(Washington) Inflation qui accélère de nouveau, consommation en hausse, investissements plus élevés que prévu : l’économie américaine s’est montrée bien plus vigoureuse qu’attendu en avril, réduisant la probabilité de voir la Fed faire une pause dans ses hausses de taux.

La banque centrale américaine relève depuis mars 2022 ses taux directeurs, qui se trouvent désormais compris dans une fourchette de 5,00 à 5,25 %. Cela conduit les banques à rehausser le coût des crédits qu’elles proposent aux ménages et aux entreprises, afin de desserrer la pression sur les prix, mais au risque de gripper l’activité.

« Les revenus (des ménages) ont augmenté comme prévu en avril. Mais la consommation a augmenté plus que prévu et l’inflation s’est déplacée dans la mauvaise direction pour commencer le deuxième trimestre », a souligné Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.

Après plusieurs mois de ralentissement, l’inflation est repartie à la hausse, selon l’indice PCE, que privilégie la banque centrale américaine (Fed) et qu’elle veut ramener à 2 %.

On en est encore loin : sur un an elle a grimpé en avril à 4,4 %, contre 4,2 % en mars, a annoncé vendredi le département du Commerce. Et sur un mois seulement, elle atteint 0,4 %, contre 0,1 % le mois précédent. C’est plus élevé que les 0,3 % qui étaient attendus par les analystes, selon le consensus de MarketWatch.

Dans le détail, les prix des services ont augmenté plus que ceux des biens. Et, alors que la hausse des prix des produits alimentaires est restée quasi stable, ceux de l’énergie, en revanche, sont repartis en forte hausse.

Autre signal négatif, l’inflation dite sous-jacente, excluant les prix de l’alimentation et de l’énergie, accélère également, à 0,4 % sur un mois et 4,7 % sur un an. Cette donnée est particulièrement observée par la Fed.

Le département du Commerce a par ailleurs indiqué que les revenus des ménages américains avaient augmenté de 0,4 %, contre 0,3 % en mars. Quant aux dépenses, elles ont fortement rebondi : +0,8 % contre +0,1 % le mois précédent.

« Le rebond des dépenses ne sera pas soutenu », car « stimulé en grande partie par une augmentation des ventes de véhicules », nuance cependant l’économiste Ian Shepherdson, de Pantheon Macreconomics.

Il anticipe que « la consommation ne sera pas assez forte pour compenser les effets de la baisse des dépenses d’investissement, de la baisse continue des stocks et […] d’un impact du commerce extérieur net », et table ainsi sur une baisse modeste du Produit intérieur brut au (PIB) au deuxième trimestre.

Pause ou 11e hausse ?

Les commandes de biens durables – prévus pour être utilisés pendant trois ans ou plus, comme les appareils électroménagers ou machines de fabrication – ont pourtant elles aussi poursuivi leur hausse en avril, pour le deuxième mois d’affilée, prenant à revers les attentes du marché grâce aux équipements de transport.

Selon Rubeela Farooqi, « sans un assouplissement des conditions du marché du travail et un relâchement plus fort des pressions sur les prix, le risque est que les responsables de la Fed choisissent de relever davantage les taux ».

Les acteurs du marché sont du même avis : ils anticipent majoritairement un 11e relèvement lors de la prochaine réunion de la banque centrale, les 13 et 14 juin, tandis qu’ils prévoyaient auparavant une pause.

Les responsables de l’institution sont divisés sur la conduite à tenir : relever de nouveau pour juguler l’inflation persistante, ou faire une pause pour observer les effets des relèvements précédents et éviter la récession.

Une autre mesure de l’inflation existe, l’indice CPI, qui est utilisé notamment pour le calcul des retraites. En avril, elle a ralenti sur un an, à 4,9 %, mais a accéléré sur un mois, à 0,4 %.

La croissance du PIB des États-Unis a ralenti au premier trimestre, à 1,3 % en rythme annualisé.