Les plus gros syndicats d’employés d’Hydro-Québec lancent une campagne publicitaire afin d’exprimer leurs craintes envers ce qu’ils perçoivent être des intentions de privatisation de la société d’État par le gouvernement Legault.

Cette campagne publicitaire lancée sous le thème de « Nos énergies à nous » est pilotée par la centrale syndicale SCFP qui chapeaute les syndicats de 16 000 employés de métiers techniques et d’administration chez Hydro-Québec.

Aux dires du SCFP, dans la foulée du plan de la nouvelle direction d’Hydro-Québec de doubler sa production d’électricité d’ici 2050, on craint notamment que le projet de loi attendu bientôt du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, favorise le développement de projets privés de production et de transport d’électricité au détriment de la société d’État.

Ce n’est toutefois pas l’avis d’analystes experts en énergie comme Pierre-Olivier Pineau, professeur en gestion du secteur de l’énergie à l’École des HÉC de Montréal.

« Je crois qu’il n’y a aucune menace de privatisation, contrairement aux gens qui veulent créer une polémique par rapport à une éventuelle privatisation, a indiqué M. Pineau dans un échange de courriels avec La Presse.

« En fait, tout au contraire d’une quelconque privatisation, Monsieur Sabia (NDLR : le nouveau PDG d’Hydro-Québec) a un mandat d’augmenter la production d’électricité d’Hydro-Québec pour répondre à la croissance de la demande. »

De plus, selon Pierre-Olivier Pineau, « Hydro-Québec a tellement de travail à réaliser par rapport à la réfection de ses barrages ainsi que ses réseaux de transport et de distribution d’électricité qu’il serait très sain de laisser un peu plus de place à des producteurs indépendants et des auto-producteurs dans le secteur industriel. »

Entre temps, à la direction d’Hydro-Québec, on a réagi vendredi à la campagne publicitaire des syndicats SCFP en rappelant les propos de son PDG, Michael Sabia, devant la Commission parlementaire de l’agriculture, de l’énergie et des ressources naturelles à Québec, le 30 novembre dernier.

« … moi, je suis complètement mal à l’aise avec l’idée de dénationaliser une institution publique de cette importance pour l’avenir du Québec », avait notamment indiqué M. Sabia lors des discussions d’analyse du « Plan stratégique 2022-2026 » et du « Plan d’action 2035 : Vers un Québec décarboné et prospère » qui avaient été préparés par la haute-direction d’Hydro-Québec, à la demande du gouvernement Legault.