Vendre ses robes, des jouets, sa mijoteuse ou des bouts de gouttière sur l’internet est devenu banal. Inutile (ou presque) d’organiser une vente de garage, les plateformes en ligne sont d’une efficacité remarquable pour se débarrasser de ses biens.

Les entreprises se retrouvent elles aussi avec des biens usés, inutiles ou en fin de vie. Mais rares sont celles qui ont le réflexe de mettre tout ça en vente. L’exercice demande du temps, des personnes qui s’y consacrent, de l’espace d’entreposage et une expertise. Car ce n’est pas évident de trouver des débouchés pour ses rebuts, surtout quand il s’agit de matériaux inusités.

Le dépotoir est toujours l’option la plus simple. Mais en 2023, veut-on encore que ce soit le premier réflexe ? Certainement pas.

Chez Hydro-Québec, la volonté de se débarrasser des rebuts de façon écologique existe depuis des années. Mais les efforts sont de plus en plus soutenus, ce qui donne des résultats remarquables. « Il y a une grosse croissance. On a pris les choses en main. En cinq ans, on est passés de 10 à 37,8 millions de ventes. On fait une meilleure job de mise en marché et le cours des métaux a augmenté », m’a expliqué le chef du service de la valorisation des biens meubles excédentaires de la société d’État, Maxime Gilbert. Son équipe compte neuf personnes.

La liste de ce qui est vendu au plus offrant est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

Et même l’huile à patates frites utilisée dans les cafétérias dans le nord du Québec. « Jusqu’à il y a deux ans, on payait une entreprise qui venait la chercher. Maintenant, on la vend, relate Maxime Gilbert. Ce n’est pas significatif sur les 38 millions, mais c’est passé d’un déchet à une source de revenus. » On en fait du biocarburant, des cosmétiques et de la nourriture animale.

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Maxime Gilbert, chef du service de la valorisation des biens meubles excédentaires de la société d’État

Parfois, il est impossible de vendre certains biens. Personne ne veut payer pour ces objets, mais il y a quand même moyen de faire mieux que l’enfouissement en cherchant un peu.

C’est ainsi qu’Hydro-Québec a trouvé un débouché pour sa « quantité phénoménale » de cartables qui dormait quelque part. Après avoir contacté les commissions scolaires, qui n’en voulaient pas, le Groupe AFFI les a pris, en échange d’une certaine somme d’argent. Ses employés, en majorité handicapés, défont les cartables, ce qui permet au carton et aux anneaux de métal d’être recyclés. Jusqu’ici, 50 000 ont échappé au dépotoir.

  • Depuis des années, Hydro-Québec cherche par tous les moyens à se débarrasser des rebuts de façon écologique. L’an dernier, par exemple, la société d’État a dégagé une somme de 38 millions découlant de la vente de divers matériaux qui ne lui servaient plus.

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    Depuis des années, Hydro-Québec cherche par tous les moyens à se débarrasser des rebuts de façon écologique. L’an dernier, par exemple, la société d’État a dégagé une somme de 38 millions découlant de la vente de divers matériaux qui ne lui servaient plus.

  • La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

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    La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

  • La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

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    La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

  • La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

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    La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

  • La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

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    La liste des objets ou matériaux vendus au plus offrant par Hydro-Québec est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

  • Les gros cylindres de porcelaine qu’on retrouve dans les « postes » du réseau de transport à haute tension représentent un gros défi pour la revente.

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    Les gros cylindres de porcelaine qu’on retrouve dans les « postes » du réseau de transport à haute tension représentent un gros défi pour la revente.

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Même chose ou presque avec les vêtements de travail, comme ces manteaux conçus pour protéger les travailleurs jusqu’à -40 °C et leurs mitaines ultrachaudes. Ça « vaut une fortune », mais une fois usés, qu’en faire ? Ils sont donnés au réseau CFER, un regroupement de 23 écoles-entreprises qui forme des jeunes ayant d’importants retards scolaires. Les vêtements sont remis en état et vendus, de sorte que l’activité s’autofinance.

Le matériel informatique est vendu à l’entreprise d’insertion (sans but lucratif) Insertech, à Montréal. L’équipement industriel et les outils prennent le chemin des encans organisés par Ritchie Bros., à Mont-Saint-Hilaire. L’ameublement de bureau s’en va à Saint-François-du-Lac, chez Matériaux et surplus Lefebvre, dont le stock en ligne vous décontenancera à coup sûr !

Quant aux véhicules en tous genres, ils sont vendus à l’encan ou directement à des revendeurs. Hydro-Québec a bien sûr profité de la hausse marquée des prix pendant la pandémie. Ses vieux pick-up, tout particulièrement, se vendaient alors à « des prix de fou ». La société d’État a aussi mis en place un réseau « pour se donner des choses à l’interne ». Tout le monde préfère le neuf, mais cela évite bien des achats inutiles.

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Les véhicules en tous genres ayant servi aux opérations sont vendus à l’encan ou directement à des revendeurs.

Quel type de rebut représente le plus grand défi ? Les gros cylindres de porcelaine qu’on retrouve dans les « postes » du réseau de transport à haute tension. L’équipe de valorisation cherche une entreprise qui pourrait broyer le matériau en vue de l’ajouter à d’autres matières utilisées pour faire du remplissage sous un trottoir, par exemple. « C’est à peu près le mieux qu’on peut faire avec ça. Pour l’instant on est en dépense, c’est un rebut. Mais on a peut-être trouvé preneur », espère Maxime Gilbert.

Au Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), la DG Claude Maheux-Picard a été estomaquée d’apprendre qu’Hydro-Québec avait réalisé des dizaines de millions de dollars en vendant ses rebuts. « Wow, c’est incroyable ! Voyons donc ! C’est un beau cas d’espèce. J’espère que ça va inspirer d’autres organisations. »

Experte en économie circulaire et en valorisation des résidus industriels, elle m’a appris que c’était « assez rare » qu’une organisation fasse des efforts pour vendre ses choses, hormis son matériel informatique. Desjardins était d’ailleurs le seul autre exemple qu’elle pouvait nommer.

C’est quand même innovant.

Jean-Pierre Gouin, DG d’ADDERE Service-conseil, spécialiste de la transition écologique des entreprises

La revente représente des enjeux logistiques et de stockage, mais rapporte rarement de l’argent. « Ceux qui font des démarches, c’est parce qu’ils trouvent que jeter les choses, ça n’a pas de bon sens », relate Claude Maheux-Picard. Malheureusement, les entreprises qui voudraient faire de l’économie circulaire sont « mal servies ». Elles doivent se débrouiller seules, ou presque, de sorte que c’est « beaucoup plus compliqué » pour elles que pour le simple citoyen.

Pour conclure, la DG du CTTEI avait une suggestion intéressante pour Hydro-Québec : créer un fonds avec ses 38 millions pour aider de petites entreprises ou organisations à faire comme elle.

Le message est lancé !

Ce qu’Hydro-Québec a vendu en 2022

  • 11,4 millions de kilos de métaux
  • 12 863 transformateurs
  • 135 095 litres d’huile isolante
  • 891 véhicules
  • 682 lots de matériel industriel