Les clients qui circuleront dans les allées d’épicerie cette semaine s’apercevront rapidement que les prix se sont remis à grimper. Les hausses annoncées à la suite du gel qui a pris fin la semaine dernière sont maintenant devenues réalité, a constaté La Presse.

Ainsi, chez Maxi, par exemple, le fromage cheddar doux blanc de marque Sans nom (400 g) coûte maintenant 6,49 $, alors qu’il était affiché à 5,99 $ le 30 janvier. Les biscuits soda salés que l’on retrouve dans le fameux emballage jaune ont eux aussi subi une hausse, passant de 2,79 $ à 3,29 $.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Les biscuits soda salés de la marque Sans nom se vendent 3,29 $, ou 2,25 $ chaque boîte, à l'achat de deux.

Le début du mois de février a en effet été marqué par la fin du gel de prix de 1500 produits de marque Sans nom vendus chez Maxi, Provigo et Pharmaprix. La période pendant laquelle les détaillants n’acceptaient aucune hausse de la part de leurs fournisseurs est également terminée. Résultat, le prix des denrées a aussi augmenté chez d’autres enseignes cette semaine, notamment chez Metro. Par exemple, les amateurs de biscuits feuille d’érable de marque Tradition, produits par Leclerc, doivent maintenant payer 1 $ de plus s’ils veulent acheter leur dessert préféré. L’enseigne québécoise les vend maintenant 4,99 $, alors qu’ils étaient affichés à 3,99 $ fin janvier. Prendre le petit-déjeuner coûtera également plus cher pour certains consommateurs. Le jus d’orange Oasis sans pulpe (format de 1,5 L) a lui aussi subi une hausse, passant de 4,89 $ à 5,29 $.

La Presse a fait ce constat à la suite d’un exercice de comparaison des prix, ceux affichés pendant la période de gel, le 30 janvier, et ceux en vigueur actuellement. Une dizaine d’articles de chez Maxi, Metro et IGA – du riz au beurre, en passant par les croquettes de poulet, les boîtes de conserve et le yogourt, ont été sélectionnés. Pour chacune des enseignes, une dizaine de produits ont été analysés. Chez Maxi, les prix de cinq articles de la marque Sans nom ont augmenté. Du côté de Metro, quatre produits ont subi une hausse, alors qu’un cinquième – un pot de confiture aux fraises de marque Dora –, en promotion à 3,49 $ le 30 janvier, n’est toujours pas affiché au prix courant, mais le prix réduit est maintenant de 3,79 $. Le prix des dix produits observés chez IGA n’a pas bougé, ce qui ne signifie toutefois pas que les hausses soient inexistantes chez ce détaillant.

La semaine dernière, à la fin du gel, l’aiguille des prix avait peu bougé. Or, cette période d’accalmie aura été de courte durée puisque, comme l’avaient annoncé certaines enseignes, des hausses étaient à prévoir dès le mois de février. « Malheureusement, l’inflation se poursuit. Dans les prochaines semaines, les prochains mois, il va y avoir des augmentations de prix », avait prévenu le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, au cours d’un point de presse tenu en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires, à la fin du mois de janvier.

« Le gel des produits Sans nom étant terminé, on peut s’attendre à ce que certains prix fassent l’objet de hausses, nos coûtants n’ayant cessé d’augmenter, a pour sa part indiqué Johanne Héroux, directrice principale des affaires corporatives et des communications de Loblaw (Maxi, Provigo). Bien qu’il soit impossible de déterminer à ce point-ci quelle sera l’ampleur de ces hausses, nous nous efforcerons néanmoins de maintenir les prix le plus bas possible. »

IGA n’a pas rappelé La Presse.

Les fournisseurs

Pour justifier les hausses de prix sur les rayons, les détaillants affirment qu’ils font face à des augmentations de la part de leurs fournisseurs. « À partir du 1er février, il va y avoir certaines augmentations de prix en fonction des augmentations de coûtants qu’on va accepter, avait également expliqué M. La Flèche en janvier. Les discussions se poursuivent. On négocie ferme. Mais [il y a] des fournisseurs qui insistent et qui vont obtenir des augmentations de prix si on veut continuer d’avoir accès à la marchandise. »

En début de semaine, lors de son passage au Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes, qui se penche sur la hausse du prix des aliments, François Thibault, vice-président exécutif et chef de la direction financière de Metro, a renchéri. « Il ne fait aucun doute que le prix des aliments a augmenté en raison de la hausse des coûts des fournisseurs et des producteurs. Il est important de garder à l’esprit que nos prix de détail ne reflètent pas tous les effets de l’inflation, car nous absorbons une partie de ces coûts. »

Interrogée sur la hausse du prix au détail des biscuits Leclerc, Marie-Josée Massicotte, directrice des communications, a confirmé que l’entreprise avait fait des demandes d’augmentation auprès des enseignes qui achètent ses produits à travers le pays. « Malheureusement et pour assurer la pérennité de l’entreprise, nous devions prendre cette décision [à la suite] d’importantes augmentations de prix reçues de nos différents fournisseurs de matières premières et d’emballages », a-t-elle indiqué par courriel. « Par la suite, le prix affiché en tablette est à la discrétion des différents détaillants et non du fabricant », a toutefois ajouté Mme Massicotte.

Les demandes de hausses ont été présentées par Leclerc à l’automne, il a été impossible toutefois de savoir à quel moment elles sont entrées en vigueur. Le prix d’une boîte de biscuits feuille d’érable Tradition se vend maintenant 4,99 $ chez Metro, soit 1 $ de plus qu’à la fin de janvier. Par contre, chez Super C, enseigne au rabais de Metro, les clients peuvent acheter ce produit en promotion à 2,99 $, alors que son prix courant est de 3,99 $. On le retrouve en promotion à 2,99 $ chez IGA (4,49 $ au prix courant). Maxi l’affiche à 3,19 $ ou à 2,75 $ à l’achat de deux boîtes ou plus.

« Lactalis Canada a mis en œuvre une hausse de prix à compter du 5 février 2023 pour compenser l’augmentation du prix du lait à la ferme de 2,2 % qui fut annoncée par la Commission canadienne du lait (CCL) le 2 novembre 2022 dans le cadre de sa révision annuelle des prix du lait à la ferme au Canada », a pour sa part indiqué la porte-parole Sarah Sutton pour expliquer qu’à certains endroits le beurre salé Lactantia (454 g) soit passé de 7,99 $ à 8,19 $. Celui de marque Sans nom était offert à 5,99 $ et son prix est maintenant de 6,49 $.

Normalement, une hausse de prix coûtant (celui du fournisseur) met trois mois à entrer en vigueur chez le détaillant. Certains fabricants peuvent toutefois prendre de l’avance et faire par exemple une demande au mois d’août pour qu’elle s’applique en février, explique Pascal Leduc, président de Leduc Stratégie et conseil en gestion commerciale.

« Des promotions viennent aussi parfois court-circuiter l’implantation des hausses de prix », ajoute-t-il. Cela peut expliquer pourquoi les prix varient parfois d’un supermarché à l’autre. « Selon mon expérience, les fournisseurs n’ont aucun contrôle sur le prix du produit une fois qu’il est affiché sur les tablettes.

« Les discussions sur les prix de détail sont très rares. C’est le détaillant qui a le choix de sa stratégie de prix de détail régulier. »