Les bailleurs de fonds internationaux de la Grèce doivent consentir au plus vite un effacement de dette «massif» pour combler le trou de financement du pays, a assuré vendredi à l'AFP Arvind Virmani qui vient de quitter ses fonctions de représentant de l'Inde au FMI.

«La dette grecque ne peut pas être supportable sans un effacement de dette massif, qu'on désigne poliment sous le terme de restructuration, quelles que soient les réformes que le gouvernement grec appliquera», a indiqué M. Virmani.

«Au sein de la zone euro, les États les plus solides ont refusé de reconnaître cette réalité, même après que le FMI a commencé, peut-être un peu tardivement, à l'admettre», a ajouté M. Virmani, qui a siégé au conseil d'administration du Fonds monétaire international entre 2009 et octobre 2012.

Selon lui, c'est aux pays européens dont les établissements financiers ont quitté en urgence la Grèce et d'autres pays frappés par la crise de la dette d'assurer «la plus grande part» de cet effacement.

La Grèce, qui attend le versement d'une tranche d'aide vitale pour ses finances, fait face à un double problème de financement et de dette abyssale que ses créanciers internationaux (FMI, Union européenne et Banque centrale européenne) peinent à régler.

Les ministres des Finances de la zone euro pourraient annoncer avoir trouvé un terrain d'entente lundi lors de leur réunion même si l'Allemagne a affirmé jeudi qu'un accord ne serait pas conclu avant plusieurs semaines.

«Plus on retarde la décision, plus le coût sera grand pour les créanciers et la population grecque», note M. Virmani dans un courriel à l'AFP.

«C'est lié au fait que dans la situation actuelle en Grèce, les nouveaux fonds apportés au pays servent surtout à rembourser des prêteurs imprudents (et les pays qui souffriraient d'une contagion)», déplore-t-il, sans donner plus de précisions.

M. Virmani reproche par ailleurs au FMI d'avoir privilégié «la pensée conventionnelle européenne» en prônant des plans d'austérité drastiques en Europe, dont le Fonds lui-même commence à douter.

Selon lui, l'institution a négligé les voix «non-conformistes» qui mettaient en garde contre l'impact négatif d'une réduction immédiate des dépenses sur la croissance et la dette.

Le Fonds a récemment admis avoir sous-estimé cet impact, estimant par ailleurs que l'austérité pourrait devenir «socialement et politiquement» intenable.

«Comme dit le proverbe, mieux vaut tard que jamais», a commenté M. Virmani, qui assure par ailleurs que le FMI «risque de perdre sa légitimité» s'il n'accorde pas plus de poids aux pays émergents.