Depuis le 1er mai, malgré un boycottage national, la fortune de Galen Weston a augmenté de près de 700 millions de dollars. L’action de Loblaw a atteint un sommet ces derniers jours. Bien que le prétendu boycottage puisse finalement se révéler sans conséquence, il met en lumière la nécessité urgente de s’attaquer aux problèmes sous-jacents de l’industrie de l’épicerie.

La prétendue campagne de boycottage contre Loblaw, principalement lancée sur des plateformes de médias sociaux telles que Reddit, où l’anonymat prédomine, aurait débuté le 1er mai. Malgré ces affirmations, aucun changement notable dans la fréquentation des magasins Loblaw n’a été observé, du moins pas jusqu’à présent, et encore moins au Québec. Étonnamment, les actionnaires semblent largement indifférents à ce boycottage ; en effet, l’action de Loblaw a grimpé de près de 7 $, atteignant un sommet historique de presque 156 $ plus tôt cette semaine, six jours après le début du boycottage. Cette hausse a augmenté la fortune de Galen Weston de près 700 millions de dollars, selon certaines estimations. Contrairement aux intentions des boycotteurs, qui visaient à produire un impact négatif, financièrement, sur la famille Weston et Loblaw, l’effet inverse semble se produire. Ce phénomène persiste même si les revenus de l’entreprise diminuaient pour un trimestre ou deux.

Comme le mouvement ne s’est pas étendu à d’autres chaînes pendant le premier mois, et que dans certains cas, les prix ont même augmenté plus fortement ailleurs que chez Loblaw, le boycottage est susceptible d’échouer. Dès le départ, il manquait de fondements logiques et pratiques. Néanmoins, la semaine dernière, Galen Weston a déclaré que Loblaw était accusé à tort d’abus. Il avait partiellement raison. Bien qu’aucun rapport vérifié ne soutienne les affirmations de gonflement des prix de détail par Loblaw, il serait inexact de complètement absoudre l’entreprise.

En effet, Loblaw, aux côtés de Walmart, joue un rôle significatif dans les défis rencontrés par la transformation alimentaire et les épiciers indépendants. Non seulement la transformation alimentaire est sous-capitalisée, mais les épiciers indépendants souffrent également sous la domination de quelques grandes entreprises contrôlant plus de 80 % du marché de la vente au détail alimentaire au Canada. Le fait que les Canadiens dépensent moins dans les épiceries affecte davantage les transformateurs et les épiciers indépendants que les grands détaillants comme Loblaw. Pour protéger leurs marges, Loblaw et Walmart sont susceptibles de mettre en place de nouveaux frais et de faire pression sur les fournisseurs pour baisser les prix. Les transformateurs tentent de répondre en augmentant les prix pour compenser ces coûts plus élevés imposés par les épiciers. Ce jeu du chat et de la souris dure depuis des années et pénalise les consommateurs finaux.

Un fait moins connu est que les fournisseurs paient aux épiciers le privilège de faire affaire avec eux, ce qui confère un pouvoir significatif à ces détaillants dans la chaîne d’approvisionnement. Bien que cela puisse sembler bénéfique pour les consommateurs lorsque les épiciers imposent des réductions de prix aux fournisseurs, cela peut conduire à des marges plus serrées pour les transformateurs, les forçant potentiellement à fermer leurs portes. Pour protéger à la fois la fabrication et les épiciers indépendants, un code de conduite est essentiel. Ce code devrait être respecté par tous les épiciers, y compris des géants comme Loblaw et Walmart, et serait coordonné par le gouvernement et dirigé par l’industrie pour régler les différends au sein de la chaîne d’approvisionnement.

Actuellement, les fabricants doivent se conformer aux conditions de Loblaw ou cesser leurs activités. Beaucoup ont silencieusement fermé leurs portes parce qu’ils n’avaient pas la capacité de défier les géants de la distribution. Ces fermetures conduisent à une réduction du choix des consommateurs et, par conséquent, à moins de concurrence. C’est le véritable problème que la campagne de boycottage aurait dû mettre en lumière, plutôt que d’adopter une position populiste alimentée par une animosité collective envers une seule entreprise et un individu, Galen Weston.

Renforcer notre industrie de l’épicerie et la rendre plus compétitive nécessitera une compréhension plus large de l’économie de la chaîne d’approvisionnement parmi les consommateurs. Ni Loblaw ni Walmart n’exploitent directement les consommateurs ; ils font plutôt la vie dure aux transformateurs, ce qui introduit plus de volatilité des prix sur le marché et nuit finalement aux consommateurs. Les boycottages ne sont pas la solution ; au lieu de cela, nous devons rallier le soutien pour plus de stabilité des prix à travers un code de conduite pour l’industrie alimentaire. Avec le temps, cela aiderait à la fois la fabrication alimentaire et les épiciers indépendants à prospérer, faisant une fois de plus du Québec et du Canada un lieu d’investissement attractif.

La clé pour passer à un paysage de distribution alimentaire plus compétitif est de s’assurer que Loblaw et Walmart se conforment à ce nouveau code. Ainsi, M. Weston, au lieu de se lamenter sur la situation, devrait prendre des mesures concrètes pour aborder les véritables problèmes qui affectent les consommateurs.