Que faut-il retenir du budget déposé par le gouvernement Trudeau ?

Encore un budget à l’encre rouge

Un déficit pointe toujours à l’horizon. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, prévoit qu’il atteindra 40 milliards cette année pour diminuer graduellement et s’établir à 14 milliards dans cinq ans. Aucun retour à l’équilibre budgétaire n’est prévu. Les dépenses du gouvernement, qui dépassent 490 milliards en 2023-2024, continueront d’augmenter d’année en année. Le déficit cette année devrait représenter 1,4 % du produit intérieur brut (PIB) réel, ajusté à l’inflation, et la dette fédérale 43,5 % du PIB. Malgré l’incertitude économique, Ottawa prévoit une amélioration de ces deux indicateurs, qui mesurent la santé des finances publiques.

Un coup de pouce pour l’épicerie

Le gouvernement continuera de doubler le crédit d’impôt de la TPS, comme l’exigeaient les néo-démocrates. Cette mesure de 2,5 milliards est présentée comme « un nouveau remboursement pour l’épicerie », bien qu’elle ne soit pas tout à fait nouvelle. Elle vise à donner un peu de répit aux personnes dont les revenus sont faibles ou modestes alors que le taux d’inflation de la facture d’épicerie demeure supérieur à 10 %. Les gens admissibles pourront donc recevoir un montant unique allant jusqu’à 467 $ pour les couples avec deux enfants, jusqu’à 234 $ pour les personnes seules et 225 $ en moyenne pour les personnes âgées.

Stimuler la production d’électricité propre

Le gouvernement s’attend à ce que la demande en électricité double d’ici 2050. Le budget prévoit 6,3 milliards sur quatre ans dès 2024-2025 pour financer un crédit d’impôt de 15 % remboursable pour la production d’électricité propre. Cet incitatif, qui s’inspire de l’Inflation Reduction Act adopté par l’administration Biden aux États-Unis, vise à stimuler la production d’électricité sans émissions de gaz à effet de serre. Les sociétés d’État, comme Hydro-Québec, y auront droit autant que le secteur privé. L’objectif est d’envoyer un signal clair et prévisible au marché, a fait valoir un haut fonctionnaire du gouvernement.

Soins dentaires : la mise en œuvre se poursuit

Le programme fédéral de soins dentaires s’avère plus onéreux que prévu. Le gouvernement prévoit 13 milliards sur cinq ans, soit près du double de ce qu’il avait budgété l’an dernier pour sa mise en œuvre. Il sera accessible à tous les moins de 18 ans, aux aînés et aux personnes handicapées à la fin de 2023. Toutes les personnes dont le revenu familial est de moins de 90 000 $ annuellement y auront accès en 2025. Il s’agit de l’une des mesures phares de l’entente conclue entre les libéraux et les néo-démocrates pour permettre au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau de demeurer au pouvoir jusqu’en 2025. Aucune somme n’est prévue pour l’assurance médicaments, autre demande clé du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Du logement pour les Autochtones

Le budget prévoit 4 milliards sur sept ans pour l’élaboration d’une stratégie de logement pour les Autochtones qui vivent hors réserve en milieu urbain, rural ou nordique. L’argent sera versé aux organismes qui leur viennent en aide par l’entremise de la Société canadienne d’hypothèques et de logement à compter de 2024-2025. Le gouvernement prévoit 300 millions la première année et 500 millions les années subséquentes. Seulement 1,9 milliard est budgété jusqu’en 2027-2028.

Faire payer les plus riches

Le gouvernement modifie l’application de l’impôt minimum de remplacement (IMR) pour éviter que les plus riches ne réduisent leur facture fiscale au maximum grâce à toutes sortes de déductions. Il espère aller chercher des revenus de 3 milliards sur cinq ans en faisant passer cet impôt minimum de 15 à 20,5 %. Il change aussi la tranche de revenu à laquelle l’IMR s’appliquerait, la faisant passer de 40 000 $ à 173 000 $ par année. Le gouvernement veut ainsi que les plus riches paient leur juste part d’impôt tout en permettant aux particuliers de la classe moyenne de se desserrer la ceinture.

Aide à l’Ukraine

Le gouvernement canadien continuera de soutenir l’Ukraine en 2023 au moyen d’un prêt additionnel de 2,4 milliards administré par l’entremise du Fonds monétaire international. Aucune nouvelle aide militaire n’est prévue pour contrer l’invasion russe outre les 200 millions déjà prévus en 2022-2023. Une enveloppe de 84,8 millions est prévue en 2023-2024 pour de l’aide humanitaire. Il ne s’agit pas d’argent frais, mais d’une réallocation de fonds déjà alloués au ministère des Affaires mondiales. Le gouvernement prévoit également 171,4 millions supplémentaires sur trois ans pour prolonger le programme d’immigration temporaire destiné aux Ukrainiens qui a récemment été annoncé.