Si elle se conclut comme on l’a annoncé il y a un mois, la vente de l’entreprise québécoise de distribution de pièces automobile Uni-Sélect à sa concurrente américaine LKQ rapporterait près de 82 millions de dollars canadiens en rachat de titres et en primes diverses parmi ses plus hauts dirigeants et les membres de son conseil d’administration.

À lui seul, le président exécutif et chef de la direction d’Uni-Sélect, Brian McManus, embauché il y a deux ans, récolterait pour 31,3 millions en rachat de titres (actions, options, UAD, etc.), en diverses primes liées à la conclusion de la transaction, ainsi qu’en indemnité de départ déjà convenue avec LKQ après la période de mise en filiale d’Uni-Sélect.

Quant au chef de la direction financière d’Uni-Sélect, Anthony Pagano, lui aussi embauché il y a deux ans et principal initiateur d’une reprise de discussions avec LKQ (qui avaient achoppé en 2019), la conclusion de la transaction lui rapporterait l’équivalent de 20,6 millions en rachat de titres, en primes diverses et en indemnité de départ.

Par ailleurs, si elle est approuvée par un nombre suffisant d’actionnaires lors de leur prochaine assemblée extraordinaire, l’acquisition d’Uni-Sélect pour 2,8 milliards – 48 $ CAN comptant par action – par LKQ rapporterait 9,8 millions en rachat de titres (actions, UAD) aux membres du conseil d’administration qui ne sont pas des hauts dirigeants de l’entreprise, et qui se sont tous déjà déclarés en faveur de la transaction négociée avec LKQ.

Ces informations sur les coulisses de l’entente de vente d’Uni-Sélect à LKQ, dont l’annonce il y a un mois avait surpris le milieu d’affaires québécois, et même la Caisse de dépôt et placement en tant qu’actionnaire important à 9,75 %, sont extraites de la « circulaire de sollicitation de procurations de la direction » qui est distribuée ces jours-ci aux actionnaires de l’entreprise établie à Boucherville.

Il s’agit du principal document préparatoire à la tenue de l’assemblée extraordinaire du jeudi 27 avril prochain, en mode virtuel seulement, durant laquelle au moins les deux tiers (66 %) des votes exprimés par les actionnaires d’Uni-Sélect devront s’avérer favorables à la transaction annoncée.

Appuis

Pour le moment, en plus de l’appui total des membres du conseil d’administration, dont Martin Garant, qui est directeur principal d’investissement au Québec à la Caisse de dépôt et placement, les hauts dirigeants d’Uni-Sélect et leurs vis-à-vis chez LKQ indiquent avoir obtenu l’appui d’actionnaires importants qui comptent pour au moins 20 % des votes admissibles.

Entre-temps, dans la circulaire de sollicitation de procurations, les membres du conseil d’administration d’Uni-Sélect justifient leur appui à la transaction négociée avec LKQ sur sa valeur de 48 $ par action très favorable aux actionnaires par rapport à sa récente cote boursière.

Ils prétendent aussi à un prix d’achat par LKQ qui représente un « multiple favorable » par rapport à de récentes transactions comparables.

Enfin, les administrateurs d’Uni-Sélect affirment que l’entreprise devait composer avec un « nombre limité d’acquéreurs éventuels » et d’autres « options stratégiques qui seraient raisonnablement envisageables » en comparaison de la « certitude de valeur » de la transaction négociée avec LKQ.

Des milliers d’employés

De son siège social à Boucherville, Uni-Sélect gère un réseau de 15 centres de distribution et de 400 succursales situées au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Elle emploie quelque 5200 personnes.

Lors de son exercice 2022, Uni-Sélect a réalisé des revenus en hausse de 7,1 %, à 1,73 milliard US. Le bénéfice d’exploitation, à 159,6 millions US, a crû de 73 % sur un an, ce qui a propulsé le bénéfice net en rebond considérable à 65 millions US, très loin devant le montant anémique de 895 000 $ US qui avait été comptabilisé un an plus tôt.

Pour sa part, le futur propriétaire annoncé d’Uni-Sélect, le groupe LKQ de Chicago, se décrit comme « un fournisseur mondial de pièces de rechange et de pièces spécialisées utilisées pour réparer et accessoiriser les automobiles ». LKQ exerce des activités en Amérique du Nord, en Europe et à Taiwan.

En 2022, LKQ a réalisé un chiffre d’affaires de 12,79 milliards US, avec un bénéfice net de 1,15 milliard US. Avec ses actions cotées au marché NASDAQ, la capitalisation boursière de LKQ équivaut à 15 milliards US.

Malgré cette différence de taille entre Uni-Sélect et LKQ, de l’ordre de sept pour un selon les revenus, il appert que l’entreprise de Chicago a l’intention de maintenir les activités du siège social d’Uni-Sélect à Boucherville.