Les églises du Québec doivent acheter leur vin de messe à la SAQ, selon une liste déterminée d’après certains critères, comme la « pureté » du vin. Pour l’instant, seulement sept cuvées figurent sur cette liste, toutes des bouteilles provenant d’Europe. Mais cela pourrait changer, car les églises du Québec aimeraient avoir accès à du vin d’ici, dans un désir de consommation locale.

« Les paroisses nous ont fait cette demande », confirme Mgr Pierre Murray, secrétaire général de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec. « On va s’y mettre très bientôt, car oui, on veut des vins du Québec », précise-t-il.

Les églises situées en régions viticoles seraient plus enclines à vouloir changer leur Côte du Roussillon pour un Frontenac gris ou un Vidal québécois.

C’est une excellente nouvelle pour les vignerons d’ici, mais la partie n’est pas gagnée pour autant. D’abord, pour être vin de messe, selon le Code de droit canonique, le vin doit être exempt de tout ajout et fait uniquement de raisins. Des critères ecclésiaux limitent aussi la quantité de sulfites qu’on peut retrouver dans la bouteille.

La vague de popularité des vins nature devrait permettre aux curés d’avoir une plus grande variété disponible pour leur vin de messe, puisque cette façon d’élaborer le vin encourage l’expression naturelle du raisin, sans trop d’interventions et d’ajouts. D’ailleurs, les sept cuvées de la liste actuelle sont toutes certifiées biologiques.

Ouverture à la SAQ

Cette liste a été revue l’année dernière après que la SAQ a présenté des analyses de laboratoire à la chancellerie de l’archidiocèse de Montréal. Elle pourrait l’être de nouveau dès l’automne. Clémence Beaulieu Gendron, porte-parole de la société d’État, précise qu’il y avait déjà deux vins québécois parmi les propositions de la SAQ l’automne dernier, un rouge et un blanc. « La SAQ est donc elle aussi ouverte à ajouter des produits québécois à la liste », précise Clémence Beaulieu Gendron, par courriel.

Le prix est également à considérer pour le choix du vin de messe. On ne boit pas de grands crus à 8 h le matin, précise Mgr  Murray.

D’ailleurs, on boit peu à cette heure-là. À peine une gorgée est versée dans le calice, ce qui mène à un autre critère de sélection : le vin doit rester buvable plusieurs jours, une fois la bouteille ouverte. Pour cela, des vins qui contiennent un bon taux de sucre résiduel sont favorisés. Le muscat, cépage naturellement sucré et très aromatique, serait un bon choix pour le vin de messe, confesse l’homme d’Église.

Un dernier critère n’est pas à négliger et éliminera de facto certains vignobles d’ici : la disponibilité.

« Il faut s’assurer que les gens de la Côte-Nord et du Nunavut aient accès au vin de messe », précise Mgr Murray, qui évalue ce marché entre 750 000 $ et 1 000 000 $ pour la province.

Chaque paroisse choisit les bouteilles qu’elle va acheter. Un représentant de l’église, parfois le curé lui-même, se rend à une succursale de la SAQ faire ses achats. Avec preuve du numéro d’entreprise de l’église, il recevra un rabais de 17 % pour les vins de messe, selon une entente sur la vente aux ministres du culte. Dans de grands sanctuaires, les vins sont livrés directement, comme à l’oratoire Saint-Joseph de Montréal.

Malgré qu’il s’agisse d’un petit marché et que la baisse du nombre de célébrations religieuses diminue considérablement la consommation de vin de messe, le Conseil des vins du Québec se réjouit de cet intérêt pour les vins locaux.

Son président, Louis Denault, accueille cette nouvelle favorablement, précisant que la SAQ dispose d’une belle carte de vins québécois.

« Ça serait bien que le pape ait aussi accès à du vin québécois », espère Louis Denault.

Le Saint-Père étant au Québec la semaine prochaine, il serait étonnant que l’on puisse lui verser si rapidement une cuvée faite d’hybrides du Québec pour ses messes.

À moins d’un miracle.

Les sept vins présentement autorisés à être du vin de messe au Québec (tous offerts à la SAQ, tous biologiques)

Vins de France

  • Gérard Bertrand Naturae (Languedoc-Roussillon), 100 % chardonnay, 19,50 $
  • Famille Lieubeau Muscadet Voyage extraordinaire (Loire), 100 % melon de Bourgogne, 17,70 $
  • Domaine Cazes Marie-Gabrielle (Languedoc-Roussillon), Assemblage de grenache, syrah et mourvèdre, 19,80 $

Vins d’Espagne

  • Mesta Verdejo, Assemblage verdejo et sauvignon blanc, 12,95 $
  • Ecovitis Fuenteseca Utiel-Requena, Assemblage de cabernet sauvignon et bobal, 14 $
  • Ecovitis Fuentesca Utiel-Requena, Assemblage de macabeu et sauvignon blanc, 13,75 $

Vin d’Italie

  • Lupi Reali Montepulciano (Abruzzes), 100 % montepulciano, 12,10 $