La décision de Loblaw/Provigo de mettre fin aux rabais de 50 % sur les produits qui arrivent à échéance relève possiblement d’une décision stratégique, mais elle suscite des inquiétudes concernant l’approche de l’industrie en matière de coordination des prix. Nous devrions assister à une approche plus innovatrice de la part de nos épiceries, plutôt que de simplement imiter la concurrence.

Avec la hausse des prix alimentaires, les consommateurs à la recherche de bonnes affaires peuvent bénéficier de la récupération alimentaire. Par exemple, selon une récente enquête menée par notre Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire, près de 20 % des consommateurs achètent désormais régulièrement des produits offerts lors du « dernier jour de vente » dans les épiceries, souvent appelées des offres « Profitez-en ce soir ». Certaines de ces réductions peuvent être importantes.

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Cependant, si vous étiez habitué à voir des produits alimentaires réduits à 50 % chez Loblaw/Provigo, les choses changeront. Depuis le 14 janvier, l’entreprise a cessé d’offrir des articles au dernier jour de vente à 50 % de réduction. Bien que Loblaw n’ait pas immédiatement confirmé cela, l’entreprise a finalement répondu à notre demande de renseignements, confirmant le changement de politique.

À l’avenir, les consommateurs ne trouveront que des produits réduits à 30 % dans toutes les épiceries détenues et exploitées par Loblaw/Provigo.

Alors que cette nouvelle politique était déjà en vigueur dans certaines régions du pays, elle s’étend maintenant à l’ensemble du pays. Les jours des produits réduits à 50 % sont donc derrière nous. Très décevant, mais l’explication fournie par Loblaw/Provigo pour mettre fin à cette pratique mérite d’être examinée.

« Historiquement, nos magasins offraient des remises allant de 30 % à 50 % sur les produits de type “à déguster ce soir”. Nous nous orientons désormais vers une stratégie de tarification plus cohérente et prévisible, en nous alignant sur nos concurrents. Néanmoins, nous continuerons à proposer une gamme de remises grâce à des promotions en magasin et des dépliants, ainsi qu’en offrant des remises importantes sur les produits alimentaires approchant de leur date de péremption via l’application Flashfood. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Installation Flashfood dans un supermarché Maxi

La réponse de Loblaw/Provigo soulève deux questions importantes. Tout d’abord, l’entreprise déclare qu’elle aligne son approche de remise sur celle de ses concurrents. En général, les politiques d’alignement des remises dans les épiceries ne sont pas nécessairement considérées comme anticoncurrentielles.

Cependant, si plusieurs épiciers adoptent des politiques similaires pour maintenir des prix élevés, même sur des produits près de leur date de péremption, cela pourrait potentiellement être considéré comme un comportement anticoncurrentiel.

Quoi qu’il en soit, dans une économie de marché libre, l’accent devrait porter sur la recherche de moyens innovants pour rester concurrentiel, plutôt que de simplement imiter la concurrence. Les Canadiens attendent plus de leurs épiciers.

L’autre problème mis en lumière par la déclaration de Loblaw/Provigo est le rôle de l’application de récupération alimentaire Flashfood, similaire à Food Hero et Too Good To Go. Le changement de politique des remises chez Loblaw est susceptible de diriger davantage les chercheurs de rabais vers ces applications. La décision de Loblaw/Provigo de mettre fin aux remises de 50 % n’entraînera pas davantage de gaspillage alimentaire ; au contraire, les produits seront vendus par d’autres canaux. En revanche, cela fera en sorte que les consommateurs qui se présentent en épicerie seront plus susceptibles d’acheter des produits frais, plus rentables, plutôt que les produits réduits.

Loblaw/Provigo n’a pas fait d’annonce publique à cet égard. Les consommateurs auraient sûrement souhaité lire une publication quelconque sur le sujet. Ce changement est frustrant, mais la justification de la réduction des remises s’avère assez déconcertante. Il s’agit d’un problème sur lequel le Bureau de la concurrence devrait enquêter. Sinon, les Canadiens pourraient continuer à trouver des stratégies de tarification similaires dans toutes les grandes épiceries.

Ce problème va au-delà de Loblaw ; il s’agit d’une préoccupation à l’échelle de l’industrie qui doit être abordée.