Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, présentera mardi son plan de rattrapage pour les élèves qui ont manqué jusqu’à 24 jours d’école en raison des grèves dans le secteur public. À quoi doit-on s’attendre ?

Pourquoi un plan de rattrapage ?

À la suite des grèves dans le secteur public, un réajustement s’impose pour l’année scolaire en cours : si les élèves dont les profs sont affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont manqué plusieurs semaines d’école en raison d’une grève générale illimitée, ceux dont les profs sont représentés par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) n’ont manqué que quelques jours.

Depuis plusieurs semaines, des acteurs du réseau de l’éducation appellent Québec à statuer sur la suite de l’année scolaire. Jeudi, M. Drainville a indiqué que plusieurs rencontres « avec les équipes du Ministère ainsi qu’avec des représentants des centres de services scolaires, des directions d’école, des comités de parents, des syndicats » avaient eu lieu pendant le temps des Fêtes et qu’un « plan de rattrapage » serait présenté le 9 janvier.

Que doit-il contenir ?

L’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES) a été consultée par Québec et a demandé que le plan soit adapté aux besoins de chaque école, parce que les impacts des grèves seront variables pour les élèves.

« On l’a vu au sortir de la pandémie, dans les quartiers les plus défavorisés, quand on ferme les écoles, ces élèves sont souvent plus affectés. Par contre, dans d’autres milieux, on voit que les parents ont payé des tuteurs ou ont pris le relais, donc les apprentissages se sont poursuivis », dit sa présidente, Kathleen Legault.

On pourrait par exemple allouer plus de budget pour le tutorat, offrir des heures supplémentaires à du personnel ou affecter des aides à la classe à certains endroits.

C’est aussi ce que demande le Regroupement des comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ).

« On a une problématique inédite : une école primaire publique à Joliette et une école primaire publique à Laval n’ont pas manqué le même nombre de jours », dit son porte-parole, Sylvain Martel. Il demande aussi des mesures adaptées à chaque école.

Enseignante en 5e et 6e année, Anne-Marie Roberge se demande notamment ce qu’il adviendra des apprentissages en mathématiques.

« On a des choix à faire. Avec le temps qu’on a perdu, je ne suis pas certaine qu’on arrivera à tout faire avant les examens du Ministère, début juin », illustre celle dont les élèves ont été absents plus d’un mois. Ces examens pourraient être reportés ou annulés, avance-t-elle.

Québec a déjà annoncé le report d’épreuves ministérielles qui étaient prévues en janvier. Elles auront lieu quelques semaines plus tard que prévu.

Le calendrier scolaire sera-t-il revu ?

C’est peu probable, disent parents et directions. Annuler la semaine de relâche ou prolonger l’année scolaire, « ce serait un peu faire payer les enfants », avance le représentant des parents, Sylvain Martel.

« Jouer dans le calendrier me paraît extrêmement complexe sur le plan administratif, je ne suis pas certain que c’est une porte qu’on a envie d’ouvrir », ajoute-t-il.

Ce plan arrive-t-il trop tard ?

Au moment où Bernard Drainville présentera le plan, mardi, les enseignants du Québec seront déjà en classe avec leurs élèves.

Pour Anne-Marie Roberge, ce plan arrivera une journée trop tard. Lundi, journée pédagogique, elle aura déjà préparé une partie de la suite de l’année scolaire. « Je ne suis pas la seule à me préparer d’avance. Lundi, c’est notre planification, et le plan n’est pas là », dit l’enseignante.

Il aurait été « préférable » qu’il soit prêt dès le retour du personnel, lundi, dit pour sa part la présidente de l’AMDES, tout en affirmant que les écoles sauront s’adapter.

Au Regroupement des comités de parents autonomes du Québec, on observe que ce plan a été bien « réfléchi ». « Je sens qu’il y a une volonté commune, tout le monde s’en va dans le même sens », dit son porte-parole, Sylvain Martel.

Comment se passera le retour en classe ?

L’enseignante Anne-Marie Roberge dit qu’elle devra d’abord « recréer le lien » avec ses élèves, qu’elle n’a pas vus depuis plus d’un mois. « On va voir comment vont les élèves, ce qui s’est passé de nouveau dans nos vies », illustre-t-elle.

Elle se dit « très motivée » à retourner en classe et décrit l’enseignement comme sa passion. « C’est comme une rentrée scolaire, on est un peu nerveux », dit Mme Roberge, qui enseigne depuis plus de 20 ans.

À l’AMDES, on craint toutefois que certains membres du personnel ne soient pas au rendez-vous.

« Un mois de fermeture, ça a laissé des traces. Il y a une grande partie du personnel qui avait l’impression que le gouvernement se traînait les pieds dans cette négociation-là, qu’il engrangeait les millions pendant qu’eux étaient dehors », dit Kathleen Legault.

Des membres du personnel de soutien qui n’étaient pas à temps plein pourraient avoir décidé de se trouver un autre travail, dit-elle.