(Washington) Plus d’un an après le début de l’offensive russe en Ukraine, les institutions économiques internationales continuent de soutenir le gouvernement ukrainien, alors que le montant des destructions et des besoins pour la reconstruction grandissent à mesure que la guerre se poursuit.

Selon une estimation publiée conjointement mercredi par la Banque mondiale (BM), le gouvernement ukrainien, l’ONU et l’Union européenne (UE), les besoins de reconstruction s’élèvent désormais à plus de 411 milliards de dollars depuis le début du conflit. Un total sans surprise en hausse par rapport à la précédente évaluation de 350 milliards de dollars, réalisée fin octobre.

Ces 411 milliards représentent plus de deux fois le PIB ukrainien en 2021, et même 2,6 fois celui de 2022, année durant laquelle la richesse nationale s’est contractée de 30 %, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Pour autant, a souligné Anna Bjerde, vice-présidente de la BM pour l’Europe et l’Asie centrale, « les destructions ne se sont pas poursuivies au même rythme que celui observé durant les trois premiers mois de guerre », en particulier parce que « les combats les plus intenses sont concentrés dans des régions qui ont déjà subi d’importants dommages ».

L’estimation publiée mercredi pourrait malgré tout être en dessous de la réalité, a rappelé le gouvernement ukrainien, dans la mesure où elle ne prend pas en compte les régions actuellement sous occupation russe.

« Nous remercions la Banque mondiale pour son analyse qui sera un outil important, pour nous et nos partenaires, dans le lancement des futurs projets de redressement, qui ont déjà débuté », a néanmoins commenté le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, cité dans un communiqué.

110 milliards d’aide américaine

Car le gouvernement ukrainien a d’ores et déjà lancé la reconstruction, grâce notamment à l’aide reçue des institutions internationales et des États-Unis.

Mardi, le FMI a annoncé être parvenu à un accord pour le lancement d’un plan d’aide de 15,6 milliards de dollars sur quatre ans, l’un des plus importants actuellement en cours au sein de l’institution.

L’objectif de ce plan est de « soutenir la reprise économique graduelle tout en créant les conditions d’une croissance de long terme dans un contexte de reconstruction après le conflit et sur le chemin de l’adhésion à l’Union européenne » (UE), avait précisé le Fonds.

Une annonce que la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a « saluée », en ajoutant que les États-Unis « continueront à soutenir le gouvernement et le peuple ukrainiens aussi longtemps que nécessaire » face à la Russie.

Depuis le début du conflit, les États-Unis ont apporté un soutien financier massif au gouvernement de Kyiv, lui accordant 110 milliards de dollars dont plus de la moitié concerne une aide militaire matérielle. Mais plusieurs dizaines de milliards de dollars ont aussi servi à maintenir le fonctionnement quotidien des services publics.

Au moins 10 ans de reconstruction

De son côté, la BM a d’ores et déjà débloqué plus de 20 milliards de dollars, sous forme de prêts ou de dons, avec 18 milliards qui ont été décaissés.

Une part importante de ces fonds a permis de maintenir les services publics à flot et de payer les salaires de fonctionnaires, ainsi que d’assurer la prise en charge des déplacés dans le pays.

Alors que les combats se poursuivent, l’ensemble des acteurs anticipent déjà la reconstruction, que les institutions économiques souhaitent voir démarrer le plus rapidement possible. Elles estiment d’ailleurs que les besoins immédiats en la matière s’élèvent à 14 milliards de dollars cette année, afin de réaliser « les investissements critiques et prioritaires ».

« La communauté internationale et l’Ukraine ont pris en charge de nombreuses réparations, qui étaient nécessaires pour maintenir à flot certains secteurs, tels que la santé, le transport et l’énergie », a souligné Mme Bjerde, qui estime à « environ 500 » les établissements de santé partiellement ou totalement remis en état.

Selon l’étude, les besoins se concentrent en premier lieu dans le secteur des transports, le logement et l’énergie, qui représentent environ 50 % des dommages subis par l’Ukraine lors de la première année du conflit.

Et la reconstruction sera longue : « Notre estimation concerne les 10 prochaines années », a rappelé Mme Bjerde.