(Bruxelles) Le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, mieux connu sous son sigle anglais CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), est « un très bon accord » pour les « catégories clés » de l’agriculture française, a déclaré vendredi Emmanuel Macron de Bruxelles, au lendemain du rejet par le Sénat du projet de ratification.

Citant les bénéfices de l’accord pour les secteurs français du « lait », du « fromage » ou du « vin », le chef de l’État a appelé à ne pas « mettre dans le même sac tous les accords commerciaux » de libre-échange. « C’est de la démagogie », a-t-il encore dénoncé, lors d’une conférence de presse à l’issue d’un Conseil européen.

« Les chiffres démontrent [le] succès considérable » du CETA, a également affirmé vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse. Elle a dit prendre « acte » du scrutin sénatorial, et appelé à voir « comment la France allait composer » avec ce résultat.

« Nous continuerons de travailler à la ratification […] avec nos partenaires dans l’UE afin de faire progresser nos intérêts stratégiques communs », a pour sa part réagi jeudi le gouvernement canadien.

Une coalition de sénateurs de droite et de gauche, à l’initiative des élus communistes, a réussi jeudi un tour de force politique en mettant au vote le projet de loi de ratification que le gouvernement n’avait jusqu’ici jamais inscrit à l’agenda de la chambre haute.

Une manœuvre destinée à rejeter la partie du texte consacrée au CETA, et à infliger un revers au gouvernement sur ce sujet sensible en pleine crise agricole et à quelques mois des européennes.

« Pas de conséquences sur la mise en œuvre »

« Des gens qui aujourd’hui le combattent la main sur le cœur sont ceux qui l’ont signé, et tout le monde oublie qu’on l’a largement amélioré », a également critiqué le chef de l’État, en référence aux élus socialistes qui ont voté contre le projet de ratification du traité, qui avait été conclu au moment de la présidence de François Hollande.

« J’en appelle au monde agricole français. Est-ce que le CETA est bon ou mauvais pour notre agriculture ? […] Il est très bon pour le lait, il est très bon pour le fromage, il est très bon pour le vin, il est très bon sur toutes les catégories clés », a soutenu Emmanuel Macron. « Ceux qui pourraient prendre des résolutions contre le CETA, ce serait des Canadiens avec nous », a-t-il encore affirmé.

Le vote du Sénat « n’a pas de conséquences sur la mise en œuvre provisoire du CETA », a également rappelé Emmanuel Macron.

Les députés communistes ont annoncé jeudi l’intention d’ouvrir le front à l’Assemblée en reprenant le texte des leurs homologues sénateurs le 30 mai prochain, à 10 jours des élections européennes, mais le gouvernement semble vouloir temporiser et pourrait tarder à déposer le texte sur la table de l’Assemblée.