(Ottawa) Les économistes s’attendent à ce que l’inflation ait repris en février au Canada dans un contexte de hausse des prix de l’essence.

Statistique Canada devrait publier mardi ses données sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) de février. Les prévisionnistes s’accordent sur une hausse des prix de 3,1 % par rapport à février 2023, ce qui annulerait certains progrès réalisés en janvier, lorsque le taux d’inflation annuel avait ralenti à 2,9 %.

Selon Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique au Mouvement Desjardins, il faut s’attendre à une autre accélération de l’inflation en raison de la hausse des prix de l’énergie au cours du mois. « Il semble que dans les prochains mois, l’inflation rebondira probablement autour de 3 % », à son avis.

Une hausse de l’inflation compliquera légèrement la stratégie de la Banque du Canada qui devrait commencer à réduire son taux d’intérêt directeur au cours des prochains mois.

Mais Royce Mendes affirme que mardi, il faudra surtout surveiller les pressions sous-jacentes sur les prix, qui aident les économistes à évaluer la direction que prend l’inflation.

Lors de la décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt plus tôt ce mois-ci, le gouverneur Tiff Macklem a noté que près de la moitié des composantes de l’Indice des prix à la consommation augmentaient à un rythme supérieur à 3 %. En période d’inflation plus normale, seul un quart environ de ces composantes progressent aussi rapidement.

Parallèlement, le gouverneur Macklem a souligné que la banque centrale ne voulait pas réduire les taux d’intérêt prématurément et qu’elle attendrait donc jusqu’à ce qu’il y ait des preuves plus claires que l’inflation se dirigeait bientôt vers l’objectif de 2 % fixé par la banque. La Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt directeur à 5 % depuis juillet, en attendant de nouvelles preuves que l’inflation se rapproche de 2 %, et sa dernière projection suggérait que l’inflation atteindrait cet objectif en 2025, une prévision partagée par de nombreux économistes.

L’un d’eux, Douglas Porter de Groupe financier BMO, affirme qu’une source d’incertitude dans ces prévisions vient des prix de l’énergie, qui ont généralement un effet significatif sur l’inflation globale. « Les prix du pétrole peuvent évoluer très rapidement et donner l’impression que de nombreuses prévisions d’inflation sont aléatoires ».

Le relevé d’inflation de mardi Statistique Canada sera son dernier avant l’annonce des taux d’intérêt par la Banque du Canada en avril, que Douglas Porter qualifié de » décision cruciale « . Même si la banque centrale ne devrait pas modifier son taux directeur le mois prochain, de nombreux prévisionnistes prévoient qu’elle le fera lors de la prochaine réunion de décision en juin.

 « Je pense que si la banque veut réduire ses taux d’intérêt en juin, elle devra envoyer un signal assez fort lors de la réunion d’avril », selon l’économiste Porter.

Cependant, l’économiste en chef a déclaré que la banque centrale ne peut rien garantir, car beaucoup de choses peuvent se produire en deux mois. En outre, le gouvernement du Canada devrait présenter son budget une semaine après la décision sur les taux en avril, ce qui pourrait affecter les perspectives d’inflation.

Il y aura encore deux mois de données économiques que la Banque du Canada devra évaluer avant sa décision de juin.