Malgré le recul de l’inflation et la hausse du taux de chômage, le temps n’est pas encore venu de baisser la garde, selon la Banque du Canada, qui maintient son taux directeur à 5 %.

La banque centrale veut s’assurer que l’inflation ne resurgira pas, a expliqué mercredi le gouverneur Tiff Macklem dans son message. « Que faudra-t-il pour nous convaincre qu’il est temps de réduire le taux ? Pour résumer, les données correspondent à ce que nous voulons voir, mais nous voulons voir le mouvement se poursuivre pour être certains que les progrès vers la stabilité des prix vont durer. »

« La nouvelle baisse de l’inflation fondamentale est très récente, a-t-il dit. Nous voulons être sûrs que ce n’est pas juste une baisse temporaire. »

La plupart des observateurs s’attendaient à ce que le taux directeur soit maintenu à son niveau actuel et prévoient une première baisse en juin ou en juillet.

En réponse à une question posée en conférence de presse, le gouverneur a indiqué qu’une baisse de taux en juin était « une possibilité ».

Les dirigeants de la banque centrale ont déjà indiqué qu’ils n’attendraient pas que l’inflation soit revenue à la cible de 2 % avant d’enclencher la baisse des taux.

« Le communiqué ne dit pas explicitement que des réductions de taux sont sur la table, mais c’est le message qui est véhiculé », ont interprété les économistes de la Banque Nationale.

La Banque du Canada se rapproche d’une baisse des taux, constate Nathan Janzen, économiste à la Banque Royale, qui prévoit une première baisse de 25 points de base en juin.

Chez Desjardins, Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne, est aussi d’avis que la prochaine annonce de la Banque du Canada, le 5 juin, sera une baisse des taux.

D’ici là, les autorités monétaires auront deux autres lectures de l’Indice des prix à la consommation et un autre bulletin de santé du marché du travail à se mettre sous la dent avant de décider si le moment tant attendu des ménages canadiens est enfin arrivé.

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, commence lui aussi à croire à une baisse prochaine du taux directeur. « Ce que la Banque veut, dans le fond, c’est une confirmation que ce qui est amorcé, la baisse de l’inflation, se poursuit, et là, il y aura deux autres statistiques sur l’inflation d’ici à la prochaine réunion. Alors si la tendance qui est amorcée se poursuit, il est fort probable que nous aurons les baisses de taux », a-t-il dit lorsqu’il a été interrogé après l’annonce de mercredi.

Des prévisions revues à la hausse

Dans son Rapport sur la politique monétaire, publié en même temps que la décision sur le taux directeur, la Banque du Canada prend note que l’économie canadienne évolue mieux que ce qu’elle avait prévu. Elle revoit donc à la hausse sa prévision de croissance. L’économie est soutenue par la croissance de la population, les dépenses des gouvernements et la vigueur de l’économie américaine, souligne le rapport.

La banque centrale prévoit une croissance de 1,5 % cette année et de 2 % l’année prochaine.

Sur le front de l’inflation, les progrès seront lents, prévoit la banque centrale. Le taux global d’inflation a reculé pendant deux mois consécutifs pour’établir à 2,8 % en février. La plupart des indicateurs que suivent les autorités monétaires évoluent dans la bonne direction, a indiqué le gouverneur. « L’inflation fondamentale sur trois mois, qui brosse un portrait plus actuel, est descendue en dessous de 3 % en février, ce qui laisse entrevoir un certain mouvement à la baisse », constate-t-il.

Le taux global d’inflation mesuré par l’Indice des prix à la consommation restera autour de 3 % au cours des prochains mois, en raison de l’augmentation du prix de l’essence. Il faudra attendre 2025 pour que l’inflation revienne à la cible de 2 %, selon la Banque du Canada.

Le prix des logements et les hausses de salaire élevées continuent de préoccuper la banque centrale parce qu’ils pourraient alimenter l’inflation.