À l’épicerie, le commerce équitable perd normalement de sa popularité lorsque les prix alimentaires augmentent. Cependant, ce n’est pas le cas cette fois-ci.

Octobre est le Mois du commerce équitable, une période où nous tournons notre attention vers les produits équitables, même si les prix alimentaires continuent d’augmenter. La question se pose naturellement : pourquoi célébrer le commerce équitable alors que bon nombre de ses produits sont vendus à un prix supérieur, les rendant moins abordables pour les consommateurs aux prises avec des factures alimentaires en augmentation constante ?

En effet, les produits certifiés équitables coûtent souvent de 20 % à 50 % plus cher que leurs homologues non équitables. Mais il devient impératif d’engager un dialogue sur le commerce équitable, compte tenu de nos préoccupations collectives en matière de durabilité et de justice sociale pour les agriculteurs du monde entier.

Même si les produits alimentaires équitables n’ont possiblement pas encore atteint le statut de marché de masse, la reconnaissance et la crédibilité qui y sont associées ont incontestablement augmenté.

Selon une récente enquête de Globe Scan, plus de 57 % des Canadiens ont choisi des logos Fairtrade lors de leurs achats d’épicerie. Les principaux produits certifiés comprennent le café, le chocolat, le thé et les bananes. Les bananes équitables ont d’ailleurs fait des percées impressionnantes dans divers magasins au cours de la dernière année.

Les principes fondamentaux du commerce équitable englobent la transformation des dynamiques commerciales en offrant des prix plus équitables, en garantissant des conditions de travail décentes et en proposant un accord équitable aux agriculteurs et aux travailleurs des pays en développement. Ce changement de paradigme intègre intrinsèquement des pratiques agricoles durables.

Tout au long de l’histoire, les cycles économiques ont influencé la perception des consommateurs à l’égard d’initiatives comme le commerce équitable. Notamment, lors de la crise financière il y a 15 ans, la proportion de Canadiens exprimant une préoccupation importante ou très élevée pour le changement climatique et les problèmes environnementaux est passée de 71 % en 2008 à 46 % en 2010, selon les données de Globe Scan.

Aujourd’hui, au milieu de la flambée des prix alimentaires, cette donnée est passée de 62 % à 59 %. Contrairement aux périodes précédentes de difficultés économiques, le changement climatique reste une préoccupation primordiale au Canada. Cette évolution est une fois de plus stimulée par les générations plus jeunes, notamment la génération Z et les milléniaux, malgré les récents défis rencontrés à l’épicerie.

Même si seulement un Canadien sur trois a acheté des produits certifiés équitables au cours des six derniers mois, la majorité d’entre eux ont moins de 43 ans.

Une incitation convaincante pour les épiciers à élargir leur offre de produits équitables réside dans la possibilité de créer des liens plus forts avec les agriculteurs en amont de la chaîne d’approvisionnement. Les épiciers font actuellement face à une diminution du capital social, car un nombre substantiel de Canadiens estiment que la recherche de profits par les entreprises fait injustement monter les prix alimentaires.

C’est un problème auquel les épiciers doivent faire face. Aligner leurs gammes de produits avec les agriculteurs défavorisés dans des régions où la justice socio-économique reste un combat quotidien pourrait être une décision stratégique, notamment dans le contexte économique actuel.

Il ne serait pas surprenant de voir une gamme croissante de produits équitables sur les étagères des épiceries dans les années à venir, précisément pour les raisons évoquées ci-dessus. La confiance des consommateurs est fondamentalement enracinée dans le désir d’apporter un changement marqué. Alors que les épiciers soutiennent depuis longtemps les banques alimentaires et diverses causes caritatives, ces efforts manquent souvent de visibilité.

En revanche, le commerce équitable se distingue comme une option visible, transparente, fiable et digne de confiance, des qualités qui peuvent renforcer la position éthique des épiciers aux yeux du public.

Une récente enquête de Globe Scan révèle que plus de 85 % des Canadiens font confiance aux étiquettes de certification Fairtrade, un niveau de confiance que les épiciers ne peuvent qu’espérer atteindre pour le moment. Ainsi, un alignement stratégique avec le commerce équitable prend tout son sens.

Essentiellement, il faut reconnaître que le commerce équitable n’est probablement pas accessible financièrement à tous les consommateurs en raison du prix plus élevé de ses produits. Néanmoins, il comble le fossé économique entre les populations aisées et les populations appauvries du monde entier, donnant aux consommateurs un sentiment de responsabilité sociale lorsqu’ils choisissent des produits équitables. Cette dynamique convaincante ne doit pas être facilement négligée.