D’autres usines d’Olymel pourraient cesser leurs activités. La réduction du nombre d’abattages de cochons annoncée récemment par l’entreprise et les pertes financières qu’elle a enregistrées dans le secteur du porc frais risquent de mener à d’autres fermetures.

« C’est sûr qu’il va y avoir une consolidation des abattages en moins de sites ou une refonte des quarts de travail », a affirmé le président-directeur général d’Olymel, Yanick Gervais, au cours d’une entrevue téléphonique en marge de l’assemblée générale annuelle de Sollio Groupe coopératif. BMR, Olymel et Sollio Agriculture sont des divisions de la coopérative qui a annoncé jeudi ses résultats financiers de 2022 dans le cadre de son assemblée générale annuelle.

« Sans confirmer de scénario, on doit revoir les opérations, a répondu M. Gervais concernant une éventuelle fermeture d’usine. On n’a pas les mêmes besoins à 81 000 cochons abattus par semaine qu’à 130 000. » Olymel a en effet l’intention de réduire ses abattages de 20 %.

« Dans le domaine du porc frais, avec les dernières annonces qu’on a faites, on se doit de revoir notre modèle opérationnel, assurément, a-t-il ajouté. Il n’y a rien à annoncer aujourd’hui, par contre, on est toujours en mode réflexion là-dessus. »

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Yanick Gervais, PDG d’Olymel, Alexandre Lefebvre, chef de la direction de Groupe BMR, et Ghislain Gervais, président du conseil d’administration de Sollio Groupe coopératif

Dans le secteur du porc frais, Olymel affirme avoir perdu 390 millions de dollars au cours des deux dernières années. Jeudi, l’entreprise a annoncé des pertes avant impôt de 445,7 millions pour 2022, comparativement à 71,8 millions pour 2021.

« Le déficit de main-d’œuvre dans les usines d’abattage de ce secteur et la fermeture partielle du marché chinois pour la plus grande partie de l’exercice sont deux facteurs qui ont empêché l’entreprise de réaliser les marges prévues, peut-on lire dans le rapport annuel. Les coûts d’abattage externe des porcs en attente et l’obligation de favoriser les coupes primaires plutôt que les valeurs ajoutées en raison d’un manque de main-d’œuvre ont aussi pesé sur les résultats du secteur. »

Puis, récemment, l’entreprise a annoncé la fermeture de ses usines de surtransformation de porcs à Laval et à Blainville. L’usine de Saint-Hyacinthe cessera également ses activités.

Concernant la nature des relations entre Olymel et les Éleveurs de porcs du Québec, qui sont actuellement en conciliation pour en arriver à une entente sur les prix, M. Gervais les qualifie de « cordiales ».

« Je ne dirais pas tendues. Je comprends le niveau d’émotion de chaque côté et les impacts que ça peut avoir pour les agriculteurs au Québec. On est 100 % ouverts à la discussion. On est disponibles. On continue de travailler avec le médiateur. L’incertitude qui plane autour de l’industrie porcine au Québec, ce n’est bon pour personne. »

Bonne nouvelle pour les consommateurs

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Sollio Groupe coopératif compte parmi ses divisions BMR, Olymel et Sollio Agriculture.

Alors qu’Olymel enregistre des pertes, BMR sauve les meubles. Le quincaillier a un excédent avant impôt record de 53,8 millions pour 2022, alors qu’il était de 28,2 millions en 2021. Bonne nouvelle pour les consommateurs qui prendront sans doute les quincailleries d’assaut au printemps : les prix de nombreux produits, après avoir augmenté, sont à la baisse, confirme Alexandre Lefebvre, vice-président directeur et chef de la direction de BMR.

« Il y a déjà eu une baisse extrêmement marquée des prix des produits forestiers : tout ce qui est bois d’œuvre, panneaux », illustre-t-il.

Les produits saisonniers qui arrivent par conteneurs d’Asie comme les barbecues et les ensembles de chaises et tables extérieures afficheront aussi un prix intéressant pour les consommateurs. « Les prix de conteneurs étaient montés à plus de 5000 $ et là on est retombé à 3000 $. Donc, ça aussi, ça crée une déflation. »

Résultats « décevants » pour Sollio

De son côté, Sollio Groupe coopératif rejoue dans le même film. Après avoir qualifié 2021 d’année la plus « tumultueuse » de son histoire, la coopérative a annoncé des résultats financiers 2022 « décevants » de l’aveu même du chef de la direction, Pascal Houle, avec des ventes de 8,9 milliards, mais une perte avant impôts et ristournes de 337,5 millions.

Ce chiffre inclut notamment la perte reliée à l’abandon de l’exportation de grain. Par comparaison, l’an dernier, les pertes de l’ancienne Coop fédérée se chiffraient à 21,5 millions de dollars.

« Effectivement, les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes », a reconnu en entrevue Pascal Houle.

Profil

  • Sollio Groupe coopératif
  • Chiffre d’affaires : 8,9 milliards
  • 123 000 membres regroupés au sein de 48 coopératives
  • 15 850 employés
  • Trois divisions : Olymel, BMR, Sollio Agriculture