Le franchiseur de restaurants Groupe MTY constate qu’il est plus difficile de vendre ses produits dérivés en épicerie. La forte inflation alimentaire pousse de nombreux consommateurs vers les marques privées des épiciers.

« Les détaillants poussent un peu plus vers leurs marques privées qu’ils ne le faisaient auparavant, a constaté son président-directeur général, Éric Lefebvre, lors d’une conférence téléphonique, mercredi, avec les analystes. Il y a beaucoup de publicité sur les marques privées, sur les articles à plus bas prix. »

Les activités de transformation des aliments, de distribution et de vente au détail représentent environ 14 % des revenus de la société montréalaise pour la période de neuf mois terminée le 31 août. Cette part est beaucoup plus importante au Canada, à 42 %.

Groupe MTY a également connu un revers aux États-Unis dans ce secteur tandis que ses revenus ont reculé de 65 %, soit de 4,3 millions, à 1,5 million, sur la même période de neuf mois.

Cette chute est attribuable à la résiliation d’un contrat de licence de ventes au détail aux États-Unis. En conférence avec les analystes et dans les documents réglementaires, la société n’a pas précisé de quel contrat il s’agissait.

Au Canada, les revenus de ce secteur ont augmenté de 2 %, toujours sur la période de neuf mois.

Malgré les vents de face, M. Lefebvre estime que le secteur de la transformation alimentaire est prometteur. « C’est toujours un très bon secteur pour nous. Nous sommes heureux de l’avoir. Il y a un énorme potentiel. »

Même avec un consommateur plus frileux, l’homme d’affaires affirme que MTY parvient à vendre « certains articles premium comme jamais auparavant ». « C’est une question de la valeur perçue. Si vous offrez de la valeur au client, même si le prix est élevé, si l’expérience est là pour justifier ce prix, le consommateur va l’accepter. »

Au sujet des restaurants, M. Lefebvre constate d’ailleurs que les clients sont plus exigeants dans la foulée de l’augmentation des prix sur les menus de ses 90 enseignes. « Le client ne lance plus d’argent à n’importe quel restaurant. Les prix ont augmenté, alors l’expérience doit aussi s’améliorer. Malgré tout, le consommateur répond présent. Nous n’avons pas vu de faiblesse [de la demande] ou quelque chose du genre. »

Le portefeuille de MTY compte notamment Valentine, Thaï Express et Sushi Shop.

Moins de fermetures

Le réseau du Groupe MTY continue de perdre plus de restaurants qu’il n’y a d’ouvertures. L’entreprise a ouvert 87 établissements à travers ses différentes enseignes et en a fermé 92 au cours du troisième trimestre terminé le 31 août, ce qui porte le réseau à 7119 établissements, dont la grande majorité sont franchisés. « Nous arrivons très près de notre objectif d’ouvrir plus d’établissements qu’il n’y a de fermetures », insiste M. Lefebvre.

Il ajoute que le nombre de 92 fermetures représente le plus bas chiffre depuis 2016, « tandis que notre réseau était beaucoup plus petit ».

Historiquement, l’entreprise montréalaise a réussi à croître en acquérant de nouvelles chaînes, mais ses activités existantes ont stagné.

La situation a été encore plus difficile dans les dernières années. L’environnement opérationnel (pandémie, rareté de la main-d’œuvre) a mené plusieurs franchiseurs à raccrocher leur tablier.

En février, MTY rapportait que le nombre de fermetures était trois fois plus élevé que le nombre d’ouvertures. La situation s’est rétablie depuis.

Cette amélioration survient dans un contexte difficile, souligne le dirigeant. « Obtenir du financement est plus difficile. Le coût de l’argent a augmenté considérablement au cours des deux dernières années et les banques prennent plus de temps à accorder de nouveaux prêts, ce qui ralentit le développement de nouveaux établissements. »

L’analyste Derek Lessard, de Valeurs mobilières TD, invite les investisseurs à attendre avant de crier victoire. « La contraction du réseau a toujours été une zone de faiblesse pour MTY. Nous préférons attendre une performance plus consistante avant de dire qu’il s’agit d’une tendance. »

Résultats supérieurs aux attentes

Malgré les vents contraires, MTY a dévoilé des résultats supérieurs aux attentes des analystes.

La société a dévoilé un bénéfice net de 38,9 millions, comparativement à 22,4 millions à la même période l’an dernier. Le bénéfice dilué par action est de 1,59 $.

Les revenus, pour leur part, s’établissent à 298 millions, comparativement à 171,5 millions à la même période l’an dernier. En excluant les acquisitions, les ouvertures et les fermetures, les ventes comparables sont en hausse de 3 %. Au Canada, ce rythme est de 3 % alors qu’il est de 2 % aux États-Unis.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 1,11 $ et des revenus de 298,5 millions, selon la firme de données financières Refinitiv.

L’action de MTY perdait 2,10 $, ou 3,7 %, à 54,54 $, à la clôture de la séance de mercredi à la Bourse de Toronto.