(Montréal) Les automobilistes doivent s’attendre à une augmentation de leurs primes d’assurance au moment où la hausse des coûts de réparation et l’augmentation des accidents ont grugé la rentabilité du Mouvement Desjardins en 2022, selon le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier.

En 2022, l’excédent avant ristournes a diminué de 892 millions pour s’établir à 2,05 milliards, selon les résultats de la coopérative financière dévoilés, mercredi. Cette baisse est « en grande partie attribuable » à une hausse de la charge de sinistre dans le secteur de l’assurance de dommage, en assurance automobile et de biens.

Avec l’assouplissement des mesures sanitaires, les ménages ont repris leurs déplacements et le nombre d’accidents sur les routes est revenu à une certaine normalité. La rareté des pièces, la hausse des coûts de réparation et une augmentation des vols ont rendu le contexte d’affaires plus difficile pour les assureurs.

« Dans tous les sinistres que l’on a indemnisés, on parle d’une inflation des coûts qui est parfois de 10 %, 15 %, 20 % », commente M. Cormier lors d’une conférence de presse visant à discuter des résultats du Mouvement Desjardins.

Pour illustrer l’explosion des coûts de réparation, le dirigeant a donné en exemple la réparation des miroirs d’une voiture. « Il y a dix ou quinze ans, tu remplaçais le miroir et c’était fini. Aujourd’hui, il y a une caméra, il y a un détecteur de mouvement, le miroir est chauffant. Écoutez, juste un miroir qui s’accroche dans une rue, c’est déjà des milliers de dollars. »

Ce contexte aura un effet sur les primes, concède-t-il en donnant l’exemple du prix du beurre. « Bien, les croissants au beurre ont augmenté de prix, eux autres aussi. Alors nous, on est pris dans ce même dilemme-là. »

M. Cormier a ajouté que le Mouvement Desjardins a développé des produits d’assurance pour tenir compte dans sa grille tarifaire des clients qui ont de bonnes habitudes de conduites. Il a donné en exemple le programme Ajusto, qui, pour ceux qui y consentent, partage les données permettant d’évaluer les habitudes de conduites à l’aide d’un téléphone intelligent.

La diminution des bénéfices n’est pas une surprise, assure le grand patron de Desjardins. Il a répondu qu’il s’attendait à cette diminution et qu’il était « très content » de résultats « à la hauteur des attentes ».

Le secteur de l’assurance représente une part importante des activités de la coopérative. Il a mentionné que ce secteur était plus volatile et qu’une comparaison avec les grandes banques canadiennes n’était pas la façon la plus adéquate d’analyser les résultats de Desjardins.

Pour l’exercice 2022, les ristournes ont augmenté de 16 millions, ou 4,1 %, pour s’établir à 403 millions. En incluant, les dons, commandites et bourses d’étude, Desjardins a déployé 518 millions, une hausse de 4,2 %, dans la communauté.

Des ménages sous pression

Les résultats du Mouvement Desjardins permettent de constater que la hausse des taux d’intérêt a ébranlé les ménages les plus vulnérables. Au cours de la conférence, M. Cormier a mentionné que la qualité du portefeuille de prêts de cartes de crédit s’était détériorée.

La dotation à la provision pour pertes de crédit atteint d’ailleurs 274 millions, en hausse de 199 millions par rapport à 2021. L’année 2021 était toutefois marquée par une amélioration des perspectives économiques et de la qualité du crédit des emprunteurs. Les radiations nettes de 2022 et de 2021 sont demeurées « historiquement faibles » pour l’ensemble des portefeuilles, assure la direction.

Le patron a mentionné que Desjardins avait identifié environ 50 000 emprunteurs détenteurs d’une hypothèque variable qui se trouvaient dans une posture plus difficile en raison de la hausse des taux d’intérêt. Dès novembre, la coopérative a contacté les membres en question pour leur proposer des solutions comme un étalement de leur période d’amortissement.

« De ce nombre, il y a peut-être un 10 % à 15 % qui sont vraiment dans une situation de vulnérabilité. Ces gens-là pourraient avoir des difficultés dans l’ensemble de leur capacité de remboursement. »

Il reste tout de même de bonnes nouvelles sur le front économique, ajoute M. Cormier. Il se dit rassuré à l’idée que les taux d’intérêt s’approchent probablement de leur sommet tandis que l’inflation s’est modérée en janvier et que la Banque du Canada semble vouloir prendre une pause.

« Le taux de chômage est historiquement bas. Les gens ont accumulé de l’épargne. Les gens ont un emploi. On va certainement avoir deux-trois trimestres plus difficiles d’ici la fin de l’année, mais dès 2024, selon nos économistes, on pourrait voir une certaine relance. »