Les provinces canadiennes devraient connaître une activité économique limitée et une croissance anémique pour le reste de l’année et même jusqu’en 2024, mais le risque d’une récession prolongée est de plus en plus improbable, selon le Conference Board du Canada.

Les dernières perspectives provinciales du Conference Board, publiées mardi, prévoient que le Canada connaîtra très peu d’amélioration de son économie cette année, avec au moins un trimestre de croissance négative attendue.

Mais les scénarios les plus pessimistes, qui prévoyaient une récession prolongée ou d’importants déséquilibres sur les marchés du travail et des capitaux, apparaissent désormais moins probables, indique l’économiste en chef de l’organisme, Pedro Antunes.

« L’économie se heurte à un mur, a déclaré M. Antunes en entrevue mardi. Nous assistons essentiellement à un aplatissement de l’activité économique. »

Ces prévisions font écho aux derniers chiffres publiés mardi par Statistique Canada, qui montraient que le produit intérieur brut réel (PIB) était inchangé au quatrième trimestre de 2022 – un ralentissement légèrement plus prononcé que prévu.

Malgré ces prévisions de faible croissance de la production cette année, le Conference Board s’attend quand même à un rebond de l’activité en 2024 et 2025, à mesure que les restrictions financières se relâcheront. À son avis, les secteurs de l’hébergement, des transports et des arts et loisirs deviendront des moteurs de la croissance économique jusqu’en 2025.

Le rapport indique que l’inflation a maintenant pris un tournant et que le pays entre dans une période de taux d’intérêt stables, bien que toujours restrictifs. Les coûts d’emprunt devraient ainsi limiter le secteur de la consommation, frappant le plus durement les économies de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et du Québec, selon le rapport.

Québec, Ontario, Nouveau-Brunswick

Le Conference Board observe que les effets de la politique monétaire se font progressivement sentir dans plusieurs domaines de l’économie du Québec, notamment l’investissement et la consommation.

La demande de logements diminue en raison de la hausse des taux d’intérêt et restera modeste dans les années à venir, étant donné la faible croissance démographique anticipée. La croissance du PIB du Québec devrait s’établir à 0,2 % en 2023, l’une des plus faibles parmi les provinces, avant d’atteindre 2,0 % en 2024.

« Le Québec connaîtra un ralentissement très marqué de sa croissance en 2023, mais ses fondamentaux à moyen terme en tant que capitale des ressources renouvelables du pays devraient encourager la croissance dans les années à venir – à condition qu’il puisse trouver suffisamment de personnes dans sa main-d’œuvre vieillissante », estime le Conference Board.

Pour l’Ontario, le Conference Board prévoit que le PIB augmentera de 0,5 % cette année et de 2,5 % en 2024. La croissance de la production de la province dépassera celle du Canada dans son ensemble cette année et l’année prochaine.

Même si le Nouveau-Brunswick continue de connaître une croissance démographique, le Conference Board prévoit que sa croissance économique sera faible – de 0,1 % en 2023 et de 1,8 % l’an prochain.

« Les finances de la province continuent de surprendre à la hausse », indique le rapport, notant qu’une récente mise à jour budgétaire prévoyait un excédent de 774,4 millions, la croissance démographique poussant à la hausse les recettes de l’impôt sur le revenu des particuliers.

En Nouvelle-Écosse, l’augmentation des coûts du logement et de l’énergie a été plus marquée que dans la plupart des autres provinces. Par conséquent, on s’attend à une diminution de la consommation réelle des ménages cette année, et le PIB de la province n’augmentera que de 0,3 %.

Parmi les provinces, c’est Terre-Neuve-et-Labrador qui aura l’économie à la croissance la plus rapide en 2023, avec la reprise de la production pétrolière en mer, selon le rapport. Les économies de l’Alberta et de la Saskatchewan se comporteront également bien à court terme, alimentées par le secteur pétrolier et gazier, et les perspectives favorables de l’agriculture, selon les perspectives provinciales.

Le Conference Board prévoit que le PIB progressera cette année de 2,2 % à Terre-Neuve-et-Labrador, de 0,9 % à l’Île-du-Prince-Édouard, de 2,1 % en Alberta, de 1,6 % en Saskatchewan, de 0,9 % au Manitoba et de 0,4 % en Colombie-Britannique.