Les récentes manifestations d’agriculteurs européens reflètent une inquiétude grandissante quant à l’avenir de l’agriculture. En décembre dernier, la marche de solidarité des agriculteurs à Québec a signalé que cette préoccupation est aussi croissante sur le plan québécois.

À quelques semaines de l’annonce du budget 2024-2025, nous tenons à rappeler notre préoccupation face à la capacité du secteur des grains de maintenir sa rentabilité et sa compétitivité, dans le contexte économique et réglementaire actuel. Ce secteur économique névralgique est essentiel au soutien de la filière agricole au grand complet et à une autonomie alimentaire durable. Cette réalité doit être mieux reconnue.

D’abord, quelques données peuvent être des indicateurs intéressants de l’impact économique du secteur des grains. En 2022, la valeur totale des grains commercialisés au Québec dépassait les 2 milliards de dollars. On estime également que la valeur de l’exportation de grains en provenance seulement du Québec s’établissait à environ 765 millions de dollars. On doit aussi ajouter à ce portrait des effets indirects et induits, du fait de la circulation économique qui en résulte. À elles seules, ces données révèlent une production de richesse importante, bénéficiant à tous les Québécois ainsi qu’aux coffres de l’État. Il ne faut pas non plus négliger l’impact significatif de la production de grains sur tout le secteur agricole du Québec, plusieurs autres productions agricoles dépendant de celui-ci pour l’alimentation animale.

Par ailleurs, notons que les grains sont la source d’innombrables aliments et boissons consommés tous les jours, comme la farine, le tofu, ainsi que certains alcools. Ils sont aussi exploités dans la production de bioproduits et de bioénergie.

Pourtant, malgré le rôle névralgique du secteur des grains, l’ampleur du soutien ne reflète ni les besoins réels des producteurs de grains, notamment sur le plan agroenvironnemental, ni le besoin grandissant d’assurer l’autonomie alimentaire du Québec. Au surplus, la multiplication de mesures réglementaires inutilement restrictives vient peser lourd sur la compétitivité et la mobilisation des producteurs.

En tant qu’agriculteurs, notre mission est de nourrir le Québec. Toutefois, pour y arriver, nous devons avoir les outils nécessaires. Aujourd’hui, nous sommes inquiets pour la pérennité de nos cultures et de nos entreprises. La colère qui gronde chez les agriculteurs, tant québécois qu’européens, est une preuve du sérieux de la situation. L’heure est maintenant aux actes et à la reconnaissance concrète du caractère essentiel de la production de grains au Québec.

L’histoire de l’agriculture au Québec est intrinsèquement liée à la solidarité que les Québécois s’expriment entre eux au quotidien. En vue du prochain budget, le secteur des grains a franchement besoin de cette solidarité.

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