(Calgary) WestJet demande au gouvernement fédéral de permettre aux compagnies aériennes de recouvrer une partie des coûts pour l’indemnisation des passagers auprès d’autres partenaires de l’industrie aérienne, si ces partenaires ont joué un rôle dans les retards ou les perturbations de vols.

C’est ce qu’a affirmé le PDG de la compagnie aérienne de Calgary, Alexis von Hoensbroech, mercredi, lors d’un évènement de la Chambre de commerce de Calgary. Il a précisé qu’il appuie la Déclaration des droits des passagers aériens instaurée au Canada en 2019, qui décrit comment les compagnies aériennes doivent communiquer avec les voyageurs, les rembourser ou les indemniser, que ce soit lors de vols retardés ou pour des bagages endommagés, afin que les compagnies aériennes ne fonctionnent pas en vase clos.

« Il y a les aéroports, la sécurité, le contrôle des frontières, les agents au sol », a fait valoir M. von Hoensbroech aux journalistes, ajoutant qu’aucune de ces parties n’est assujettie aux règlements existants sur la protection des passagers aériens comme le sont les compagnies aériennes.

« Quoi qu’il arrive, c’est toujours la compagnie aérienne qui devient essentiellement la compagnie d’assurance pour l’ensemble de l’industrie », a-t-il déploré.

Si vous voulez un secteur de l’aviation qui produit collectivement un produit fiable pour nos clients, alors il doit y avoir une certaine responsabilité partagée.

Alexis von Hoensbroech, PDG de WestJet

Au cours de la dernière année, des milliers de Canadiens ont souffert des retards dans les aéroports alors que le secteur de l’aviation, durement éprouvé par la pandémie, a eu de la difficulté à faire face à une recrudescence spectaculaire de la demande de transport aérien.

En vertu du Règlement sur la protection des passagers aériens en vigueur au Canada, les voyageurs peuvent demander une indemnisation directement à la compagnie aérienne si un vol est retardé de plus de trois heures pour un problème qui relève du transporteur, mais qui n’est pas lié à la sécurité.

Certains défenseurs des droits des passagers ont suggéré qu’en plus d’indemniser les voyageurs, les compagnies aériennes devraient être assujetties à des sanctions pécuniaires sévères si elles ne respectent pas leurs obligations en vertu de la Déclaration des droits des passagers.

Indemnisations substantielles

Alexis von Hoensbroech avait refusé de dire combien WestJet a versé en indemnisation des passagers au cours de la dernière année, mais il soutient que le montant est substantiel.

« L’année dernière, nous avons dû faire face à des millions de dollars », a-t-il affirmé, tout en soulignant que lorsque les compagnies aériennes sont forcées de supporter un fardeau financier de cette taille, elles ne peuvent finalement pas faire autrement que d’augmenter leurs tarifs.

« En fin de compte, nous devons recouvrer tous nos coûts, y compris l’indemnisation », a-t-il expliqué.

Les commentaires de M. von Hoensbroech surviennent alors que le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, s’est engagé à renforcer la Déclaration des droits des passagers aériens, aux prises avec les critiques des passagers qui sont insatisfaits du système actuel.

M. Alghabra a dit le mois dernier que l’Office des transports du Canada avait une liste d’attente de 42 000 plaintes de passagers liées au transport aérien. Il a promis 75,9 millions supplémentaires à l’organisme quasi judiciaire pour l’aider à accélérer le traitement des plaintes.

M. von Hoensbroech assure que WestJet n’essaie pas de se soustraire à ses responsabilités envers les passagers, mais il espère que le ministre Omar Alghabra mettra en place un mécanisme permettant aux compagnies aériennes de répartir les coûts de l’indemnisation des voyageurs avec la partie à l’origine du problème, qu’il s’agisse d’un retard à la douane ou d’un appareil de manutention des bagages en panne dans un aéroport.

« D’après ce que nous entendons, c’est un concept qu’ils [le gouvernement fédéral] poursuivent, mais je ne sais pas quand cela arrivera », a-t-il dit.