(Washington) La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a appelé vendredi à « une résolution aussi rapide que possible » des négociations concernant le plafond de la dette américaine, estimant que trouver une solution était « primordial » pour l’économie mondiale.

La patronne du Fonds monétaire international s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse après la publication d’un rapport sur l’activité économique américaine, à l’occasion duquel l’institution a revu en légère hausse ses prévisions de croissance.

Rappelant l’appel de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, à une « résolution rapide » sur le sujet, Mme Georgieva a assuré « partager cette attente. Nous sommes très désireux de voir une résolution aussi rapide que possible ».

« Nous devons nous rappeler que nous sommes entrés dans le dernier quart d’heure, donc terminer avec un résultat positif est primordial, d’un point de vue mondial », a ajouté Mme Georgieva.

Un accord en vue d’un relèvement du plafond de la dette, atteint en janvier dernier, semblait vendredi en vue entre républicains et démocrates, alors que la fenêtre de tir se rétrécit pour éviter un défaut de paiement.

La patronne du Fonds a cependant souligné que, pour l’instant, l’impact sur les marchés financiers restait minime, du fait d’une certaine accoutumance à ce type de situation.

« L’expérience nous montre qu’il faut souvent aller jusqu’à la limite pour qu’une solution soit trouvée », concernant le plafond d’endettement américain, faisant état d’un « calme relatif. Nous avons vu quelques mouvements sur des marchés de niche, mais ce n’est pas pour l’heure quelque chose de significatif ».

Il n’en reste pas moins que les États-Unis sont trop endettés, selon le FMI, qui, dans son rapport, invite le pays à réaliser « un ajustement significatif afin de placer la dette publique sur une tendance baissière d’ici la fin de cette décennie ».

« Il est nécessaire de faire plus pour réduire la dette publique », a souligné Mme Georgieva, ce qui doit passer par « une série de mesures visant à la fois à augmenter les revenus issus des impôts et régler les déséquilibres structurels des programmes tels que Medicare ou la retraite ».

Économie américaine « résiliente »

Dans son rapport, le FMI a revu en légère hausse ses prévisions de croissance pour les États-Unis en 2023, tablant désormais sur 1,7 % contre 1,6 % anticipé en avril.

« L’économie américaine s’est montrée résiliente malgré les resserrements significatifs des politiques monétaires et budgétaires réalisés en 2022 », a estimé l’institution qui souligne malgré tout que « l’inflation reste un problème persistant ».

Le Fonds s’attend en effet à ce que l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l’alimentation et de l’énergie, « reste sensiblement supérieure à la cible de 2 % en 2023 et 2024 », ce qui devrait entraîner un maintien des taux d’intérêt de la banque centrale américaine (Fed) entre 5,25 % et 5,5 % « jusqu’à la fin de l’année 2024 ».

L’inflation PCE, celle privilégiée par la Fed, devrait atteindre 3,8 % fin 2023 et 2,6 % fin 2024, ce qui est supérieur aux précédentes prévisions, en avril.

Nous estimons que les taux devront être un peu plus élevés et pour plus longtemps. Il existe par ailleurs une forte incertitude concernant les dynamiques économiques et inflationnistes.

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI

Dans un communiqué, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a relevé « la résilience de l’économie américaine face aux difficultés mondiales ainsi que les progrès […] réalisés dans l’année écoulée pour réduire l’inflation et maintenir un marché du travail solide ».

Le FMI souligne en effet la solidité du marché de l’emploi américain, avec un « taux de participation à l’activité économique supérieur aux niveaux pré-pandémiques » ainsi qu’un « taux de chômage historiquement bas pour les femmes et les Afro-Américains », deux groupes généralement plus touchés par le chômage.

L’institution reconnaît également les efforts réalisés en 2021 pour réduire la pauvreté, notamment grâce à une hausse des salaires pour les personnes à bas revenus, entraînant une baisse significative du taux de pauvreté, passé de 11,8 % en 2019 à 7,8 % en 2021.

La tendance s’est cependant partiellement inversée en 2022, du fait de la fin des aides mises en place durant la pandémie, mais également sous l’effet de l’inflation, qui réduit l’impact positif des hausses de salaire.