Même si les taux d’intérêt montent, on ne voit pas devant les banques des files de clients impatients d’ouvrir un compte épargne. Pour la bonne raison que les taux offerts continuent d’être rachitiques.

D’un côté, les taux hypothécaires n’ont pas mis de temps à grimper, mais de l’autre, les banques tardent à bonifier l’intérêt versé dans les comptes des épargnants. Ce décalage n’étonne guère Fabien Major, planificateur financier et conseiller en gestion de patrimoine chez Gestion de capital Assante. Il en est toujours ainsi.

« Les banques redonnent moins vite qu’elles ne prennent ! résume-t-il. Considérant que le taux directeur est à 3,25 %, elles ne sont pas très généreuses. On dirait qu’elles veulent se garder certaines provisions au cas où leurs finances seraient affectées. Elles regardent quel sera le point d’arrêt des augmentations de la Banque du Canada. »

Ainsi, pour le moment, on voit surtout des promotions de très courte durée. À la Banque Nationale, par exemple, on offre 4,25 % sur tous les nouveaux dépôts effectués jusqu’au 13 décembre, après quoi le taux revient à la normale, à 1,25 %. Desjardins offre un boni de 2,7 % jusqu’au 17 novembre. La Scotia accorde aussi diverses primes à son taux ordinaire de 1,35 %.

La BMO affirme que les taux d’intérêt de ses comptes d’épargne ont « augmenté de façon substantielle depuis mars 2022 », mais sans chiffrer la hausse. Son compte le plus payant procure actuellement 1,4 % d’intérêt. La Banque Nationale assure aussi que le taux de son compte épargne a augmenté « au cours de la dernière année » pour atteindre 1,25 %.

Ce n’est quand même pas la mer à boire, surtout en tenant compte de l’inflation. Si bien qu’il devient tentant, avec la Bourse qui nous donne des sueurs froides presque tous les jours, de se tourner vers les CPG (certificats de placement garantis). Ils nous font de l’œil avec des taux qu’on peut qualifier d’intéressants pour la première fois depuis des lunes. La Laurentienne, par exemple, propose 4,5 % d’intérêt pour un terme de 14 mois, Desjardins, 4,5 % pour 18 mois, Tangerine, 4,70 % pour 12 mois.

La BMO, la Banque Nationale et la Laurentienne m’ont d’ailleurs toutes trois affirmé que la popularité de ce produit d’investissement a bondi. La BMO précise que ses clients optent le plus souvent pour des CPG d’une durée d’un an, car ils sont « plus faciles à encaisser » et offrent « de meilleurs taux qu’un compte d’épargne ».

Ce n’est pas la meilleure des stratégies, croit toutefois Fabien Major.

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Fabien Major, planificateur financier et conseiller en gestion de patrimoine chez Gestion de capital Assante

Si on achète ça, on risque de faire une gaffe. Parce qu’il va y avoir deux autres hausses de taux d’intérêt. Il va suffire de deux ou trois mois pour avoir du 5 % ou du 5,25 %.

Fabien Major, planificateur financier et conseiller en gestion de patrimoine chez Gestion de capital Assante

Si vous accumulez de l’argent dans un compte chèque ou épargne parce que le yoyo de la Bourse vous empêche de dormir ou que vous aurez besoin de votre capital à court terme, il existe de meilleures options, martèle-t-il.

L’expert recommande plutôt les fonds négociés en Bourse (FNB) d’épargne à intérêt élevé (aussi appelés FNB au comptant). Leur valeur ne dépend nullement de l’humeur des marchés boursiers.

Essentiellement, ces fonds mettent en commun l’épargne des porteurs de parts et la déposent dans des comptes de grandes banques canadiennes. Tout simplement. Mais puisqu’on parle de milliards de dollars, on leur déroule le tapis rouge. En d’autres mots, on leur offre des intérêts plus élevés qu’au commun des mortels. « Certains versent jusqu’à 3,7 % d’intérêt », précise Fabien Major.

Ses FNB d’épargne à intérêts élevés préférés sont le CI High Interest Savings ETF (CSAV), le Purpose High Interest Savings ETF (PSA) et le NB Horizons Épargne à intérêt élevé (CASH).

Rappelons que ces fonds peuvent être achetés au moyen d’un compte de courtage à escompte, par l’entremise d’un planificateur financier ou d’un courtier. Attention, prévient Fabien Major, les firmes de courtage de certaines banques refusent de vendre ce type de FNB qui les forcent, ultimement, à verser des intérêts plus élevés.

Il y a encore mieux, selon le conseiller en gestion de patrimoine : les fonds obligataires.

« On voit un engouement et la demande recommence. C’est possible que les rendements d’ici 12 mois se situent entre 7 et 15 %. » Depuis deux ans, c’est vrai qu’il y a eu beaucoup de volatilité dans le secteur des obligations, mais l’avenir sera plus stable étant donné qu’il y a « plus de hausses de taux d’intérêt derrière nous que devant », dit-il. Et cela constitue « un signal d’entrée très fort ».

« Il y a actuellement une fenêtre d’entrée dans le marché obligataire qu’on n’avait pas vue depuis peut-être 40 ans », conclut Fabien Major.

Même si l’inflation, la Bourse et la récession nous inquiètent, il y a moyen de placer son argent, de garder le sommeil et d’espérer un (certain) rendement.