souligné que la couverture par satellite « donnerait une portée d’un océan à l’autre et, surtout, donnerait des appels d’urgence au 911 dans tout le pays, en particulier en cas de catastrophe naturelle ».

La société a précisé qu’elle avait mené avec succès des tests techniques avec des satellites Lynk dans des régions éloignées de la Colombie-Britannique et qu’elle commencerait ensuite les tests dans les provinces atlantiques.

Fusion avec Shaw

Plus tôt mercredi, Rogers a affiché des profits en hausse de 30 % à 511 millions pour son plus récent trimestre.

Le premier trimestre de l’exercice, clos le 31 mars, était le dernier avant que le géant des télécommunications de Toronto ne fasse l’acquisition de Shaw Communications – une transaction de 26 milliards, qui avait été d’abord annoncée en mars 2021.

Les deux sociétés n’ont obtenu le feu vert final du gouvernement fédéral pour aller de l’avant avec la transaction que plus tôt en avril, après avoir accepté plusieurs conditions, incluant celle de vendre les activités sans fil de Shaw, Freedom Mobile, à Vidéotron.

Dans les trois semaines qui se sont écoulées depuis la conclusion de la transaction, M. Staffieri a indiqué s’être concentré sur la livraison des synergies évaluées à 1 milliard sur les deux prochaines années, l’augmentation des dépenses en immobilisations et la stimulation d’une plus grande concurrence et de plus grands choix pour les consommateurs, en particulier ceux dans l’Ouest canadien.

« Il y a beaucoup de choses à faire, mais je suis très encouragé par l’énergie et l’excitation que j’ai observées tant à l’est qu’à l’ouest, alors que nous unissons ces deux solides entreprises », a-t-il affirmé mercredi, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Il a ajouté avoir passé la plus grande partie du dernier mois dans l’Ouest, pour rencontrer le personnel et les clients de Rogers et les gouvernements locaux, ainsi que pour discuter davantage des prochaines décisions entourant l’intégration de Shaw.

M. Staffieri a rappelé que la société avait annoncé, à la mi-avril, le rapatriement au pays d’environ 300 postes du service à la clientèle de Shaw en Colombie-Britannique, en Alberta et au Manitoba – Rogers s’était engagée à ce que son service à la clientèle soit entièrement situé au Canada.

Dans le cadre des conditions imposées par Ottawa en échange de son feu vert pour la fusion, Rogers doit créer 3000 nouveaux emplois dans l’ouest du pays et établir un deuxième siège social à Calgary.

Elle doit aussi dépenser 5,5 milliards pour l’expansion de la couverture de son réseau 5G et de services de réseau additionnels, ainsi qu’un autre milliard de dollars pour connecter au réseau les régions rurales plus éloignées et les communautés autochtones.

Dans le même esprit, Vidéotron devra offrir des forfaits dont les prix sont au moins 20 % inférieurs à ceux de ses concurrents et dépenser 150 millions au cours des deux prochaines années pour mettre à jour le réseau de Freedom Mobile.

En cas de bris des conditions, Rogers devra payer un maximum de 1 milliard en dommages. Les pénalités pourraient atteindre 200 millions pour Vidéotron si cette dernière ne respecte pas ses engagements.

Résultats en hausse

Le profit de 511 millions de Rogers pour son plus récent trimestre se comparait à un profit net de 392 millions pour la même période l’an dernier, lorsque l’entreprise attendait toujours plusieurs approbations pour conclure la transaction, incluant le feu vert du Bureau de la concurrence, qui s’y est vigoureusement opposé.

Le bénéfice par action de la société torontoise pour le trimestre clos le 31 mars s’élevait à 1 $, ce qui était supérieur à celui de 77 cents réalisé un an plus tôt.

« Les activités de Rogers sont mieux exécutées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient lorsque cette transaction (avec Shaw) a été annoncée, il y a plus de deux ans, alors nous sommes prêts à aller de l’avant », a fait valoir M. Staffieri.

Sur une base ajustée, le profit net a atteint 553 millions, ce qui était supérieur de 20 % à celui de 462 millions du premier trimestre précédent. Le bénéfice ajusté par action est pour sa part passé de 91 cents à 1,09 $.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un profit de 1,45 $ par action sur une base non ajustée et de 1,01 $ sur une base ajustée, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Le chiffre d’affaires trimestriel a grimpé de 6 % à 3,8 milliards, alors qu’il s’était chiffré à 3,6 milliards au premier trimestre de l’an dernier.

Les revenus de Rogers ont été alimentés par l’ajout net de 95 000 abonnés aux services mobiles postpayés, une hausse de 44 % par rapport aux 66 000 de la même période un an plus tôt.

Le taux d’attrition mensuel pour cette catégorie de services était de 0,79 %, comparativement à 0,71 % au premier trimestre précédent.

Les produits moyens par abonné de Rogers se sont établis à 57,26 $, ce qui représentait 1 cent de plus que ceux du premier trimestre de l’exercice précèdent.