Les consommateurs pourraient essuyer une partie des coûts engendrés par la hausse du salaire minimum

La hausse du salaire minimum pourrait bien affecter les consommateurs. Pour compenser les augmentations salariales, les prix affichés aux menus des restaurants et ceux des produits en supermarché risquent de gonfler, préviennent les propriétaires d’établissements et les détaillants.

« Une hausse du salaire minimum de 7 % va faire en sorte que mes directeurs, mes gérants, vont eux aussi me demander une augmentation de 7 % », affirme Martin Guimond, propriétaire de la brasserie Saint-Bock, située au centre-ville de Montréal. « Ils vont me dire : “J’en veux plus”. »

Au Québec, les travailleurs payés au salaire minimum verront leur taux horaire augmenter de 1 $ à partir du 1er mai. Ils recevront donc une rémunération de 15,25 $. Le salaire minimum des travailleurs avec pourboires, comme celui des serveurs, passera à 12,20 $, une augmentation de 0,80 $. Bien que cette hausse ait été annoncée pour améliorer le sort de nombreux salariés, elle engendrera des dépenses supplémentaires pour les entreprises qui devront hausser les salaires de l’ensemble de leurs employés, même si ceux-ci gagnent déjà un taux horaire supérieur à 15,25 $.

Résultat : une partie de cette facture pourrait être refilée aux consommateurs. « Les prix vont exploser. Si on veut garder la qualité et la quantité, on n’a pas le choix », confirme M. Guimond.

Et la pilule risque d’être difficile à faire passer, selon lui. Depuis la pandémie, le prix des menus a grandement augmenté. En ce moment, les clients sourcillent déjà en regardant la carte, raconte-t-il. « Les cheeseburgers qui étaient à l’époque 15,95 $ sont déjà rendus à 19 $. Là, on s’en va vers un prix de 20,50 $-21 $. » La bière et la poutine qu’il sert à sa clientèle n’y échapperont pas non plus.

Les consommateurs qui ont l’habitude de s’attabler chez La Belle & La Bœuf, Monza ou de commander du poulet aux Rôtisseries Au Coq – tous gérés par le groupe Foodtastic – pourraient également constater des hausses de prix sur les menus, confirme son président, Peter Mammas. « Une hausse de 7 % du salaire minimum ne peut pas être absorbée par l’industrie sans une hausse de prix, précise-t-il. Nos équipes sont en train d’évaluer l’impact exact avant d’ajuster les prix. »

Dans ces conditions, le vice-président aux affaires publiques de l’Association Restauration Québec (ARQ), Martin Vézina, se demande si les consommateurs seront prêts à payer une facture plus salée. « Jusqu’où les gens vont-ils être prêts à nous suivre ? », se questionne-t-il.

M. Guimond, de la brasserie Saint-Bock, craint de connaître la réponse. « Les gens vont dire que c’est trop cher et vont décider de ne pas sortir manger. »

En épicerie aussi

Au supermarché, des hausses pourraient également se faire sentir au lendemain du 1er mai. « Il va y avoir un effet domino », affirme sans détour Stéphane Lacasse, vice-président aux affaires publiques de l’Association des détaillants en alimentation du Québec.

Selon lui, près de 80 % des employés d’épicerie sont payés à un taux horaire variant entre 15 $ et 18 $. Actuellement, le salaire minimum est fixé à 14,25 $. Comme en restauration, ceux-ci risquent de vouloir préserver l’écart qui les sépare du salaire minimum.

« Et qui dit hausse de salaire dit hausse de coûts, ajoute-t-il. Il y a une partie de cette hausse qui va être refilée aux clients. »

Michel Rochette, président pour le Québec du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), ajoute pour sa part que cette augmentation contribue à exercer « une pression sur l’industrie ». Son organisation représente notamment les grandes enseignes comme IGA, Metro, Loblaw (Maxi, Provigo), Costco et Walmart.

« Les salaires depuis un bon moment ont beaucoup augmenté. Et c’est toute la chaîne des salaires qui est influencée à la hausse quand il y a une augmentation. »