Le taux d’inflation a atteint 8 % au Canada en juin 2022 et même s’il a baissé depuis, beaucoup de gens se plaignent de l’augmentation du coût de la vie. Que dire d’une inflation à 276 % ? On ne peut même pas imaginer comment vivre avec ça.

C’est pourtant ce que font les Argentins, qui n’ont pas le choix d’intégrer quotidiennement des augmentations de prix constantes. Ce n’est malheureusement pas nouveau. Le pays a connu plusieurs périodes de forte inflation pendant lesquelles, dit-on, les gens qui sortaient dans les bars commandaient et payaient en arrivant toute la bière qu’ils voulaient boire ce soir-là, de peur de voir son prix augmenter au cours de la soirée.

L’inflation était déjà non maîtrisée en Argentine avant la décision du nouveau président Javier Milei de dévaluer de 50 % la monnaie du pays en décembre. Du jour au lendemain, la vie des gens est devenue encore plus misérable.

En même temps, personne ne peut reprocher au nouvel homme fort du pays de faire ce qu’il a dit qu’il ferait. C’est un ras-le-bol généralisé qui a porté au pouvoir le Donald Trump sud-américain qui a fait campagne en promettant des coupes radicales et en brandissant une (fausse) motosierra pour mieux faire comprendre ses intentions.

Il a tenu parole et a enclenché une série de réformes aussi audacieuses que douloureuses qui pourraient peut-être réussir à sortir l’Argentine de plusieurs décennies de crises.

Le pays a fait faillite neuf fois au cours de son existence. Le Fonds monétaire international (FMI), qui assure actuellement la survie de l’Argentine, croit que les privatisations et le grand ménage entrepris par Javier Milei dans l’appareil d’État vont dans la bonne direction. Le FMI a relevé sa prévision de croissance pour l’économie argentine en 2024, et pas qu’un peu : de - 2,8 % à 2,8 %.

Libertad !

La misère actuelle du peuple argentin est d’autant plus triste qu’il vit dans un pays riche. Il y a un siècle, rappelle l’analyste Angelo Katsoras de la Financière Banque Nationale, l’Argentine était un des pays les plus riches du monde avec des revenus par habitant supérieurs à ceux de l’Allemagne1.

Riche, l’Argentine l’est toujours à plusieurs égards. Elle a du pétrole et du gaz, elle exporte de la viande et des céréales dans le monde entier. Le pays a surtout d’énormes réserves de lithium qui commencent à attirer l’attention des fabricants de batteries et des constructeurs de voitures électriques qui veulent s’affranchir de la Chine.

Le président Milei idolâtre Elon Musk et il a commencé à lui faire une cour acharnée. La sympathie semble réciproque. Les deux hommes se sont encore rencontrés la semaine dernière aux États-Unis et semblent en communion idéologique, à en croire les messages qu’ils ont publiés sur les réseaux sociaux.

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Elon Musk et le président de l’Argentine, Javier Milei

Ce parti-pris libertarien que partagent les deux hommes pourrait être un handicap pour le président argentin. Il fait de la politique, pas des affaires. En tant qu’élu, il doit négocier et convaincre à l’intérieur des instances politiques qui existent dans un pays démocratique, notamment au Congrès où il fait face à une forte opposition. Il doit aussi tenter de conserver l’appui d’une population qui en a assez du chaos, s’il veut réussir.

Ce n’est pas gagné pour les Argentins. Comme le dit pudiquement l’analyste Angelo Katsoras : « à ce jour, le président n’a pas le doigté nécessaire pour évoluer dans le paysage politique ».

Lisez l’analyse de la Banque Nationale